(Montréal) Un récent rapport de l’organisme HabiloMédias révèle que près d’un jeune Canadien sur deux (47 %) serait exposé à du contenu raciste ou sexiste en ligne sur une base hebdomadaire.

Le sondage « Le contenu préjudiciable et malaisant en ligne », effectué auprès de plus de 600 Canadiens de 12 à 17 ans à l’automne 2021, indique aussi que 32 % des adolescents auraient vu du contenu pornographique sans en chercher activement. Cette exposition involontaire est fréquemment en lien avec les sites qu’ils visitent (60 %) et les moteurs de recherches utilisés (31 %), ou encore parce des amis en avaient partagé avec eux (24 %).

« Lorsqu’on parle de contenu malaisant, c’est tout ce qui se rapporte à du vocabulaire ou à des images qui encouragent certains préjudices, et tout ce qui est considéré comme haineux. Ça peut être des vidéos YouTube, des messages en chaîne ou des commentaires sur les réseaux sociaux qui viennent provoquer des réactions fortement affectives chez l’utilisateur », précise Marc-Alexandre Ladouceur, spécialiste en éducation aux médias pour l’organisme.

Les données montrent également que les jeunes s’identifiant comme étant LGBTQ+ sont souvent plus susceptibles d’être témoins de contenu préjudiciable en ligne. Selon M. Ladouceur, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette exposition accrue.

« Si on se fie aux réponses des années précédentes, on observe que les jeunes 2SLGBTQ+ ont tendance à visiter plus de sites web qui tombent dans l’anonymat. Ça attire donc plus de gens qui veulent partager des choses haineuses, choquantes et malaisantes », souligne-t-il.

Le spécialiste ajoute cependant que cette hypothèse est purement théorique, et qu’il reste encore à « déterminer le pourquoi » derrière les résultats issus du rapport.

Dans le même ordre d’idées, les adolescents ayant une incapacité – qu’elle soit physique, intellectuelle, cognitive ou encore liée à des troubles d’apprentissage ou à la maladie mentale – sont aussi plus à risque de voir ou de recevoir du contenu malaisant (41 % contre 15 % pour ceux n’ayant pas d’incapacité).

La littératie médiatique, une nécessité

Bien que presque 9 répondants sur 10 conviennent qu’il est important de dénoncer le contenu raciste et sexiste sur l’internet, 58 % d’entre eux estiment ne pas savoir quoi dire devant de tels propos.

Selon le rapport, les plus jeunes sont davantage susceptibles d’en parler à leurs parents ou tuteurs comme première réaction après avoir reçu un élément malaisant (71 %), alors que les adolescents plus âgés sont plus enclins à bloquer la personne qui leur a envoyé le contenu (60 %).

« Les jeunes ont besoin de recours plus expéditifs pour savoir comment éviter les vidéos ou les propos malaisants ou, s’ils tombent dessus, pour savoir quoi faire », soutient Marc-Alexandre Ladouceur.

Il estime ainsi que la littératie aux médias devrait « faire partie intégrante » des curriculums au sein des écoles canadiennes afin que les enfants et les adolescents développent des outils concrets pour gérer ce genre de contenu.

« Avec 86 % des jeunes qui sentent qu’ils peuvent se tourner vers un proche de confiance, ces outils-là doivent aussi être développés pour les adultes qui pourraient les aider, afin que tout le monde sache comment réagir. Le plus important, c’est de pouvoir encadrer et mettre en contexte les éléments compromettants », conclut M. Ladouceur.

Le rapport « Le contenu préjudiciable et malaisant en ligne » s’inscrit dans la quatrième phase de « Jeunes Canadiens dans un monde branché » (JCMB), l’étude de recherche la plus longue jamais menée au Canada sur les attitudes, les comportements et les opinions des jeunes en lien avec les médias numériques.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.