Un dauphin à flancs blancs, trouvé mort près de Rimouski, aurait contracté la grippe aviaire. L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) attend les résultats d’une nécropsie pour confirmer ce « cas suspect » de H5N1 chez un mammifère.

Un premier test PCR a été réalisé sur l’animal au début du mois de septembre, au Centre québécois sur la santé des animaux sauvages (CQSAS). Le test a révélé la présence du virus de la grippe aviaire chez l’animal, mais une confirmation de l’ACIA est toujours attendue.

« Le dauphin présentait des lésions qui suggèrent que c’est un cas de grippe aviaire, explique le DStéphane Lair, directeur du CQSAS. Les lésions ne sont pas aussi évidentes que celles qu’on a retrouvées chez les phoques, mais on parle quand même de lésions au cerveau et de nécroses au niveau de différents organes. »

Depuis l’arrivée de la grippe aviaire au Québec au printemps, une quinzaine de phoques communs et un renard roux ont eu un diagnostic de la maladie dans la province. Ailleurs au Canada, des moufettes rayées et un vison d’Amérique ont également contracté le virus.

Dans le cas des phoques du Québec, ils auraient mangé des oiseaux infectés par la H5N1, avance le DLair. « Pour le dauphin, on ne sait pas du tout. Ce n’est pas habituel », dit-il.

Une ourse et ses oursons atteints

Une ourse et ses oursons ont également contracté la H5N1 au parc national Forillon à la fin du printemps.

Le 14 juin, des visiteurs ont rapporté la présence d’un ours au comportement étrange dans le parc de la Gaspésie. L’animal a été vu en train de déambuler entre des véhicules. Il est descendu dans un havre de pêche, il a nagé en tournant en rond et en sortant de l’eau, il s’est cogné sur un poteau.

Dans la même journée, un deuxième signalement a été effectué, à peu près dans le même secteur, pour des oursons qui semblaient chercher leur mère. Puis un troisième signalement a permis de retrouver l’ourse adulte. « Le signalement faisait mention d’un ours qui agonisait dans un fossé sur le bord de la route. Quand notre équipe est arrivée sur les lieux, l’animal avait une respiration difficile, il avait des spasmes et il ne répondait plus aux signaux », explique Mathieu Côté, gestionnaire de la conservation des ressources du parc.

Le vétérinaire du parc national Forillon a aussitôt soupçonné un cas de grippe aviaire. C’est qu’au printemps, plusieurs carcasses d’oiseaux marins – comme des fous de Bassan et des eiders à duvet – ont été trouvées sur les berges du parc. Des tests de dépistage ont permis de déterminer qu’ils étaient atteints de la H5N1.

On soupçonnait que l’ours s’était peut-être alimenté d’un oiseau infecté. En fait, on a même retrouvé des carcasses qui ont été mangées, mais on ignore si c’est par l’ours en question ou par un autre animal.

Mathieu Côté, gestionnaire de la conservation des ressources du parc national Forillon

La mère et deux de ses oursons ont été anesthésiés et euthanasiés. Une nécropsie a confirmé qu’ils étaient bel et bien atteints de la grippe aviaire. Les agents de la faune n’ont pas réussi à repérer un troisième ourson, mais ils sont persuadés qu’il a dû mourir dans la nature de la H5N1 ou de l’absence de sa mère.

Le virus pourrait s’adapter aux humains

Le DStéphane Lair affirme que les cas de H5N1 détectée chez les mammifères intéressent tout particulièrement la Santé publique, qui se demande si le virus pourrait devenir fatal pour l’humain. « Pour l’instant, le virus ne semble pas avoir un niveau de pathogénicité élevé », assure l’expert.

« Mais ça pourrait changer. C’est un virus qui est connu pour muter et pour faire des combinaisons entre deux virus. Il y a une possibilité qu’un jour, il s’adapte à l’homme. Mais pour l’instant, cette souche ne semble pas très pathogène pour l’humain », répète-t-il.

Des dauphins au Québec ?

« Les dauphins sont souvent associés aux eaux chaudes, mais il y a des espèces spécifiques aux eaux froides. C’est le cas du dauphin à flancs blancs et du dauphin à nez blanc », explique Mélissa Greene, cheffe naturaliste du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins. Les dauphins à flancs blancs ne sont pas considérés comme une espèce en danger. Ils sont près de 12 000 dans le golfe du Saint-Laurent. « Chaque automne, il y en a qui s’aventurent jusque dans l’estuaire, jusqu’à Tadoussac environ. Parfois, ils sont seuls, mais d’autres fois, ils sont en gros bancs », note Mme Greene. Il y a quelques semaines, justement, des observateurs ont remarqué un banc d’environ 400 dauphins à flancs blancs au large de l’estuaire.

En savoir plus
  • 252
    Nombre de cas positifs – suspects ou confirmés – d’influenza aviaire hautement pathogène chez des oiseaux sauvages ou des mammifères au Québec, depuis avril 2022
    Source : Agence canadienne d’inspection des aliments
    18
    Nombre de troupeaux domestiques de volailles touchés par une éclosion d’influenza aviaire hautement pathogène au Québec, depuis avril 2022. Treize de ces lieux sont des fermes commerciales.
    Source : Agence canadienne d’inspection des aliments
  • 191
    Nombre de troupeaux domestiques de volailles touchés par une éclosion d’influenza aviaire hautement pathogène au Canada, depuis le début de l’année
    Source : Agence canadienne d’inspection des aliments
    3,23 millions
    Estimation du nombre d’oiseaux domestiques infectés par la grippe aviaire depuis le début de l’année au Canada. Ceux-ci ont été euthanasiés pour éviter la propagation de la maladie.
    Source : Agence canadienne d’inspection des aliments