William Komer est sorti de l’« ambassade » coiffé d’une couronne, vêtu d’une cape rouge, et a aspergé des journalistes avec un fusil à eau. L’occupation de l’ancienne église est toujours en cours, a-t-il décrété.

Lui et ses comparses du mouvement The United People of Canada (TUPOC) l’avaient assuré la semaine dernière : pas question de se soumettre à l’ordre d’expulsion dont ils font l’objet pour non-paiement du loyer de l’ancienne église St. Brigid, qu’ils décrivent comme leur « ambassade ».

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Celui-ci devait être exécuté à minuit une, jeudi, mais le groupe n’a pas quitté le bâtiment patrimonial de la Basse-Ville. Et William Komer s’est fait un malin plaisir de narguer les représentants des médias sur place, en début de journée, comme le démontrent des images tournées par CTV News.

« Les policiers ont été appelés [et] des accusations pourraient être déposées », a-t-il dit, armé d’un fusil à eau.

Un huissier a effectué plusieurs visites au cours des derniers jours pour exercer une pression accrue sur le groupe, lié au « convoi de la liberté » qui a paralysé le centre-ville d’Ottawa pendant trois semaines l’hiver dernier. Ses efforts ont jusqu’à présent été vains.

Invité à faire le point, jeudi, l’huissier en question a écrit qu’il ne pouvait « commenter dans l’immédiat ».

La présence des membres de TUPOC irrite des résidants de ce quartier du centre-ville d’Ottawa, situé non loin de la colline du Parlement. On redoute que ce soit une manière pour le convoi de s’enraciner dans la capitale fédérale.

L’organisation jure que le loyer mensuel de 10 000 $ a été versé au propriétaire de l’église convertie en centre communautaire irlandais en 2017 – son sous-sol abrite un bar – et qui est maintenant à vendre pour 5,95 millions.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Intérieur de l’ancienne église St. Brigid.

Mardi, sur la page Facebook de TUPOC, La Presse a publié une photo de William Komer installé sur un fauteuil en face d’une porte de l’ancien lieu de culte.

Il y est présenté comme « Lord William de la Basse-Ville, neveu prétendument perdu depuis longtemps de Lord Buckethead, d’une longue lignée de Seigneurs de l’Espace Intergalactique, Gardien de la Comédie et Berger des Haineux ».

Quel rôle pour la police ?

Au cours des derniers jours, l’homme a réclamé plusieurs fois l’aide des policiers d’Ottawa. Vendredi passé, par exemple, il les a contactés afin de leur demander de chasser de sa « propriété privée » un journaliste local avec lequel il avait eu maille à partir.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

William Komer contacte la police d’Ottawa pour réclamer l’expulsion d’un journaliste.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, son organisation a remercié les agents de leur appui.

« Merci au Service de police d’Ottawa d’avoir éduqué les intrus sur la règle de droit », est-il notamment écrit.

Le corps policier en question, qui avait été critiqué pour sa trop grande tolérance pendant l’occupation des rues du centre-ville d’Ottawa l’hiver dernier, a reconnu jeudi que le litige « suscit[ait] l’inquiétude dans la collectivité », et qu’elle continuerait de veiller au grain.

« Nous avons été appelés sur les lieux par plusieurs parties lorsque des conflits se sont déclarés. Des ressources policières sont intervenues pour maintenir la paix et appliquer la loi tandis que le litige propriétaire-locataire suit son parcours à travers les voies juridiques appropriées », a-t-on déclaré par voie de communiqué.

La police « conservera désormais une présence accrue sur les lieux, jusqu’à ce que soit résolu le litige civil », a conclu le Service de police de la capitale fédérale.