La hausse du prix de l’essence force les camps de jour à revoir leurs priorités en raison des coûts du transport scolaire, qui ont pratiquement doublé.

Faute de fonds pour payer les coûts de location d’autobus, le camp Les Stoukises, dans Rosemont–La Petite-Patrie, à Montréal, a annulé ses activités à l’extérieur de l’île pour l’été.

Le trajet, qui coûtait normalement 750 $ à l’organisation, s’élève aujourd’hui à 1300 $, nous confirme Marie-Ève Brunet-Bélanger, directrice générale des Stoukises. « Avec l’augmentation du coût de la vie, ça devient plus difficile de payer le loisir », souligne-t-elle.

Bien que des subventions soient offertes pour financer les camps de jour, il y a des limites à ce que les camps peuvent absorber comme coûts, explique Valérie Desrosiers, coordonnatrice aux communications de l’Association des camps du Québec.

Dans Rosemont–La Petite-Patrie, c’est 25 % du budget des organismes qui relève de subventions, note Marie-Ève Brunet-Bélanger. Comme la majorité des revenus dépendent des inscriptions, l’augmentation des coûts du transport oblige les camps à réévaluer leurs préparatifs.

Le Service d’autobus scolaire G & N débourse à l’heure actuelle plus de 300 $ en carburant pour parcourir 400 kilomètres. Avant la hausse des prix, la facture s’élevait à 175 $ pour le même trajet. Par conséquent, les coûts de location d’autobus scolaire ont augmenté de plus de 25 %, confirme le président de l’entreprise, Nick Minitsos.

La hausse du prix de l’essence a fait baisser le nombre de contrats des entreprises de transport scolaire pour l’été, selon la Fédération des transporteurs par autobus. Ainsi, le Service d’autobus scolaire G & N est passé de 25 ententes signées à 16 par jour récemment.

Quand les gens demandent une soumission, ils nous disent toujours que c’est trop cher et refusent.

Nick Minitsos, président du Service d’autobus scolaire G & N

L’Association canadienne des automobilistes enregistre le prix moyen de l’essence au Québec à 2,13 $ le litre. On est loin de la moyenne de 2021, qui était de 1,33 $ le litre.

Un accès pour tous

Les activités par transport scolaire permettent aux jeunes de sortir de l’île de Montréal durant l’été, alors que certains n’auraient pas cette possibilité. La hausse du prix de l’essence force des camps à utiliser les transports en commun, donc à rester en ville.

Beaucoup de camps de jour se rabattent maintenant sur les activités aux parcs et les sorties locales, affirme Jimmy Fanon, directrice générale du camp du Relais de quartier à Laval. « C’est un retour à la réalité avec beaucoup d’enjeux financiers, comme tout est plus dispendieux. »

Les Stoukises ont gelé les coûts d’inscription de 2022 pour assurer l’accès à tous les jeunes durant l’été, et ce, au détriment d’activités spéciales à l’extérieur de l’île. Le Relais de quartier a limité l’augmentation des coûts d’inscription à 5 $.

« Ce qu’on voit, ce sont des camps de jour plus cher, explique Jimmy Fanon. Ils coûtent cher parce que ça demande plus d’argent pour les activités et le transport. »

Outre l’augmentation des coûts de transport, la pénurie de main-d’œuvre s’ajoute à la liste des enjeux financiers pour les camps de jour. La pandémie a engendré beaucoup d’incertitudes dans le secteur des loisirs et une dévalorisation des conditions de travail, explique Marie-Ève Brunet-Bélanger. Pour attirer de jeunes moniteurs, Les Stoukises ont augmenté le salaire des employés, mais la hausse continuelle du salaire minimum devient un obstacle aux organisations pour rester compétitives malgré leur budget, ajoute-t-elle.