Le Tribunal des droits de la personne et des droits de la jeunesse a accordé 55 300 $ à un homme âgé et handicapé victime d’abus financiers, physiques et psychologiques de 2014 à 2017. Le défendeur, Michel Saint-Pierre, écope aussi d’une peine à purger dans la collectivité pour le volet criminel de l’affaire.

La victime, identifiée par les initiales M. C., est un homme de 69 ans au printemps 2014. Il est sourd et muet, et souffre de nombreux problèmes de santé, incluant des difficultés respiratoires et cardiovasculaires, des troubles de la vision, un œdème aux jambes, des problèmes d’équilibre, du diabète et de l’hypertension artérielle.

Pendant la période couverte par le jugement du 29 mars dernier, M. C. vivait chez Michel Saint-Pierre, également sourd et muet, qui lui louait une chambre. « M. C. dépend grandement de M. Saint-Pierre pour ses besoins de base », peut-on y lire, incluant le ménage et le transport.

Or, le Tribunal conclut que M. Saint-Pierre « a profité de sa position de force envers M. C. pour se livrer à des abus financiers à son égard », en plus d’abus physiques et psychologiques.

En parallèle, M. Saint-Pierre a plaidé coupable à des accusations d’avoir utilisé des documents contrefaits en lien avec la même histoire, qui a aussi fait l’objet d’une poursuite criminelle. Il a reçu une peine de 18 mois à purger dans la collectivité le 10 mars dernier, indique une porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales.

M. C. a été hospitalisé entre 2014 et 2015 pour un cancer du pancréas et du côlon sigmoïde. C’est à ce moment que M. Saint-Pierre a pris le contrôle de ses finances. « Outre sa carte bancaire, M. Saint-Pierre détient son chéquier et son livret bancaire et lui remet de l’argent de poche pour ses menues dépenses », note le jugement.

Après son retour à la maison, M. Saint-Pierre a conservé sa mainmise sur les affaires de M. C., même s’il ne disposait d’aucune procuration en ce sens. Et il ne s’est pas contenté de gérer les menues dépenses de son locataire.

Des milliers de dollars volés

M. Saint-Pierre s’est approprié une indemnité de 38 300 $ destinée à M. C. à la suite d’une réclamation d’assurance invalidité en raison de son long séjour à l’hôpital. Il a également tenté de s’emparer – sans succès – d’une indemnité de plus de 100 000 $ à laquelle M. C. avait droit. Celle-ci découlait d’un recours collectif concernant des allégations d’abus sexuels de la part des Clercs de Saint-Viateur.

Les témoignages et les notes de travailleuses sociales qui ont sonné l’alarme après avoir rencontré M. C. permettent aussi au Tribunal de conclure qu’il a été victime d’abus physiques et psychologiques, malgré l’absence de preuves directes en ce sens. M. C. leur a notamment confié qu’il avait peur de M. Saint-Pierre et que ce dernier l’avait frappé avec sa canne.

Pour toutes ces raisons, le juge Luc Huppé condamne M. Saint-Pierre à verser à sa victime 38 300 $ à titre de dommages matériels, 12 000 $ à titre de dommages moraux et 5000 $ à titre de dommages punitifs.