Les enfants sourds et muets agressés sexuellement pendant des décennies par des religieux québécois obtiendront 20 millions de dollars pour les horreurs qu'ils ont subies.

Une entente est survenue cette semaine entre les clercs de Saint-Viateur du Canada et le Centre de la communauté sourde du Montréal métropolitain au terme de longues négociations. Toutefois, un procès est toujours prévu contre une mégastructure du système de santé également poursuivie.

Si l'entente annoncée hier soir est autorisée par la Cour supérieure du Québec dans les prochaines semaines, les victimes des clercs de Saint-Viateur se partageront la plus importante somme, ex aequo, remise à des victimes dans ce type de recours au Québec. L'an dernier, la congrégation des pères rédemptoristes avait accepté de verser 20 millions de dollars aux anciens élèves du Séminaire Saint-Alphonse, à Québec.

«Je suis plus que satisfait. C'est un montant d'argent important qui va être utilisé pour compenser les membres de ce groupe qui ont droit à la justice», se réjouit Me Robert Kugler, dont le cabinet Kugler Kandestin représente les victimes. Plus de 150 d'entre elles ont déjà été identifiées et ce nombre est appelé à augmenter selon l'avocat. «C'est toujours difficile de savoir combien de victimes vont se manifester. Mais je ne serais pas surpris si le nombre de victimes augmentait de beaucoup»

Les victimes visées sont des enfants sourds et muets de 8 à 16 ans agressés sexuellement entre 1940 et 1982 par des clercs de Saint-Viateur à l'Institut Raymond Dewar, aussi appelé l'Institut des sourds de Montréal. «Ce sont des agressions sexuelles complètes extrêmement graves, précise Me Kugler. Il y a une liste de 38 abuseurs différents de jeunes enfants. C'est assez que ce sont des jeunes enfants confiés aux adultes, ajoutez à cela que ce sont des jeunes enfants sourds avec des problèmes de communication qui sont encore plus vulnérables. C'est odieux.»

La lutte n'est pas encore finie

À l'Association des victimes de prêtres, même si on se réjouit de ce règlement, la lutte n'est pas terminée pour autant, puisqu'aucune entente n'est survenue avec l'Institut Raymond Dewar, maintenant fusionné au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-sud-de-l'île-de-Montréal (CIUSSS). «On est mi-figue mi-raisin. C'est réglé, mais ce n'est pas réglé à notre satisfaction puisque les victimes devront aller devant les tribunaux», explique Carlo Tarini, directeur de l'Association des victimes de prêtres. 

Les avocats des victimes réclament des millions de dollars en dommages compensatoires et punitifs au CIUSSS. Le procès devrait avoir lieu en septembre 2016, s'il n'y a pas d'attente d'ici là avec l'institution publique.

Les Clercs de Saint-Viateur du Canada se sont également dits satisfaits de l'entente de principe par voie de communiqué. «Les Clercs de Saint-Viateur espèrent que le processus convenu facilitera l'indemnisation des membres du groupe et leur évitera des souffrances supplémentaires. Nous prions pour elles et leurs familles et tenons à exprimer notre réprobation de tout abus sexuel, incluant ceux commis sur des personnes mineures», a déclaré le Père Nestor Fils-Aimé, supérieur provincial des Clercs de Saint-Viateur du Canada.