Tronçonneuses, balais, camions-remorques : l’heure était au grand ménage mercredi dans les Laurentides, où la tempête orageuse a fait des ravages au cours des derniers jours. Dans certains quartiers, l’ambiance est carrément « apocalyptique » pour les résidants, qui espèrent revenir à la normale dans les prochains jours. Mais ils n’ont aucune garantie.

« Ici, c’est assez apocalyptique. Déjà, aujourd’hui, c’est assez ramassé en bonne partie. Mais samedi et dimanche, ça ne circulait plus du tout. Tout était à l’arrêt », lance David Mance, dont la mère demeure sur la côte Saint-Gabriel, à Saint-Sauveur.

  • Plusieurs arbres ont été déracinés à Saint-Sauveur.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Plusieurs arbres ont été déracinés à Saint-Sauveur.

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C’est à quelques mètres de là que la présidente d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, est venue faire le point en matinée, pour constater l’ampleur des dégâts. L’opération de rebranchement à l’électricité coûtera « plusieurs dizaines de millions » à Hydro-Québec, a révélé Mme Brochu, soutenant toutefois que les contribuables ne verront pas leurs tarifs augmenter pour autant. « On est vraiment en mini-situation de guerre contre le temps qui passe », a illustré la PDG.

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Régis Tellier, vice-président opérations et maintenance d’Hydro-Québec, et la présidente, Sophie Brochu, lors d’une mêlée de presse tenue à Saint-Sauveur

« On est venus faire du ménage pour que les travailleurs aient accès ensuite. Ils sont censés venir reconnecter la maison demain », dit quant à lui en soupirant M. Mance, devant un arbre massif qui s’est effondré tout juste devant la maison de sa mère.

Avec sa femme Lyne Farmer, il détient un cabinet de vétérinaires dans le secteur. Leur maison, située plus près du centre-ville, a été moins touchée. « On a été chanceux, on a été quand même épargnés. Trois arbres sont tombés, mais il n’y a rien de majeur pour nous heureusement », dit Mme Farmer.

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Kaveh Nasr-Esfahani nettoie les dégâts devant sa maison de Saint-Sauveur.

Un peu plus loin, Kaveh Nasr-Esfahani s’affaire à couper un arbre tombé devant chez lui quand La Presse le rencontre. « J’étais à Sainte-Adèle quand la tempête a commencé. Ma voisine m’a appelé pour me dire qu’un arbre était tombé sur le chemin. Je n’ai pas pu bouger tout de suite, parce que c’était trop violent. J’ai dû rester dans un entrepôt à attendre que ça passe », raconte-t-il.

Sur le chemin du retour, « il y avait des débris qui traversaient l’autoroute à pleine vitesse », se souvient le comptable de profession, qui a quitté Montréal pour s’installer dans les Laurentides il y a deux ans. « Quand je suis revenu, il y avait une bonne cinquantaine d’arbres sur la route. Tous les voisins sont sortis avec leur tronçonneuse. En trois heures, on est parvenus à débloquer ça jusqu’au poteau d’Hydro-Québec », dit-il.

« Je suis toujours prêt »

Non loin de là, à Morin-Heights, la tempête est aussi le seul sujet de discussion. Sur sa terrasse, Pierre Rawicz constate les dommages : un arbre est tombé tout près de sa maison, mais ne l’a pas atteinte.

« Moi, je suis toujours prêt. Tu n’as pas le choix de toute façon quand tu vis dans le Nord. Ici, personne ne va venir t’aider. Il y a les pompiers et le service d’urgence, mais tu ne peux pas toujours dépendre du monde », résume l’homme, qui est équipé de génératrices et de protections pour son domicile.

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Mathieu Bélanger, sur son terrain de Morin-Heights, où sont tombés de nombreux arbres

Pour Mathieu Bélanger, un jeune professionnel qui se fait construire dans un nouveau lotissement de Morin-Heights, la tempête n’est pas de tout repos. « On sent vraiment qu’il y a un avant et un après. C’est un peu la folie », résume-t-il, devant son camion qu’il a installé près de son terrain.

On avait beaucoup de sapins avant. Là, ils sont tous déracinés. C’est un peu poche, parce qu’on perd toute la forestation qu’il y avait autour. Mais on est chanceux, ça ne retardera pas notre chantier.

Mathieu Bélanger

Valérie, aussi résidante de Morin-Heights, dit avoir eu « la frousse de [sa] vie ». « Le terrain de mon fils à côté est vraiment saccagé. Ç’a été terrible. Chez nous, le gros arbre est tombé sur les fils, mais ça n’a rien arraché heureusement. Ça n’a pas duré longtemps, mais ça a fait peur », résume-t-elle.

Plusieurs défis à l’horizon

Guy Labelle, employé aux travaux publics de la Ville de Morin-Heights rencontré tout près de son terrain, constate que le défi sera grand dans les prochains jours pour ramasser le bois et rebrancher tous les citoyens.

« Avant, les arbres tombés, on les envoyait à l’écocentre de Saint-Sauveur, mais ça coûtait beaucoup trop cher. Là, on attend et on prend des permissions pour brûler le bois, sauf que ça fait beaucoup de pollution, donc on ne peut pas brûler énormément. L’idéal, c’est d’en faire du paillis, et tu mets ça aux alentours. Au moins, c’est écologique », raisonne le fonctionnaire.

Si sa maison s’en est sortie relativement intacte, M. Labelle raconte que plusieurs membres de son entourage n’ont pas eu la même chance. « J’ai un ami qui demeure pas très loin d’ici, et qui était vraiment dans la ligne de passage de l’orage. Et je peux vous dire que son terrain, c’est un désastre », conclut-il.

Neuf personnes en Ontario et une au Québec ont perdu la vie en raison des orages, accompagnés de vents violents, qui ont secoué les deux provinces dès samedi.

En savoir plus
  • 500
    Nombre de poteaux électriques qu’espère avoir remplacés Hydro-Québec d’ici la fin de la journée de jeudi, a indiqué le vice-président opérations et maintenance, Régis Tellier. En matinée, mercredi, 300 poteaux d’alimentation en électricité avaient déjà été remplacés. Environ 100 transformateurs sont actuellement utilisés par la société d’État.
    Source : Hydro-Québec
  • 550 000
    Au pire de la tempête, 550 000 clients d’Hydro-Québec ont été privés de courant en raison des orages, accompagnés de vents violents, qui ont secoué le Québec et l’Ontario dès samedi.
    Source : Hydro-Québec