Des manifestants contre le capitalisme rassemblés au centre-ville dimanche après-midi ont été dispersés par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) après avoir brisé des vitres, fait des graffitis et lancé des projectiles vers les policiers.

« Ça a dégénéré très, très rapidement », a indiqué le sergent Manuel Couture, relationniste média pour le SPVM. Vers 17 h, une foule rassemblant quelques centaines de personnes s’est retrouvée à la place du Canada, au centre-ville de Montréal, où des militants autochtones ont tenu plusieurs discours.

« Cette année, les militant-e-s anticapitalistes ont envoyé un message clair : il n’y aura jamais assez de flics, assez de lois crasses, ni assez de prisons pour cacher les crimes commis au nom de l’économie capitaliste suprémaciste blanche », a affirmé dans un communiqué la CLAC (Convergence des luttes anticapitalistes, Montréal), responsable du rassemblement.

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À 18 h 04, le SPVM a précisé sur Twitter qu’une opération de dispersion était en cours dans le secteur du Palais des congrès.

Le groupe s’est mis en marche vers 17 h 45. Une quinzaine de minutes plus tard, des fumigènes étaient utilisés. Rapidement, la manifestation a pris une tournure agressive, détaille Manuel Couture. Des vitres ont été fracassées, des graffitis ont été faits sur des devantures et des voitures de luxe, et des roches ont été lancées sur les policiers qui encadraient le rassemblement.

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Des bombes fumigènes vertes ont été utilisées par les manifestants.

« Beaucoup de gens avaient des masques de ski dans la foule et aussitôt qu’ils sont arrivés [à l’intersection] René-Lévesque et Robert-Bourassa, ils ont commencé à briser des fenêtres de commerces », précise Manuel Couture.

« Des symboles du capitalisme et du colonialisme ont été légitimement pris pour cibles par des manifestant-e-s, comme Google, le Palais des congrès et plusieurs banques, a soutenu la CLAC par courriel. Ensemble, nous leur avons prouvé que la peur doit changer de camp. »

  • Les vitres de Google Montréal ont été fracassées au centre-ville de Montréal, dimanche.

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    Les vitres de Google Montréal ont été fracassées au centre-ville de Montréal, dimanche.

  • Un signe d’anarchie a été tracé sur la devanture de Google dans le cadre de la manifestation.

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    Un signe d’anarchie a été tracé sur la devanture de Google dans le cadre de la manifestation.

  • Des graffitis ont été faits sur l’immeuble de Google Montréal.

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    Des graffitis ont été faits sur l’immeuble de Google Montréal.

  • L’immeuble Google Montréal, avenue Viger, a été visé par du vandalisme lors d’une manifestation anticapitaliste.

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    L’immeuble Google Montréal, avenue Viger, a été visé par du vandalisme lors d’une manifestation anticapitaliste.

  • Des travailleurs du Palais des congrès réparent dimanche soir une vitre fracassée.

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    Des travailleurs du Palais des congrès réparent dimanche soir une vitre fracassée.

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À 18 h 04, le SPVM a précisé sur Twitter qu’une opération de dispersion était en cours dans le secteur du Palais des congrès. « Les gens doivent quitter immédiatement les lieux », a gazouillé le SPVM.

Après les demandes du SPVM, des « agents irritants » ont été utilisés pour disperser la foule, ajoute Manuel Couture. Vers 18 h 15, le rassemblement s’est dispersé. Des agents du SPVM ont continué de patrouiller dans le secteur.

Selon la CLAC, le SPVM « a déployé sa pourriture pour venir réprimer, battre et empêcher les militant-e-s d’exprimer leur haine envers un système colonial nous menant tout droit vers le précipice écologique ». La CLAC dénonce notamment un « dispositif policier inutilement disproportionné ».

À 18 h 25, le SPVM a annoncé sur Twitter que « l’opération de dispersion » était terminée. Un homme de 25 ans a été arrêté pour agression armée sur un policier, a indiqué Véronique Comtois, relationniste au SPVM. Au total, 12 actes criminels font l'objet d'une enquête, soit 7 méfaits, 4 agressions armées et pour voies de fait sur des policiers. De plus, deux policiers et un citoyen ont subi des blessures.

« Je pense qu’il y a un petit dégoût général de la population [envers le capitalisme], donc ils s’en prennent à ce qu’ils arrivent à voir dans la ville », analyse Jamai Mamoul, un résidant du quartier âgé de 24 ans rencontré par La Presse devant l’immeuble de Google Montréal, avenue Viger.

  • Jamai Mamoul

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    Jamai Mamoul

  • El Mostafa Kahbaz

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    El Mostafa Kahbaz

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Avec son ami et voisin El Mostafa Kahbaz, il a entendu la manifestation et du tapage pendant une trentaine de minutes, dimanche. « On n’était pas présents pendant la casse », précise M. Mamoul.

À ses côtés, M. Kahbaz, 25 ans, estime que le mouvement lui rappelle celui des gilets jaunes, en France. « On n’est pas trop renseignés sur les différentes manifestations ici, mais si c’est contre le capitalisme, c’est sûr qu’il devait y avoir beaucoup de monde », renchérit-il. Les gilets jaunes français protestaient notamment contre la hausse du coût de l’essence à partir de 2018.

Le 1er mai 2021, une manifestation anticapitaliste avait aussi été déclarée illégale à Montréal.