Les automobilistes du Québec continuent de subir la forte hausse du coût de l’essence. Certains doivent adapter leurs habitudes en conséquence, au moment où les prix ne semblent pas vouloir baisser avant la fin de l’été, estiment des experts.

« On est obligé d’ajuster notre consommation et nos déplacements. J’ai annulé mon voyage de Pâques entre autres à cause du coût du carburant », a confié à La Presse Abdelah Naimi, rencontré à la station-service Ultramar au coin des rues Saint-Hubert et Legendre, dans le quartier Ahuntsic. « Maintenant, pour le travail, on prend le métro plutôt que l’auto », ajoute-t-il.

Le coût de l’essence à la pompe a atteint 1,92 $ le litre mercredi à certaines stations-service dans la province. Il s’agit d’une hausse de près de 7 cents le litre par rapport à la moyenne recensée la veille à Montréal, selon les données de la Régie de l’énergie du Québec.

« C’est dommage, la hausse du prix de l’essence. Ça touche le portefeuille de tout le monde. Tout est rendu cher : l’essence, la nourriture, les loyers. Pourtant, nos salaires ne montent pas. Ça devient difficile pour vivre », a laissé tomber Tony en faisant le plein de son véhicule.

Quelques mètres plus loin, Isabelle Conan-Cormier jugeait que « le prix n’a pas de bon sens ». « C’est démesuré. J’ai vraiment besoin d’une voiture pour le travail, mais dès que je peux, je prends les transports en commun ou le vélo. »

Des prix élevés à prévoir l’été prochain

Les experts craignent que la situation ne s’améliore pas de sitôt. « La situation en Russie n’est pas réglée et on prévoit que la demande reste forte cet été, parce que les gens sont en vacances et veulent voyager », affirme Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire en gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.

L’allègement des restrictions liées à la COVID-19 pourrait accentuer la demande, estime-t-il.

Les gens vont en profiter pour bouger. Les vols aériens vont reprendre également. La demande reste forte, malgré la situation économique difficile.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire en gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

George Iny, directeur de l’Association pour la protection des automobilistes (APA), abonde dans le même sens. « La demande est toujours forte pendant les mois de juin, juillet et août à cause des vacances », dit-il.

Les spécialistes ne seraient pas étonnés que le prix dépasse la barre des 2 $ le litre. « En Europe, ils ont des prix à 3 $ le litre. On peut tout à fait imaginer qu’on rejoigne le niveau européen », admet M. Pineau.

L’inflation atteint un sommet

L’attaque de la Russie contre l’Ukraine a fait grimper les prix du pétrole, en partie responsables de l’inflation qui a atteint 6,7 %, son plus haut niveau en mars depuis plus de 30 ans. En effet, les prix de l’essence ont augmenté de 39,8 % par rapport au même mois un an plus tôt.

« Les prix du pétrole ont culminé en mars. L’accélération s’est un peu relâchée depuis, mais les prix du carburant sont toujours élevés », a souligné Fred Bergman, analyste principal des politiques au Conseil économique des provinces de l’Atlantique.

De son côté, le premier ministre du Québec, François Legault, a reconnu mercredi que le portefeuille des Québécois était « très affecté » par l’inflation, notamment dans le secteur de l’essence.

Avec La Presse Canadienne