Lumières tamisées, éclats de rire, musique d’ambiance et bière en fût : pour les habitués, la réouverture des bars au Québec lundi est une bouffée d’oxygène.

« C’est vraiment agréable de pouvoir revoir des amis de la communauté », se réjouit Frédéric Tremblay, à l’entrée du Quai des brumes, qui a pignon sur rue au cœur du Plateau Mont-Royal depuis des décennies.

L’endroit bourdonne, une ambiance joyeuse qui fait écho à des peintures exposées sur les murs. En effet, le célèbre établissement fête sa réouverture avec le vernissage d’un de ses habitués, l’artiste visuel Jean-Christian Guindon. « C’est super important que les bars ouvrent, estime l’artiste. C’est aussi important qu’ailleurs. Ça aurait dû être fait avant ! »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Jean-Christian Guindon

Rappelons que les bars du Québec peuvent depuis lundi accueillir leur clientèle à 50 % de leur capacité, après une dizaine de semaines de fermeture en raison de la COVID-19. Dès le 14 mars, ils pourront reprendre leurs activités à plein rendement.

« Ça va très bien », confirme Julia Blais, directrice de la programmation des spectacles au Quai des brumes. « On était un peu inquiets que les gens ne soient pas au rendez-vous, mais finalement, le 5 à 7 va super bien et, ce soir, ça va être rempli ! », ajoute-t-elle en souriant. Le bar, connu pour sa scène de musique émergente, reprend ses spectacles tous les soirs avec une représentation d’Ol’ Savannah et de Lucy Lambert’s Violet Drift.

Retrouver les habitués

Lors du passage de La Presse lundi soir, plusieurs bars étaient toutefois encore fermés à Montréal. D’autres avaient maintenant un permis de restauration, qui leur avait donné la possibilité d’ouvrir depuis quelques semaines déjà.

« J’avais très hâte », lance Jean-François Domingue, copropriétaire du Boudoir, café-bar de l’avenue du Mont-Royal. L’établissement n’était pas admissible aux subventions gouvernementales en raison d’un chiffre d’affaires élevé l’été dernier, explique M. Domingue. « Ça fait de grosses dettes, souligne-t-il. Il fallait qu’on rouvre au plus vite ! »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Jean-François Domingue, copropriétaire du café-bar Le Boudoir

On estime que 12 % des bars du Québec auraient fermé leurs portes définitivement depuis deux ans, selon la Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec.

Lisez l’article « Premiers fermés, derniers rouverts »

Au Boudoir, les habitués se connaissaient et avaient hâte de se retrouver. Attablés au comptoir du bar, ils échangeaient dans un brouhaha où les conversations allaient bon train. « Ça fait du bien d’être là », confie Simon Dumoulin, verre à la main.

« C’est comme une règle non écrite », dit Alex-Sandrine Lavallée Masse, fidèle cliente depuis neuf ans, en fumant à l’entrée. « Quand ça rouvre, on vient dire bonjour pour encourager les gens qu’on aime. »

Au fond de l’établissement, un groupe d’amis s’était réuni pour jouer au billard. « Les bars, c’est une communauté, s’enthousiasme Dean Dalaroy. C’est un rassemblement, ça fait pousser la vie sociale d’un quartier ! »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Un groupe d’amis s’était réuni pour jouer au billard au Boudoir.

« On espère qu’ils vont venir nous voir »

En ce lundi soir glacial, l’idée des retrouvailles n’avait cependant pas tiré tous les Montréalais du confort de leur foyer.

Au bar Bifteck, sur le boulevard Saint-Laurent, une poignée de clients jasaient avec les tenanciers. Comme ailleurs, la fermeture complète des bars a été une « claque » pour l’établissement. « On n’était pas prêts », résume Jason Robillard, gérant du Bifteck.

La date du 28 février était donc attendue avec impatience pour l’établissement, qui existe depuis les années 1990. « On a une clientèle assez dévouée, explique Jason Robillard. Donc, on espère que les gens qui se sont ennuyés vont revenir. »