Le groupe d’opposants aux mesures sanitaires les Farfadaas, qui a érigé un « quartier général » de fortune sur un stationnement privé de Gatineau pour approvisionner en essence et en vivres les camionneurs du blocus d’Ottawa, a 24 heures pour quitter les lieux, vient de trancher la Cour supérieure du Québec.

Le leader du groupe de manifestants, Steeve Charland, qui se fait appeler « l’Artiss », a promis devant la juge Carole Therrien qu’il se plierait à l’ordonnance. « Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que ça se passe dans l’ordre », a-t-il dit, une fois le jugement rendu.

La magistrate, qui a salué la collaboration « productive » de M. Charland lors du débat en cour, considère que la présence des Farfadaas sur le stationnement de l’entreprise Windmill-Dream, à Gatineau, est une « prise de possession du bien d’autrui sans permission ».

« Certains [résidants du secteur] se sont plaints de comportements intimidants des occupants », a souligné la juge, se basant sur des courriels fournis par l’avocat des propriétaires du stationnement.

Il est clair qu’aucun signe ne permet de croire que l’occupation puisse se terminer autrement que par une ordonnance du tribunal.

Carole Therrien, juge de la Cour supérieure du Québec

« La preuve démontre par ailleurs qu’une aggravation de la situation est envisageable, voire espérée par les occupants, alors que M. Charland confirme que des convois des quatre coins du Québec sont attendus », a souligné la juge.

Contraindre les Farfadaas à partir n’est par ailleurs pas un « préjudice à la libre expression des opinions politiques », estime la Cour. « Aucun lien entre le droit démocratique des occupants et une interdiction de camper dans le périmètre n’a été établi », a souligné la juge. « Les enjeux en cause ne sont pas liés à l’exercice des droits fondamentaux. Ici, il est question de la libre jouissance de la propriété privée. »

« Ils ont refusé de quitter les lieux »

Les Farfadaas avaient à l’origine loué un stationnement privé de l'entreprise pour 1000 $ par jour au début de la manifestation des camionneurs. Suivant une entente verbale avec le gestionnaire des lieux, le site devait permettre aux manifestants de s’y stationner pour aller manifester les 29 et 30 janvier.

Mais quand les camions se sont incrustés devant le parlement, les Farfadaas en ont fait autant. « Nous leur avons demandé à plusieurs reprises, mais ils ont refusé de quitter [les lieux] », a plaidé l’avocat de Windmill-Dream, MEmmanuel Laurin. Les militants ont installé des tentes et des barils où ils font des feux à ciel ouvert. Les avocats de l’entreprise affirment que des voisins se sont plaints.

La demanderesse subit un préjudice sérieux et irréparable. Elle est privée de son droit d’opérer son stationnement. Sa réputation est en jeu.

MEmmanuel Laurin, avocat de Windmill-Dream

Malgré un avis d’infraction remis par la Ville de Gatineau, qui a interdit aux Farfadaas de faire des feux à ciel ouvert, à la suite d’une visite des pompiers, ceux-ci ont maintenu le campement. Encore mercredi, les militants du groupe formaient une chaîne humaine pour stocker du bois de chauffage sur le campement.

« Tout ce qui a été demandé par le service de sécurité incendie a été respecté à la lettre », s’est défendu le leader Steeve Charland, parlant au nom du « mouvement ».

« Je ne comprends pas l’urgence qui nécessite une évacuation rapide, a ajouté le leader. On a des raisons de croire que c’est plus une question d’opinion politique ou de pression politique », a-t-il dit.

En vertu de l’ordonnance, les Farfadaas ont jusqu’à ce vendredi, 16 h, pour repartir avec leurs véhicules et leurs biens personnels. La Cour leur ordonne aussi de « s’abstenir d’intimider, harceler, menacer, entraver ou injurier sous quelque forme que ce soit » l’entreprise propriétaire du stationnement, ses employés, ses clients et les passants qui se trouvent sur le terrain. »