La croyance en l’astrologie est en hausse dans le monde, et le trait de personnalité le plus souvent associé à ceux qui y adhèrent est… le narcissisme, selon une petite étude suédoise qui fait des vagues. Explications.

Astrologie en hausse

La croyance en l’astrologie, soit l’étude de l’influence que sont censés exercer les astres sur les comportements humains et les évènements terrestres, est en hausse depuis quelques années, notamment chez les jeunes. Si bien qu’on peut parler d’un « retour » de cette pseudoscience dont les praticiens échouent depuis des décennies aux tests indépendants visant à en démontrer la validité. Comment expliquer cette hausse ? « Lorsque les sociétés ou les individus sont soumis à un stress ou à une menace, les gens sont plus susceptibles de se tourner vers l’astrologie et d’autres croyances épistémiques non fondées », notent les auteurs d’une nouvelle étude intitulée Even the Stars Think That I Am Superior – Personality, Intelligence and Belief in Astrology (Même les étoiles pensent que je suis supérieur – Personnalité, intelligence et croyance en l’astrologie, en français), publiée dans le plus récent numéro de la revue scientifique Personality and Individual Differences. Les auteurs citent le stress lié aux changements climatiques et la pandémie de COVID-19 comme des catalyseurs possibles.

Traits de personnalité

Pour en apprendre davantage sur la personnalité des gens qui croient à l’astrologie, la chercheuse Ida Andersson, de l’Université de Lund, en Suède, et ses collègues ont fait passer un test de personnalité à 264 personnes dans un sondage anonyme, en plus de les questionner sur leur attitude au sujet de l’astrologie. Les chercheurs ont été surpris de constater que le narcissisme était le prédicteur le plus fort chez les gens qui croyaient que l’astrologie avait des fondements scientifiques, tandis que des traits de personnalité comme l’ouverture, la conscience de soi et le névrosisme n’ont montré aucun effet. Ils ont aussi pu établir une relation négative entre la croyance en l’astrologie et l’intelligence des personnes sondées. En entrevue, Mme Andersson note avoir été surprise de voir le narcissisme au sommet de la liste. « Nous nous attendions à trouver un lien, mais pas à ce qu’il soit le prédicteur le plus fort des traits de personnalité », dit-elle.

Phénomène Co-Star

Preuve du retour de l’astrologie : l’application d’astrologie Co-Star, lancée il y a quatre ans, a été téléchargée plus de 20 millions de fois, et atteint aujourd’hui le quart des Américaines âgées de 18 à 25 ans. Mme Andersson note que l’application « hyperpersonnalisée » au design minimaliste incite notamment les usagers à réfléchir et à se concentrer sur eux-mêmes. « Il est donc possible qu’elle attire des personnes aux traits plus narcissiques, qui ont besoin de se sentir spéciales et importantes (“dis-m’en plus sur moi”) et qu’elle renforce ce besoin en les encourageant constamment à penser à elles-mêmes », dit-elle. Mme Andersson souligne toutefois que les résultats de son étude ne sont pas généralisables à l’ensemble de la population. « Nous ne prétendons pas que toutes les personnes pratiquant l’astrologie sont plus narcissiques (ou ont un QI inférieur), car nous ne pouvons parler que de notre échantillon… Il faudrait mener d’autres recherches, avec des échantillons plus importants et plus diversifiés. »

Les risques du métier

Accorder de l’importance à ce que son horoscope annonce peut sembler bénin, mais les auteurs croient que d’autres comportements peuvent y être liés. « Bien que l’astrologie puisse sembler innocente, il est néanmoins possible qu’elle facilite la pensée non critique et favorise les préjugés. De plus, la croyance en l’astrologie est corrélée à la croyance en de nombreuses autres pseudosciences ainsi qu’aux théories du complot, ce qui indique qu’elle n’est peut-être pas si inoffensive que cela », notent-ils. Les conclusions de l’étude ont fait grand bruit sur l’internet, notamment sur le populaire site Reddit, où de nombreux usagers n’ont pas aimé être qualifiés de narcissiques… Selon Ida Andersson, cela fait partie des risques du métier. « Notre intention n’est évidemment pas d’offenser qui que ce soit, nous ne faisons que rapporter nos résultats. Cela dit, nous ne sommes pas naïfs au point de ne pas comprendre que certaines personnes pourraient être offensées… Il y aura toujours quelqu’un d’offensé », dit-elle.

En chiffres

36 %

Proportion de Canadiens qui croient « probablement » ou « assurément » en l’astrologie, tandis que 55 % des Canadiens n’y croient pas, selon un sondage de la firme Research Co. mené en 2020

49 %

Pourcentage des Canadiens de 18 à 34 ans qui disent croire en l’astrologie. Chez les 35 à 54 ans, cette proportion tombe à 37 %, puis à 27 % chez les plus de 55 ans, selon Research Co.

Consultez l’étude Even the Stars Think That I Am Superior – Personality, Intelligence and Belief in Astrology (en anglais)