(Kenora) L’Ontario s’engage à verser 10 millions de dollars sur trois ans pour identifier, enquêter et commémorer les lieux de sépulture sur les terrains des anciens pensionnats de la province.

Les fonds iront également à des services en santé mentale adaptés à la culture des survivants de ces écoles, de leurs familles et leurs communautés. L’ensemble du processus sera dirigé par des Autochtones.

« Les communautés autochtones ont attendu trop longtemps pour que justice soit rendue aux petits qui ne sont pas rentrés chez eux », a fait valoir mardi le ministre des Affaires autochtones, Greg Rickford, à Kenora, en Ontario.

« L’identification initiale des sites sera la première étape de ce qui devrait être un processus beaucoup plus vaste et nous nous engageons à mener ce travail à terme en collaboration avec nos partenaires autochtones. »

Les survivants des pensionnats, les aînés, les membres de la communauté et les dirigeants seront impliqués et le processus sera guidé par les souhaits des familles et des communautés, a précisé M. Rickford.

Cette annonce survient quelques semaines après la découverte d’un lieu de sépulture non identifié qui contiendrait les restes de 215 enfants sur les terrains d’un ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique.

La première nation Tk’emlups te Secwepemc a affirmé avoir utilisé les services d’un spécialiste des radars à pénétration de sol pour confirmer les conclusions préliminaires du mois dernier. Cette découverte a suscité des appels de financement pour soutenir des travaux similaires à travers le pays.

Ogichidaa Francis Kavanaugh du Grand Conseil du Traité no 3 à Kenora a mentionné que les nouvelles de Kamloops ont affecté les Premières Nations de tout le pays.

« Bien que nous savions déjà que cela s’est produit au Canada, il est incroyablement douloureux de revivre, en particulier pour les survivants et nos familles qui nous disent courageusement la vérité depuis des décennies », a-t-il confié.

Le grand chef a également demandé que les recherches s’étendent au-delà des terrains des pensionnats, sur la base de rapports de survivants qui se souvenaient que des enfants avaient été enterrés hors du site ou incinérés.

« Il est important que nos efforts soient faits de manière appropriée pour respecter l’esprit des enfants », a-t-il déclaré.

Le ministre Rickford a confirmé que le processus d’enquête, guidé par les connaissances des survivants, pourrait s’étendre au-delà des 18 sites connus des pensionnats en Ontario.

« Ce que nous offrons est une opportunité […] pour que ces informations soient communiquées », a-t-il indiqué.

Des fonds supplémentaires pourraient être alloués après l’attention accordée aux recherches et au soutien des personnes touchées, a fait savoir le ministre, ajoutant que la province était également prête à demander le soutien du gouvernement fédéral.

« Travail douloureux »

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a déclaré que son gouvernement avait ressenti le besoin d’agir dans ce dossier.

« C’est le moment de reconnaître l’héritage douloureux du système des pensionnats du Canada et l’effet dommageable et durable qu’il a eu sur les survivants et les communautés autochtones », a-t-il déclaré.

« Il y a un travail douloureux, mais nécessaire, à venir, et nous devons faire face à ce qui s’est passé pour que la réconciliation soit réalisée. »

La Commission nationale de vérité et réconciliation a identifié 12 emplacements de lieux de sépulture non marqués en Ontario. La province estime qu’il y en a probablement plus.

Le rapport définitif de 4000 pages de cette commission détaille les mauvais traitements dans les pensionnats du Canada, y compris les sévices émotionnels, physiques et sexuels, et plus de 4000 décès dans les établissements.

Le document a signalé aussi le décès connu de 426 enfants qui fréquentaient des écoles en Ontario et un nombre inconnu d’enfants toujours portés disparus.

L’Ontario prévoit que son processus d’enquête sur les sites des pensionnats impliquera des archéologues, des spécialistes de la médecine légale, des historiens et d’autres experts. Le Bureau du coroner en chef et le Service de médecine légale de la province seront également du nombre.

Le porte-parole de l’opposition néo-démocrate en matière de relations avec les autochtones, Sol Mamakwa, a qualifié les 10 millions comme étant une « goutte dans l’océan » par rapport aux fonds nécessaires pour effectuer des recherches exhaustives sur au moins 18 sites.

Sur la base de ses propres consultations avec des experts, il estime que les travaux prendraient probablement près d’une décennie et coûteraient bien plus de 10 millions de dollars.

M. Mamakwa a salué cet engagement, mais il « espère que ce n’est que le début ».