(Montréal) Exaspérés de se faire traiter d’assassins à la suite des évènements du début août au cours desquels ils ont abattu un homme noir à Repentigny, des policiers réclament l’appui des élus et de la population, par la voix de leur syndicat.

« Assez, c’est assez ! Utiliser le terme assassinat pour décrire cette intervention est inadmissible. Suite à de telles affirmations, où sont nos décideurs qui supportent leurs policiers et leurs actions ? », demande François Lemay, le président de la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec (FPMQ).

Dans un communiqué transmis mardi, le chef syndical explique que son organisation comprend que la famille du défunt vive des moments douloureux, mais affirme en même temps que les policiers doivent assurer la sécurité de tous.

« Et que si une personne, racisée ou non, devient menaçante ou dangereuse pour autrui, les policiers doivent intervenir afin de sécuriser les lieux », a-t-il tranché.

La mère de l’homme abattu a annoncé à la fin septembre qu’elle déposera une plainte de racisme systémique auprès de la Commission des droits de la personne et une autre en déontologie policière contre les agents impliqués.

Lors d’une conférence de presse, Mireille Bence avait reproché au Service de police de la Ville de Repentigny et au Bureau des enquêtes indépendantes un manque de communication et de transparence. « J’aimerais savoir dans tout ça : pourquoi on a assassiné mon fils avec trois balles dans son estomac ? », avait-elle déclaré.

Le BEI avait rapporté à l’époque que les policiers avaient répondu à un appel concernant « une personne confuse et désorganisée, armée d’un couteau », qui se serait montrée menaçante envers les policiers. Selon le corps policier, après avoir tenté de raisonner l’homme, les agents auraient tiré plusieurs coups de feu en sa direction et l’auraient atteint mortellement.

Profilage racial et armes à feu

Le syndicat qui représente 5000 policiers estime que l’heure des choix a sonné en ce qui concerne la prolifération des armes à feu dans la province afin de mettre fin aux « vagues de violence » qui ont présentement lieu.

« Soit une guerre au crime organisé sera menée de façon concertée et organisée à l’échelle de la province en donnant les outils adéquats à TOUS les policiers pour le faire, soit notre société devra abdiquer devant les récentes recrudescences de violences », résume l’organisation.

Le syndicat dit appuyer la décision de Québec de consacrer 90 millions $ pour embaucher 107 policiers et experts qui formeront l’escouade Centaure afin de lutter contre la violence liée aux armes à feu.

En évoquant les politiques visant à éviter le profilage racial par les policiers, la fédération soutient que ses membres « doivent pouvoir interpeller les personnes qui sont susceptibles de commettre des actes répréhensibles ».

« La dernière chose que l’on veut, c’est que nos policiers se désengagent et arrêtent d’intervenir par peur de poursuites ou représailles », affirme M. Lemay.

Le syndicat met en garde contre « un cercle où les gangs de rues ne craindront pas les policiers et où les actes violents continueront d’être perpétrés ».

Selon la FPMQ, la suite des choses doit être dictée par la population « qui a besoin d’être protégée et rassurée » plutôt que par « les groupes de pression ».