(Montréal) La présidente sortante de la CSQ, Sonia Éthier, a averti ses membres lundi de se préparer à lutter contre des compressions budgétaires en sortie de pandémie.

Dans son allocution d’adieu en ouverture du congrès annuel de la Centrale des syndicats du Québec, Mme Éthier a dénoncé les discours appelant à la rationalisation budgétaire alors que la pandémie n’est même pas encore terminée.

Elle a fait valoir que le Québec sera toujours « à une crise près de la déconstruction [des] acquis sociaux », soutenant que, cette fois-ci, le gouvernement était allé « jusqu’à suspendre la démocratie », laissant les centrales syndicales comme « ultime chien de garde » de la défense des travailleurs et de la protection des services publics.

Sonia Éthier a fait valoir que la pandémie a mis en lumière la fragilité des milieux de travail et la vulnérabilité des réseaux après plusieurs années de compressions, au point où il a fallu faire appel à l’armée pour pallier au manque de personnel.

Éclatement de la solidarité syndicale

Par ailleurs, Mme Éthier a dit croire que la plus grande menace qui plane sur le monde du travail est l’éclatement de la solidarité syndicale par des actions visant à miner la portée des grandes centrales et à fragmenter la solidarité à grande échelle.

Rappelant que ce sont les grands mouvements syndicaux qui ont permis l’avènement, entre autres, d’un salaire minimum, de congés de maternité ou de la marche vers l’équité salariale, la syndicaliste a invité ses membres à ne pas perdre de vue que les luttes qu’ils mènent « ont toutes en commun d’être beaucoup plus grandes » qu’eux.

Les signes de cet éclatement, selon Mme Éthier, se retrouvent dans l’émergence de petites organisations corporatistes.

« Le souhait le plus cher de François Legault et de la CAQ pour le monde du travail, c’est la multiplication d’organisations vulnérables au chantage et aux pressions gouvernementales et dont le combat se limite uniquement à défendre les conditions de travail de leurs membres.

« Ne vous faites pas d’illusions ; le gouvernement Legault est prêt à tout mettre en œuvre pour provoquer notre affaiblissement au profit de syndicats plus faciles à manipuler et à instrumentaliser. Ce n’est pas pour rien que ce gouvernement s’est empressé de négocier et de conclure des ententes avec des syndicats indépendants en ignorant les grandes centrales syndicales », a-t-elle martelé.

Au-delà du risque pour les organisations syndicales elles-mêmes, elle dit y voir « une menace au maintien de notre filet social ».

Sonia Éthier a signé sa sortie en disant avoir le sentiment du devoir accompli et en appelant ses membres à résister aux compressions.

« C’est à nous de continuer à dire non aux approches comptables, sans vision, qui étouffent nos milieux de travail et sacrifient notre bien-être depuis 25 ans en causant de la surcharge, un manque de ressources et de la sous-valorisation », a-t-elle dit.