Deux meneurs des rébellions de 1837-1838, Louis-Joseph Papineau et Jean-Olivier Chénier, ont été honorés, lundi, à l’occasion de la Journée nationale des patriotes.

Papineau (1786-1871) est officiellement devenu un « personnage historique » aux yeux du gouvernement du Québec, tandis qu’une statue en l’honneur de Chénier (1806-1837) a été réinstallée au centre-ville de Montréal.

Les deux hommes incarnent deux phases différentes de la rébellion des patriotes : le premier s’est exilé aux États-Unis en 1837 après avoir échoué à modérer les ardeurs de ses camarades plus radicaux, alors que le second a pris les armes et a été tué au combat.

Papineau « a été un fervent défenseur de son peuple et de ses institutions parlementaires », a indiqué la ministre de la Culture, Nathalie Roy, dans un communiqué. « En cette année qui marque le 150e anniversaire de son décès, je suis heureuse de pouvoir rappeler son souvenir et de permettre son inscription au Registre du patrimoine culturel du Québec. »

Mme Roy a annoncé du même souffle un avis d’intention pour le classement patrimonial d’un monument funéraire aux patriotes, au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, sur le mont Royal.

Connu, mais méconnu

Louis-Joseph Papineau est la grande figure de l’histoire du Québec du XIXsiècle et son nom est largement connu, mais peu le connaissent vraiment.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Louis-Joseph Papineau

C’est peut-être ce qui explique son inscription si tardive au Registre du patrimoine culturel du Québec, bien après des dizaines de personnages beaucoup plus obscurs, a expliqué l’historien Éric Bédard, professeur à la TÉLUQ.

« Peut-être que ça s’explique parce qu’on a eu des cinéastes comme Michel Brault et Pierre Falardeau qui ont inscrit dans la mémoire des Québécois la deuxième phase de la rébellion, la phase plus radicale de 1838. C’est comme si le héros qui s’est plus inscrit dans l’imagination de bien des nationalistes, c’est davantage quelqu’un comme de Lorimier, qui va être pendu dans la dignité et l’honneur », a-t-il dit. « Il n’y a pas de grand film récent sur Papineau, il n’y a pas de grand film sur les patriotes de 1837. »

Il faut ajouter à cela le statut de seigneur de Louis-Joseph Papineau, ainsi que son adhésion à l’annexion du Bas-Canada aux États-Unis. Résultat : il est loin d’être un héros parfait pour un mouvement nationaliste qui s’est plutôt développé à la gauche du spectre politique québécois.

La statue de Chénier réinstallée

Pour sa part, Jean-Olivier Chénier a vu sa statue restaurée et réinstallée au pied du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), au centre-ville de Montréal.

L’abandon de son socle, au fond d’un terrain vague, avait été révélé l’automne dernier par Le Devoir. Il avait été récupéré illico par la Ville de Montréal.

Le monument fera partie du nouveau square Viger, réaménagé par la municipalité.

« C’est une journée importante pour se rappeler des sacrifices de celles et ceux qui se sont battus pour plus de liberté, d’égalité et de solidarité », a dit la mairesse Valérie Plante. La statue « a été ramenée au centre-ville pour garder cette mémoire bien vivante, dans nos cœurs, mais également dans l’histoire », a-t-elle ajouté.