L’Université du Québec à Montréal (UQAM) et l’étudiante Hélène Boudreau sont parvenues mercredi à une entente à l’amiable (« hors cour »). La poursuite de 125 000 $ qui avait été lancée contre la jeune femme pour publication de photos jugées « indécentes ou pornographiques » est donc abandonnée.

Ainsi, l’UQAM « renonce à toute réclamation en dommages-intérêts, dommages punitifs ou toute autre forme de réclamation » dans cette affaire. En échange, Mme Boudreau s’engage à ne plus publier de photos où elle est « dénudée » en utilisant le nom, le logo « ou quelque référence directe ou indirecte » à l’UQAM sur ses comptes OnlyFans, Facebook, Twitter ou Instagram.

Dans l’entente, dont La Presse a obtenu copie, on précise aussi que l’étudiante pourra continuer de publier des photos avec le logo de l’UQAM, « en autant que sur ces photos, elle ne soit en aucune façon dénudée ou n’exhibe des parties intimes de son corps ». Elle devra aussi se priver d’y inclure « des propos, gestes ou images dénigrants, offensants ou vexatoires » à l’endroit de l’Université.

Le clan d’Hélène Boudreau devra par ailleurs retirer sa demande d’enregistrement de la marque de commerce « UCÙM » auprès de l’Office de la propriété intellectuelle du Canada, qui avait d’abord été fait pour « contourner » les mises en demeure envoyées à l’étudiante par l’administration, affirme celle-ci. L’Université, elle, s’engage à traiter Hélène Boudreau « avec équité » dans son cheminement académique.

Une saga qui se termine

L’avocat de l’étudiante, MJason Novak, a confirmé que l’entente « met un terme aux procédures judiciaires ». « On est fiers de notre cliente. Ça a été difficile comme négociations. Ça a duré depuis lundi, le matin, l’après-midi, le soir… Les deux bureaux ont travaillé très fort. Et Mme Boudreau est très heureuse de mettre son focus sur l’art, et non une bataille judiciaire qui aurait duré des années », a-t-il commenté.

L’entente est favorable pour elle et, en même temps, pour l’UQAM. On a vraiment trouvé une solution satisfaisante de part et d’autre.

MJason Novak, avocat d’Hélène Boudreau

De son côté, l’UQAM a réagi par voie de communiqué en fin d’après-midi, affirmant que c’est « grâce aux efforts soutenus des parties » qu’un règlement complet du litige a pu être conclu ». « Exceptionnellement, il a été convenu que le contenu de ce règlement pouvait être rendu public », précise-t-on.

L’UQAM réitère par ailleurs « que les procédures judiciaires n’avaient aucunement pour but d’interdire à l’étudiante de diffuser des photos intimes d’elle-même », mais que la liberté d’expression « ne saurait toutefois justifier une atteinte au nom et au logo de l’UQAM ou à leur exploitation commerciale sans autorisation ». Une première entente avait été finalisée dans les derniers jours, reportant la suite des procédures « à une date non précisée pour permettre aux parties de continuer à négocier les modalités de cette entente de principe ».

Cette affaire avait commencé le 24 février, lorsqu’Hélène Boudreau avait publié une photo sur Instagram où l’on pouvait la voir relevant sa toge de finissante de manière à exhiber ses seins. Après deux mises en demeure, l’Université avait finalement déposé une poursuite de 125 000 $ contre l’étudiante, jugeant que « l’utilisation du nom et du sigle de l’UQAM […] vise à donner une valeur ajoutée à son commerce en ligne de photos indécentes ou pornographiques ». Quelques jours plus tard, Hélène Boudreau avait rétorqué que le plaidoyer de l’Université est « sans fondement » et illustre une conception « dépassée » de l’art. Un mouvement d’appui en sa faveur, sous le mot-clic #papauqam, s’était aussi mis en place sur le web.