Quand Pierre Lavoie a discuté avec François Legault lundi, il lui a entre autres parlé de hockey. Ça peut paraître surprenant pour cet ancien triathlète d’élite, plus habitué aux souliers de course qu’aux patins à glace.

Pourquoi le hockey ? Parce que les mesures de confinement annoncées le 6 janvier, dont le fameux couvre-feu, venaient limiter un peu plus la pratique des sports. Le hockey extérieur entre amis n’était plus permis.

La nouvelle a attristé ce militant infatigable des saines habitudes de vie. Il a tenu à raconter une anecdote au premier ministre et à la ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest, lors de leur entretien virtuel.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE FRANÇOIS LEGAULT

Pierre Lavoie a rencontré lundi le premier ministre François Legault et la ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest, lors d’un entretien virtuel.

« Moi, j’ai été élevé dans un HLM. La seule chose que je pouvais faire, ti-cul, c’était jouer sur la patinoire derrière le HLM, qu’on grattait nous-mêmes, qu’on glaçait nous-mêmes », s’est rappelé M. Lavoie dans un entretien avec La Presse.

« Si je n’avais pas eu ça, je n’aurais jamais fait de sport de ma vie, continue le Saguenéen. Mes amis allaient faire du ski alpin, et moi, je restais sur la patinoire avec mes chums. »

Les règles en place jusqu’au 8 février permettent essentiellement les activités extérieures en solo ou dans une bulle familiale. Les personnes vivant seules peuvent faire du sport avec une autre personne dehors, à condition de rester à deux mètres.

Le hockey entre amis est donc impossible dans ces conditions. « Je me suis vu dans mon quartier, ti-cul, alors que tout ce qui faisait bouger les ti-pauvres, c’était le hockey… Et là, on n’avait plus le droit. »

Limiter les dégâts

M. Lavoie comprend la nécessité du confinement. Son organisme, Le Grand Défi Pierre Lavoie, a d’ailleurs annoncé cette semaine l’annulation de tous les évènements de groupe en personne prévus en 2021, compte tenu de la situation épidémiologique.

Mais il se demande simplement si limiter à ce point la pratique du sport chez les jeunes est vraiment essentiel.

Concernant les sports, je lui ai dit : “Dès que vous pourrez les permettre, faites-le, s’il vous plaît.”

Pierre Lavoie, rapportant sa discussion avec François Legault

Les sports d’équipe ne sont plus permis. Au moins, les professeurs d’éducation physique continuent de faire bouger les jeunes du primaire et du secondaire.

Mais M. Lavoie se demande si des années d’efforts pour faire la promotion de l’activité physique chez les jeunes ne sont pas en train d’être compromis.

Une proposition au premier ministre

Le défi des Cubes énergie est d’ailleurs annulé, cette année. Pierre Lavoie a vite compris que les écoles étaient déjà débordées avec la gestion de la pandémie.

J’ai demandé à rencontrer le premier ministre parce que j’ai une grande préoccupation pour les 12-17 ans. C’est un groupe qui, selon moi, subit énormément le confinement et le couvre-feu.

Pierre Lavoie

Pierre Lavoie n’est bien sûr pas le premier à s’en faire pour la santé physique et mentale des jeunes dans les derniers mois. À l’automne, l’Association des pédiatres du Québec s’inquiétait du « sacrifice » d’une génération.

Mais Pierre Lavoie pense qu’il serait possible de développer en urgence un programme axé sur les ados, pour les faire bouger cet hiver. Il a demandé le soutien du premier ministre. Selon nos informations, il s’agirait d’une application.

« Je voulais le sensibiliser et lui amener des solutions. Tous les pays se creusent la tête pour ce groupe de jeunes. On s’est demandé si on serait capables de développer un programme pour leur amener un peu de bonheur et régler des problèmes de sédentarité, de santé mentale et de dépendance aux écrans. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE FRANÇOIS LEGAULT

Sur son compte Instagram, le premier ministre a appelé les Québécois à pratiquer des activités qui leur permettent « de garder le moral » et à partager une photo d’eux en action.

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L’attaché de presse du premier ministre, Ewan Sauves, a confirmé que le gouvernement allait regarder « avec beaucoup d’intérêt » cette « proposition innovante ».

En ces moments exceptionnels, nous devons être créatifs dans nos façons d’inciter nos jeunes à bouger, à pratiquer un sport et à rester motivés. Faire appel à des outils technologiques pour y parvenir est une voie à explorer.

Ewan Sauves, attaché de presse du premier ministre, dans un courriel

Pierre Lavoie est convaincu qu’on peut utiliser le téléphone des ados, les écrans donc, pour les convaincre de bouger.

Le Grand Défi va d’ailleurs organiser une Grande marche sous zéro, virtuellement, les 19, 20 et 21 février prochains. Il prépare aussi un autre évènement virtuel pour juin, le « 1 000 000 de km Ensemble ».

« Les jeunes, on a tellement travaillé pour les faire bouger… Et là, on vit ça », se désole Pierre Lavoie.

Il est sorti de la rencontre avec le premier ministre satisfait d’avoir pu faire passer son message. « Le premier ministre est préoccupé par les jeunes, c’est sincère », dit-il.