Malgré le climat d’inquiétude suscité par le réchauffement climatique et la sensibilisation aux questions environnementales, le nombre de véhicules continue à augmenter dans la région montréalaise.

Il est passé de 1 960 025 à 1 983 536, entre 2018 et 2019, une hausse de plus de 23 000.

On pourrait se rassurer en se disant que cette hausse est modeste, 1,2 %, et qu’elle ne fait qu’épouser la croissance de la population. Le taux de motorisation, soit le nombre de véhicules pour 1000 habitants, en effet, reste stable dans le Grand Montréal.

Mais n’oublions pas que chaque véhicule de plus, ce sont des gaz à effet de serre (GES) de plus. D’autant que certaines des données de l’étude de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), dévoilée vendredi, envoient des signaux inquiétants.

Le nombre de camions légers (VUS, minifourgonnettes, etc.) a continué sa forte croissance, avec 44 000 véhicules de plus, l’an dernier. En 2001, on dénombrait 285 000 camions légers dans le Grand Montréal, comparativement à 765 000, en 2019.

Le nombre de voitures, lui, a baissé de 20 500 en un an. Sur une plus longue période, de 2001 à 2019, il est passé de 1 168 000 à 1 219 000.

« On continue d’observer une augmentation de la taille des automobiles », explique Philippe Rivet, conseiller en recherche et responsable de l’Observatoire Grand Montréal.

Les petites voitures émettent de moins en moins de gaz à effet de serre, mais ces gains sont annulés par la popularité grandissante des camions légers ou des VUS, qui sont plus énergivores que les automobiles.

Philippe Rivet, responsable de l’Observatoire Grand Montréal

Légère baisse à Montréal

La mairesse Valérie Plante sera sans doute heureuse d’apprendre que le taux de motorisation, stable en banlieue, a légèrement reculé à Montréal pour la deuxième année de suite, passant de 390 véhicules pour 1000 habitants, en 2017, à 383, en 2018, puis à 379, en 2019.

« Ça, c’est une bonne nouvelle parce que ce taux était en hausse jusqu’en 2017, fait remarquer M. Rivet. Probablement qu’il y a différents facteurs qui jouent, notamment les services d’autopartage, les transports actifs aussi, qui étaient en forte augmentation même avant la COVID-19. »

À titre d’exemple, le nombre de déplacements à BIXI a bondi de 2,6 millions au cours des cinq dernières années, à Montréal. Cela représente une augmentation de 81 %.

Plus d’autos en banlieue

Le taux de motorisation, comme on pouvait s’en douter, augmente au fur et à mesure que l’on s’éloigne de Montréal.

Le ratio pour 1000 habitants est de 553 véhicules dans l’agglomération de Longueuil. Il est de 555 à Laval, de 635 dans la couronne nord et de 643 en banlieue sud.

C’est à Vaudreuil-sur-le-Lac que le parc automobile est le plus dense : 909 véhicules pour 1000 habitants.

« C’est sûr que ça met en lumière l’importance de consolider le réseau de transports en commun dans le Grand Montréal, analyse M. Rivet. Plus il y a de véhicules, plus les coûts de la congestion augmentent, sans parler de toutes les questions de GES. »

Le parc électrique

L’étude de la CMM, réalisée à partir des données les plus récentes de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) et de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ), montre aussi une nette augmentation du nombre de voitures électriques.

Leur nombre, malgré tout modeste, est passé de 19 270, en 2018, à 32 590 en 2019, une hausse de 69 %.

« C’est sûr que ça demeure de petits chiffres, mais c’est quand même une forte augmentation », souligne M. Rivet.

C’est encourageant de voir qu’on est rendu à près de 33 000 véhicules électriques dans la région. En 2014, on était à 2500.

Philippe Rivet, responsable de l’Observatoire Grand Montréal

Les véhicules électriques, bus compris, représentent 1,3 % de l’ensemble du parc automobile, comparativement à 0,8 % à l’extérieur de la CMM.

En tête des municipalités présentant la plus forte proportion d’autos électriques sur l’ensemble des véhicules en circulation, on trouve, ex æquo, Saint-Bruno-de-Montarville et Saint-Lambert (2,8 %). Suivent Westmount (2,7 %), Rosemère (2,6 %), Mont-Saint-Hilaire (2,6 %), Lorraine (2,6 %) et Senneville (2,5 %).

« On voit qu’il y a quelque chose qui se passe de ce côté-là qui est assez intéressant », note le responsable de l’Observatoire Grand Montréal.

> Pour consulter la carte du taux de motorisation sur le territoire de la CMM