Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, a signé une ordonnance pour forcer l’entreprise 3R Valorisation à remettre de l’ordre dans son centre de tri débordant de Montréal-Est, où même les bâtiments étaient en train de disparaître sous les montagnes de déchets de chantier, cet été, et où deux incendies récents dans les ordures ont entraîné des écoulements d’eaux contaminées.

L’ordonnance signée par le ministre fait état d’une longue liste de manquements aux règles dans ce centre de tri spécialisé qui prétend utiliser une approche « écoresponsable » pour revaloriser jusqu’à 95 % des rebuts de construction, de rénovation et de démolition.

Absence de registre des entrées et des sorties de matériaux. Rebuts éliminés dans des sites non autorisés. Montagnes de déchets qui dépassent la hauteur sécuritaire. Absence d’espace pour les pompiers en cas de feu. Débris et poussières qui s’envolent jusque dans la rue ou chez les voisins. Écoulements de lixiviat à la fonte des neiges et lors de pluies. Refus de fournir des informations de base aux inspecteurs. Odeurs dérangeantes. La liste des reproches constatés depuis 2010 est longue, selon l’ordonnance.

« L’inspectrice constate que le site est presque entièrement recouvert de matières résiduelles, lesquelles ensevelissent même une partie des bâtiments (chaîne de tri) et qu’il n’y a plus d’accès à la cour intérieure sauf en circulant sur les amas de matières », précise le document, au sujet d’une inspection datant de juillet dernier.

La Presse avait rapporté mercredi que 3R Valorisation avait été surprise par les enquêteurs du Ministère à jeter ses rebuts de chantier dans un site illégal au cœur d’un boisé à Saint-Gabriel-de-Brandon, à plus de 100 km de Montréal. L’avocat de l’entreprise a répliqué que sa cliente croyait faire affaire avec un site d’élimination autorisé. Une enquête pénale est en cours sur cette affaire.

(Re)lisez l’article « Jetés illégalement par une entreprise... “écoresponsable” »

Incendies et écoulements

Par ailleurs, le Ministère a confirmé mercredi que deux incendies récents dans les amas de rebuts du centre de tri avaient forcé l’intervention des équipes d’Urgence-Environnement.

Un premier incendie a éclaté le 30 août dans les déchets de construction. Les pompiers ont maîtrisé les flammes, mais l’intervention a entraîné un écoulement polluant. « À ce moment, les eaux d’extinction se sont infiltrées dans les égouts de la Ville », confirme Frédéric Fournier, porte-parole du Ministère.

Le lendemain, un feu éclatait à nouveau dans les montagnes de débris. « L’intervenant de garde d’Urgence-Environnement s’est rendu sur les lieux de l’incendie le jour même en vue de s’assurer du contrôle de l’incendie ainsi que de la bonne gestion des eaux d’extinction et de la prise en charge de ces mêmes eaux dans le réseau d’égouts. Le service des rejets industriels de la ville de Montréal a pris la gestion des eaux d’extinction vers son réseau d’égout », ajoute M. Fournier.

La nouvelle ordonnance émise par le Ministère impose une série de mesures pour rectifier la situation. Aucune nouvelle matière ne pourra être admise tant que la chaîne de tri ne sera pas dégagée des amoncellements de rebuts qui l’encombrent. Tous les matériaux sortis du site devront être acheminés dans un lieu autorisé. Un ratio de matières à sortir devra être respecté pour réduire les accumulations sur place : pour trois tonnes de matériaux admis, ce sont huit tonnes qui devront sortir, jusqu’à ce que les amas redescendent à un niveau acceptable.