En plus d’écoper de la suspension la plus sévère jamais imposée dans l’histoire de la Commission municipale du Québec (CMQ), le maire de Saint-Jean-sur-Richelieu fait face à au moins trois plaintes pour harcèlement psychologique.

Au total, le maire Alain Laplante a été suspendu sans solde 412 jours par la CMQ, en juin, pour avoir violé sur une longue période les règles éthiques et déontologiques de sa Ville. Du jamais vu. Mais, comme la loi prévoit un maximum de 100 jours, il est suspendu trois mois (95 jours), et ce à compter du 1er août prochain, confirme la CMQ.

Et le maire n’est pas au bout des procédures. Dans la foulée des audiences devant la CMQ, trois hauts fonctionnaires ont déposé des plaintes de harcèlement psychologique auprès de la CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail du Québec). Ces plaintes ont déjà été jugées recevables dans les derniers jours, a-t-on confirmé à la Commission.

Dans l’une d’elle, dont La Presse a obtenu copie, le directeur général de la Ville, François Vaillancourt, raconte que sa santé a été affectée par les « actions perfides » du maire, au point où il a été en arrêt de travail pour des raisons médicales. Il explique qu’il a reçu des courriels diffamatoires, que le maire s’est servi des réseaux sociaux et de toutes les plateformes publiques à sa disposition pour l’attaquer. « Il a même diffusé des photos prises à mon insu dans des lieux publics », dénonce-t-il.

« Se permettant toutes les paroles, écrits intimidants, harcelants, vexatoires, et gestes malheureux afin de dénigrer, invectiver, diffamer et harceler sans scrupules et à répétition, ceux et celles qui dénonçaient ses gestes et actions malheureux, le maire Laplante a rapidement dirigé sa frustration, sa hargne, et sa haine viscérale qu’il avait contre le conseil majoritaire vers le directeur général (moi) », raconte le plus haut fonctionnaire dans sa plainte déposée auprès de la CNESST.

« Il y a dorénavant un énorme “nuage de suspicion” qui plane au-dessus de ma tête en raison de ces attaques immondes », se désole-t-il.

Manœuvres indignes

Le directeur général n’est pas le seul à avoir déposé plainte. Le greffier de Saint-Jean-sur-Richelieu, Me François Lapointe, et Sylvain Latour, coordonnateur à la promotion des processus de consultation publique et d’amélioration continue, ont aussi entamé des procédures pour harcèlement psychologique.

Dans un jugement administratif costaud de 75 pages, la juge indépendante Sandra Bilodeau, de la CMQ, reproche au maire « diverses manœuvres indignes du comportement d’un élu municipal », notamment par l’utilisation de communiqués à des fins partisanes. « Conflits d’intérêts, partage d’informations sensibles pour défendre son chef de cabinet congédié (et ami) », la CMQ explique que le maire a continué ses agissements malgré plusieurs avertissements.

Estimant qu’on « l’empêche de veiller à ses fonctions de maire », et qu’il est « victime d’un putsch politique », le maire a déposé en Cour supérieure des procédures de contestation. « C’est une demande de sursis de la suspension. Mais comme la requête est devant les tribunaux, je ne peux pas émettre trop de commentaires sur le fond », a-t-il fait valoir à La Presse.

En vertu du jugement de la CMQ, le maire Laplante sera suspendu 95 jours sans rémunération, allocation, ou toute autre somme qu’il pourrait recevoir de la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu ou d’organisme à titre de membre du conseil. Mécontent, le maire a déjà réclamé le remboursement de ses honoraires d'avocats dans ce dossier. Par résolution du conseil, la Ville a mandaté la firme d'avocats, Bélanger-Sauvé, afin de la représenter en Cour supérieure pour contester le paiement des honoraires.