Février glacial, printemps absent, crue historique de la rivière des Outaouais, grande noirceur durant la période de l’Halloween: le Québec a essuyé son lot de catastrophes météorologiques en 2019.

La crue historique qui a inondé la région de la rivière des Outaouais au printemps est le plus marquant des 10 principaux événements météorologiques de l’année 2019, a annoncé Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) mercredi.


« Tout dans l’inondation de cette année, y compris son ampleur et sa durée, était sans précédent. Tous les ingrédients météorologiques étaient réunis pour un événement catastrophique », souligne le ministère dans son bilan annuel.

Les accumulations de neige supérieures à la normale conjuguées à cinq semaines de pluies abondantes n’ont pas réussi à se frayer un chemin à travers le sol gelé en profondeur par sept mois de températures sous les normales. Résultat: le précédent record, établi il y a à peine deux ans, a été battu à plate couture le 1er mai. Ce jour-là, le niveau de la rivière des Outaouais est monté 30 centimètres plus haut qu’en 2017. Des milliers de logements ont été inondés au Québec et en Ontario, des ponts ont été fermés, des traversiers suspendus. Et ce n’est pas fini.

« Les répercussions sur notre budget sont nombreuses », a déclaré le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, la semaine dernière. À elles seules, les inondations de 2019 ont occasionné plus de 11 millions de dollars de dépenses imprévues, dont 3 millions à éponger par la Ville.

Gatineau a aussi alloué plus de 13 millions supplémentaires (sur un budget d’infrastructures de près de 198 millions en 2020) à diverses mesures d’adaptation et de prévention. L’adaptation des infrastructures aux pluies diluviennes, ainsi que l’aménagement des terrains du secteur Pointe-Gatineau laissés vacants par les démolitions de maisons, profiteront de cette enveloppe, tout comme les transports actifs grâce, notamment, à la construction de trottoirs et au déneigement de certaines pistes cyclables.

Terreurs d’Halloween

Le classement établi par le climatologue principal d’ECCC, David Phillips, regroupe les 10 événements ayant eu le plus de répercussions sur la population en fonction de divers facteur, dont l’impact économique et la durée du phénomène, ainsi que l’étendue de la zone touchée. De ce point de vue, la fameuse tempête de l’Halloween est l’autre épisode météo le plus marquant de l’année au Québec. Vingt municipalités ont reporté la tournée de bonbons de millions d’enfants, échangeant un risque de pluie abondante contre des vents violents doublés d’une chute de température. Les météorologues ont-ils erré ?

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Vingt municipalités ont reporté la tournée de bonbons de millions d’enfants le 31 octobre dernier.

Ce type de prévision comporte toujours un degré d’incertitude, rappelle Simon Legault, de la direction des Services de prévision d’ECC.« Si je vous dis que dans une heure il y aura un déluge, je commence à avoir une relative certitude avec les observations radar. Mais si vous me demandez si le pire sera à 14 h ou 15 h demain après-midi, c’est beaucoup trop précis pour ce que je peux faire pour l’instant », illustre le météorologue. L’abondance de pluie et de vent espacés dans le temps s’est bel et bien abattue sur le Québec, même si ce n’était pas exactement aux endroits attendus. « En Estrie, ils ont eu 80 à 100 mm de précipitations la soirée de l’Halloween, et pour ce qui est des vents violents, on a vu l’étendue des coupures de courant », note M. Legault.Les rafales, qui ont dépassé 104 km/h à Montréal, Trois-Rivières et La Pocatière, ont plongé près de deux millions de Québécois dans le noir à partir 1er novembre. Plus encore que le report de l’Halloween, c’est l’événement qui restera dans les annales: il s’agit de la plus importante interruption de service depuis la crise de verglas de 1998, il y a plus de 20 ans.

Février froid et printemps furtif

La vague de froid record qui a frappé l’Ouest canadien en février a eu des répercussions jusqu’au Québec. Montréal a ainsi subi neuf jours de gels-dégels qui ont englacés les trottoirs, provoquant d’innombrables chutes et blessures. Et que dire du printemps ? Peu de choses, car il est passé en coup de vent. « Globalement, le Québec est resté froid jusqu’au mois de mai. Quand le printemps est arrivé, on est passé rapidement en mode estival », résume Simon Legault. L’Est du pays a ainsi connu une de ses saisons d’ensemencement les plus tardives. Pendant que ses champs étaient détrempés ou submergés par les eaux, ceux des Prairies se desséchaient sous l’effet de conditions parmi les plus arides en 133 ans.

Changement climatique ou pas ?

Pour pouvoir parler de changements climatiques, il faut une perspective à long terme. On peut donc penser que ceux-ci soient en cause dans le rétrécissement de l’étendue des glaces de l’Arctique, mais certainement pas dans la tempête de l’Halloween, dit Simon Legault. L’Arctique nord-américain a d’ailleurs connu sa part de records cette année encore. À la mi-juillet, une température de 14 degrés au-dessus de la normale a été enregistrée à la Station Alert des Forces canadiennes, au Nunavut. À 21 degrés Celsius, il faisait plus chaud qu’à Victoria, en Colombie-Britannique.

Si presque tout le sud du Canada a connu des températures sous la moyenne en 2019, l’année couronne néanmoins la décennie la plus chaude jamais enregistrée au pays… comme ce fut le cas de chaque décennie depuis les années 70. La température moyenne de la décennie 2010-2019 a ainsi été 1,42 degré plus élevée que celle de la période de référence (1948-2019), rapporte ECCC.

Les 10 événements météos les plus marquants de 2019

1— Crue record de la rivière des Outaouais

2— Saison des ouragans dans les provinces atlantiques

3— Neige et pluie surabondantes dans les Prairies

4— Février glacial dans tout le Canada

5— Records de chaleur dans l’Arctique

6— Sécheresse et inondations dans les Prairies

7— Pluies, vents et pannes d’électricité pour l’Halloween

8— Printemps absent dans l’Est

9— Débordements du fleuve Saint-Jean au Nouveau-Brunswick

10— Feux de forêt moins nombreux, mais plus étendus au pays