Frédéric Pelletier aurait adoré être un jour astronaute. Il est plutôt devenu explorateur de l’espace, pilotant à distance des engins spatiaux.

Des engins comme New Horizons, une sonde de la NASA, qui a décollé en 2006 pour aller explorer Pluton – qu’elle a atteinte en 2015 ! – et qui, le 1er janvier, s’est approchée d’Ultima Thulé. Ce corps céleste aux allures de pomme de terre – on a vu la photo – est un astéroïde de la ceinture de Kuiper, donc bien au-delà de Neptune. C’est à ce jour le corps céleste le plus lointain jamais approché par une sonde spatiale.

Bref, Frédéric Pelletier a amené, à distance, un objet terrestre pas mal au bout du monde.

Né à Québec dans une famille qui n’avait rien de scientifique – sa mère travaillait à la maison et son père, un sociologue spécialisé en éducation des adultes, a travaillé pour le gouvernement du Québec toute sa carrière –, Pelletier a toujours été fasciné par les explorateurs.

« Christophe Colomb, Magellan, Jacques Cartier… Ils me faisaient triper. » — Frédéric Pelletier

Si l’homme, aujourd’hui âgé de 42 ans, qui a reçu tout récemment le prix Alouette de l’Institut aéronautique et spatial du Canada pour sa contribution exceptionnelle à l’aérospatiale canadienne, s’est tourné vers les planètes et le ciel, ce n’est pas tant par amour pour les télescopes et les étoiles que par passion pour les nouvelles frontières.

Ingénieur mécanique formé d’abord à l’Université Laval, à Québec, il est parti ensuite aux États-Unis pour étudier en aérospatiale, à l’Université du Texas à Austin. C’est là qu’il a commencé à aider la NASA. Par la suite, il a poursuivi sa formation à l’Université de Padoue, en Italie, puis est rentré au Québec travailler à l’Agence spatiale canadienne avant de partir travailler 10 ans aux États-Unis, où il était en poste à la NASA, à Los Angeles, au Jet Propulsion Lab.

C’est dans ce cadre que Frédéric Pelletier a pu travailler sur plusieurs projets de pilotage de véhicules spatiaux inhabités, comme la sonde Cassini autour de Saturne ou InSight, vers Mars. Pour New Horizons, il a passé plus de temps sur la côte Est, car le centre de contrôle est à Johns Hopkins, à Baltimore, dans le Maryland et le tout est dirigé par la directrice du laboratoire de physique appliquée, Alice Bowman.

C’est de là qu’on suit toujours les progrès de cette sonde qui carburait à l’énergie solaire, mais qui est maintenant si loin du Soleil qu’elle doit désormais être propulsée par l’énergie nucléaire. New Horizons envoie des informations qui mettent six heures à atteindre la Terre, tant elle est loin actuellement, plus précisément à plus de 6 milliards de kilomètres de la Terre. Cette sonde, qui, selon ce que Mme Bowman a dit aux médias au début de l’année, fonctionne encore fort bien, a encore du boulot et pourrait sortir du Système solaire…

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Aujourd’hui, Frédéric Pelletier vit à Québec, mais travaille à Montréal. Depuis mars, après avoir occupé deux fonctions en même temps – dont le pilotage de New Horizons –, il est employé à temps plein par une entreprise québécoise appelée North Star.

Établie à Montréal, cette entreprise compte sur 40 satellites dont la tâche sera d’aller chercher de l’information sur l’espace et la Terre. Un des projets sur lesquels Pelletier travaille consiste à cartographier en temps réel et, bien entendu, en trois dimensions la zone de l’espace qui entoure la Terre, au-delà de l’atmosphère, et est jonchée de débris provenant notamment de vieux satellites.

« Il y a énormément de déchets, affirme le chercheur. Ça pose des risques de sécurité. » — Frédéric Pelletier

Actuellement, dit-il, on a catalogué 40 000 objets flottants et l’entreprise voudrait multiplier ce chiffre par dix. « Une collision même avec un petit objet peut être irrémédiable. »

Bref, non contents de polluer la Terre, nous sommes en train de polluer l’espace ? « Oui », répond le spécialiste de l’aérospatiale, avant de parler de l’insouciance de pays comme l’Inde, qui ont fait exploser des satellites, pulvérisant le tout en centaines de nouveaux fragments de métal maintenant en orbite. Or les débris menacent même la Station spatiale internationale.

« C’est un problème grandissant. »

FRÉDÉRIC PELLETIER EN QUELQUES CHOIX

UN FILM

Les Gardiens de la galaxie, un film de superhéros de l’espace inspiré de l’univers des livres de Marvel

UN LIVRE

Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas

DES PERSONNAGES HISTORIQUES

Les membres de l’expédition Lewis et Clark – pilotée par Meriwether Lewis et William Clark –, qui ont été envoyés en mission à partir de Pittsburgh par le président Thomas Jefferson, de 1801 à 1809, pour explorer tout l’ouest des États-Unis jusqu’au Pacifique

UN PERSONNAGE CONTEMPORAIN

Michelle Obama

UNE PHRASE

To boldly go where no one has gone before. La phrase de clôture des épisodes télé de la série Star Trek, qui signifie : « Oser aller là où nul n’est encore jamais allé. »

UNE CAUSE

La pollution de notre planète