Le gouvernement Couillard envisage de revoir la fiscalité pour encourager les Québécois à adopter des comportements verts, notamment par le moyen de mesures incitatives négatives comme de nouvelles taxes sur l'essence.

Le ministre des Finances, Carlos Leitao, accompagnait son collègue à l'Environnement David Heurtel lorsque celui-ci a dévoilé la nouvelle mesure de la Stratégie gouvernementale de développement durable 2015-2020. Québec a du coup lancé six « chantiers », dont la création d'un groupe de travail chargé d'étudier des mesures d'« écofiscalité ».

Québec ne présentera sa nouvelle stratégie fiscale qu'à l'hiver 2017. Mais déjà, M. Leitao laisse entrevoir des mesures qui vont toucher les automobilistes. Il évoque des crédits pour l'achat de véhicules moins polluants, comme celui qui existe déjà pour les voitures électriques, mais aussi de nouvelles taxes.

« Ne soyons pas naïfs, a dit le ministre. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, il faut changer nos comportements. Ça ne viendra pas tout seul, il faut avoir des moyens qui vont, dans certains cas, forcer le changement des comportements, c'est inévitable. »

M. Leitao assure que tout revenu additionnel pour l'État sera réinvesti, sous forme de crédits d'impôt, de subventions vertes ou de réduction d'impôt. Si bien que l'opération n'entraînera pas de revenus supplémentaires pour le gouvernement.

« Ce n'est pas un exercice d'augmentation du fardeau fiscal des Québécois. Si on génère des revenus additionnels par des mesures incitatives, ces revenus-là vont être recyclés dans l'économie. »

- Carlos Leitao, ministre des Finances

À ceux qui craignent pour leur portefeuille, son collègue David Heurtel fait valoir que l'inaction devant les changements climatiques coûtera beaucoup plus cher aux Québécois que les mesures mises à l'étude par le gouvernement.

« Il faut de l'autre côté faire l'exercice des coûts des changements climatiques sur la santé, le coût sur nos infrastructures, les inondations, l'érosion côtière, tout ce que ça va coûter, a dit M. Heurtel. Alors si vous voulez vraiment regarder l'ensemble de la question du fardeau et du coût pour les Québécois, il faut de l'autre côté regarder le coût de ne rien faire. »

DES RECOMMANDATIONS ACCUEILLIES AVEC ENTHOUSIASME

La Commission d'examen sur la fiscalité québécoise, présidée par Luc Godbout, a suggéré plusieurs pistes inspirées des principes de l'écofiscalité. Elle a notamment proposé une hausse des taxes sur l'assurance automobile et le carburant.

Ces recommandations ont été accueillies avec enthousiasme par un regroupement d'organisations pour l'économie verte, SWITCH, qui a récemment pressé Québec de prendre le virage de l'écofiscalité.

Le porte-parole d'Équiterre, Steven Guilbeault, voit d'un bon oeil le chantier lancé hier par le gouvernement Couillard. Selon lui, les citoyens qui craignent une hausse de taxes n'ont pas à s'inquiéter.

« Pour les automobilistes, il est tout à fait possible d'absorber les hausses de différents tarifs en réduisant la vitesse moyenne de leurs déplacements, en utilisant le cocktail transport (covoiturage, transport collectif et actif, autopartage) ou en réduisant la cylindrée des voitures », a indiqué M. Guilbault.

Outre le chantier de l'écofiscalité, la Stratégie de développement durable engage le gouvernement Couillard à se doter l'an prochain d'une politique sur la qualité de l'air. Il soutiendra aussi des projets de lutte contre les îlots de chaleur dans les villes.

Québec mettra également en place des mesures pour prévenir le gaspillage alimentaire et modifier les critères des appels d'offres gouvernementaux pour favoriser les achats écoresponsables.