Bien qu'extrême, l'histoire de Jeremy Spiro braque les projecteurs sur un côté sombre, mais bien réel du soccer. Selon une récente étude, les comportements de violence physique et verbale sont chose courante sur les terrains. Insultes, racisme, menaces, crachats, bousculades et coups de poing: le populaire sport auquel s'adonnent chaque année près de 200 000 Québécois est devenu le théâtre de comportements que l'on associait jusqu'à présent bien plus au hockey qu'à l'univers de David Beckham.

Selon les travaux de chercheurs de deux universités québécoises, qui ont interrogé 609 jeunes de 12 à 17 ans inscrits à un programme sport-études, 75% des joueurs ont été témoins d'au moins un geste d'intimidation verbale durant leur année sportive. La moitié ont admis en avoir été victimes. Autant disent avoir souffert d'intimidation physique, plus encore (59%) d'actes violents, comme des tackles dangereux, des coups de poing et de coude.

Une situation qualifiée «d'inquiétante» par la Fédération de soccer, qui rappelle que les coups sont totalement interdits.

«L'existence des phénomènes d'intimidation et de violence au soccer chez les joueurs de 12 à 17 ans ne fait aucun doute», affirme un des auteurs de l'étude obtenue par La Presse, Martin Gendron, professeur à l'Université du Québec à Rimouski. Selon lui, les raisons sont nombreuses. Il croit d'abord que l'engouement pour le ballon rond a gagné des amateurs de hockey, qui ont amené avec eux la mentalité qu'on leur reproche tant dans les arénas. «Le soccer n'est pas un sport de contact au même titre que le hockey, mais il y a des gens qui transposent les attitudes agressives du hockey au soccer et ça passe moins bien», dit-il.

Il craint aussi que le sport soit victime de son succès. En l'espace de quelques années à peine, le ballon rond est devenu plus de trois fois plus populaire que la rondelle. «À cause de cette croissance fulgurante, des gens se sont retrouvés arbitres ou entraîneurs sans vraiment de formation, note-t-il. Leur rôle est pourtant étroitement lié à l'éthique de jeu et au respect des règles.»

Malgré un sombre portrait, Martin Gendron se veut rassurant. Un incident aux conséquences aussi graves que ce qui est arrivé à Jeremy Spiro est «minoritaire» sur les terrains de soccer. «Mais il y en a, dit-il. Et ce n'est pas parce qu'un coup ne blesse pas qu'il est acceptable.»