La Cour du Québec a rejeté, hier, la poursuite en diffamation lancée par Andy Srougi, du groupe Fathers-4-Justice, contre le magazine alternatif À bâbord! et une de ses collaboratrices. M. Srougi est ce militant qui avait escaladé le pont Jacques-Cartier et bloqué la circulation pendant 12 heures, en 2005, pour protester contre le système judiciaire qui, selon lui, favorise les mères dans les causes de garde parentale.

M. Srougi, père de deux enfants, réclamait 25 000$ à la petite revue communautaire, qui avait cité son nom dans un article intitulé "Des hommes contre le féminisme". L'auteure, Barbara Legault, affirmait que le "masculinisme", une idéologie défendue par Fathers-4-Justice, "prétend que les problèmes des hommes (comme l'échec scolaire des garçons) sont causés par la "domination des femmes" et par le féminisme".

Elle rappelait que quatre membres de Fathers-4-Justice, dont M. Srougi, avaient tenté de s'introduire dans une soirée-spectacle féministe dans un but d'intimidation. La police avait dû intervenir. M. Srougi prétendait que cet article avait porté atteinte à sa réputation et lui avait causé une détresse émotionnelle.

Survie menacée

La revue À bâbord!, aux moyens financiers très limités, craignait pour sa survie si elle était condamnée. Mais hier, le juge Henri Richard a rejeté la requête de M. Srougi. Il souligne que celui-ci n'a démontré aucun dommage. Pendant le procès, il a invectivé un autre juge qui n'avait pas abondé dans son sens dans son dossier de nature matrimoniale. "Ses agissements impulsifs et déraisonnables le desservent puisque, en agissant de la sorte, il se tire dans le pied", écrit M. Richard.

Après s'être fait signifier la poursuite en diffamation, la société sans but lucratif qui publie la revue a réclamé 10 000$ pour des frais en honoraires extrajudiciaires et 10 000$ pour une atteinte à la liberté d'expression. Le juge a rejeté ces requêtes. M. Srougi avait le droit d'intenter sa poursuite, dit-il, et celle-ci n'a pas empêché la revue de continuer à paraître.