Vingt ans pile après avoir enlevé, torturé et tué Rhéa Brochu, Pierrette Anglehart, la tristement célèbre femme du «couple maudit», serait elle-même à l'article de la mort.

Selon une information obtenue par La Presse, que le Service correctionnel du Canada refuse cependant de confirmer, la femme de 59 ans aurait quitté la prison des femmes de Joliette pour un hôpital, cette semaine, en raison de la détérioration de son état de santé. Mme Anglehart souffrirait depuis un certain déjà de cancer. Jean-Yves Roy, le porte-parole du Service correctionnel du Canada, a indiqué hier que l'état de santé d'un détenu est de nature confidentielle. Un communiqué est toutefois publié lorsqu'un détenu meurt.

La Commission nationale des libérations conditionnelles a cependant confirmé à La Presse que ni elle ni son conjoint et complice de l'époque, Denis Fréchette, n'ont obtenu de sortie depuis leur condamnation à la prison à vie en 1989. En fait, ils n'ont adressé aucune demande à la Commission.

Les crimes de Anglehart et Fréchette avaient horrifié la population. Entre juillet et septembre 1988, cette mère de trois enfants, toute menue et ne pesant pas 100 livres, avait enlevé et agressé sexuellement six femmes dans la région de Montréal, avec Denis Fréchette qui avait 10 ans de moins qu'elle. Ils allaient souvent jusqu'à torturer leurs victimes, mais c'est avec Rhéa Brochu qu'ils ont atteint le sommet de leur cruauté. Le 9 septembre 1988, vers 18h, sous la menace d'un couteau, ils enlevaient cette femme de 40 ans dans le stationnement d'un centre commercial de Pointe-aux-Trembles. Circulant à bord de la voiture de Mme Brochu, ils ont emmené la pauvre femme dans un bois d'Oka, et se sont livrés aux pires sévices sur elle, la violant à répétition, la torturant, la traînant avec une laisse de chien, pour finir par l'étouffer avec un sac de plastique et abandonner son cadavre dans un bosquet.

Grands consommateurs de drogue et d'alcool, Anglehart et Fréchette étaient épinglés dans les jours suivants. Les preuves étaient écrasantes. Ils reconnaissaient leur participation à l'enlèvement de Mme Brochu, mais s'accusaient mutuellement du meurtre. Leur procès avait duré huit semaines à l'automne 1989, mais le jury n'avait mis que 90 minutes à les déclarer tous deux coupables de meurtre prémédité. Lors d'un autre procès, ils ont reçu des peines concurrentes pour les enlèvements et agressions sexuelles de cinq autres femmes.