Inspirés par la droite américaine, les conservateurs de Stephen Harper caressent le désir de saper le droit à l'avortement en plus d'abolir le contrôle des armes à feu, a fait valoir dimanche le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

Dès le déclenchement de l'élection, le leader souverainiste est passé en mode attaque, livrant une charge à fond de train contre le premier ministre sortant, qu'il associe au président américain George W. Bush.

Comme les républicains de M. Bush, Stephen Harper et ses conservateurs militent pour «la libre circulation des armes à feu», a dit M. Duceppe, à Montréal, dans son allocution suivant le coup d'envoi officiel de la campagne électorale.

Le biais qu'affiche le PC pour les armes à feu heurte de plein fouet les Québécois «déterminés à éviter d'autres tragédies comme les tueries de Dawson et de l'Ecole polytechnique», a déclaré le chef du Bloc.

Sur sa lancée, M. Duceppe a aussi accusé les conservateurs d'instaurer «la censure» dans les arts et de vouloir miner, voire abolir, le droit à l'avortement.

«Ils voudraient retirer aux femmes des droits acquis de haute lutte», a-t-il argué, faisant allusion au projet de loi C-484 sur le statut juridique du foetus.

Pour compléter ce portrait plutôt sombre, le leader des troupes du Bloc a déclaré que l'idéologie du président républicain des Etats-Unis «conditionne toutes les décisions» des conservateurs canadiens.

«N'oublions jamais, jamais, que Stephen Harper voulait entraîner le Canada dans la guerre en Irak en 2003. Comme George W. Bush, Stephen Harper a tout fait pour saboter Kyoto; il défend l'industrie pétrolière plutôt que l'environnement», a-t-il énuméré.

Par la suite, devant quelque 500 militants et candidats réunis en conseil général électoral, M. Duceppe en a remis, cette fois contre les cinq ministres québécois du cabinet Harper. Ces derniers, a-t-il dit, ont trahi les régions en s'opposant aux mesures proposées aux Communes par le Bloc.

«Ils ont manqué de respect non seulement pour leur région mais aussi pour l'ensemble des Québécois. Ils ont tout fait ça minoritaires, imaginez s'ils étaient majoritaires!», a ironisé le chef souverainiste, invitant de nouveau les électeurs à faire front derrière le Bloc pour priver les conservateurs d'une majorité aux Communes.

Le conseil général s'est par ailleurs déroulé en l'absence de la chef péquiste Pauline Marois. Invitée à titre d'oratrice, cette dernière a dû annuler sa participation, tôt dimanche matin, souffrant apparemment d'une intoxication alimentaire. Elle devait subir une batterie de tests au cours de la journée dans un centre hospitalier de l'ouest de l'île de Montréal.

Dernier coup de pinceau au grand tableau électoral, l'organisation bloquiste a également présenté dimanche sa ritournelle de campagne, intitulée «Le Bloc répond Présent».

Oeuvre d'un collectif et interprétée par le chanteur Matt Laurent, la chanson se veut elle aussi une attaque en règle contre les conservateurs. Le deuxième couplet se lit comme suit:

«Gens de guerre, doctrinaires;

Qui se foutent de mon air, de mes rivières;

Pour enrichir les pétrolières.»

M. Duceppe a terminé sa journée de campagne en faisant acte de présence à une épluchette de blé d'inde tenue par des militants de sa circonscription de Laurier-Sainte-Marie, au centre sud de Montréal.