Dure semaine pour Conrad Black. Mercredi, un tabloïd britannique a publié un article et une photo peu flatteuse sur sa nouvelle vie en prison. Et pour clore le tout, on a appris hier que la justice américaine a une fois de plus rejeté sa demande de révision.

Trois juges de Chicago ont refusé à la mi-août de se pencher une nouvelle fois sur les condamnations de l'ex-magnat de la presse. Les juges répondaient ainsi à la demande de Black, qui avait contesté une décision rendue le 25 juin qui confirmait sa culpabilité.

L'ex-dirigeant de Hollinger International devra s'y faire: il restera derrière les barreaux du pénitencier fédéral de Coleman, en Floride, où il purge actuellement une peine de six ans et demi pour fraude et entrave à la justice.

Selon le quotidien britannique The Mail, toutefois, Conrad Black semble être relativement... à l'aise dans son nouveau chez-soi. The Mail avance que Black se serait bâti un «petit fief» dans la prison où il est détenu depuis plus de cinq mois.

Les codétenus le surnommeraient «Lordy», selon le journal. «Il s'est organisé pour que son partenaire de cellule devienne son majordome, coursier et homme de ménage», écrit la journaliste Kathryn Knight, en se basant sur des sources anonymes.

Le clou du dossier de 2500 mots demeure la photographie de Conrad Black, prise dans la cour extérieure du pénitencier. On y voit l'ex-magnat de la presse dans une tenue qui, pour être poli, doit plaire à ses détracteurs.

Black, qui porte maintenant le nom de «détenu 18 330-424», est chaussé de souliers bateau et vêtu d'une chemise noire et d'un pantalon de coton ouaté gris roulé d'un côté. À côté de lui pose un homme, que The Mail décrit comme un codétenu.

«Au moins, il a un sourire dans le visage. Mais il n'y a pas grand-chose d'autre dans la photo que ses collègues et associés d'autrefois pourraient autrement reconnaître», écrit le journal.

Conrad Black serait arrivé en prison en mars dernier «avec seulement ses lunettes, ses somnifères et un tube de baume à lèvres». Au début, on lui a assigné la tâche de laveur de vaisselle, selon le tabloïd.

Mais petit à petit, Black a fait sa place. Le financier déchu aurait été promu à la bibliothèque, où il aurait un accès illimité à l'Internet. Conrad Black publie d'ailleurs fréquemment des chroniques dans le numéro du samedi du National Post.

En fait, l'homme qui fêtera ses 64 ans ce lundi aurait dit à un ami que la prison était «mieux qu'il croyait». «Conrad reste très snob, même s'il suit la même routine que les autres prisonniers, a dit une source à The Mail. Il s'est dit choqué par le manque d'éducation de la majorité de ses compatriotes détenus.»

Pour remédier à la situation, Conrad Black donne des cours sur l'histoire des États-Unis dans la bibliothèque de la prison. Une activité devenue si populaire que la prison a dû trouver une plus grande pièce pour accueillir les détenus et les gardiens avides de savoir.

Pendant ce temps, la femme de Conrad Black, Barbara Amiel, resterait terrée dans sa luxueuse maison de Palm Beach, en Floride. Lady Black s'est d'ailleurs vidé le coeur dans la revue Macleans du 23 juillet dernier. La journaliste de formation y signe une chronique depuis 2005.

Selon Mme Amiel, Conrad Black a été «diffamé sans fondements, dépouillé à tort, faussement accusé, impudemment persécuté, innocemment reconnu coupable et puni de manière grotesque». Si les riches et les bien-connectés ne peuvent avoir de justice, écrit-elle, «quelle chance a n'importe qui d'autre?»

Conrad Black a maintenant une dernière «chance»: la Cour suprême. Son avocat, Andrew Frey, a révélé que son client a jusqu'au 12 novembre pour en appeler devant la Cour suprême des États-Unis.

Avec The Mail