Le ministre de la Santé, Tony Clement, affirme que la réaction du gouvernement fédéral à l'éclosion mortelle de listériose démontre que le système de santé fonctionne comme il est supposé le faire, même s'il s'est apparemment écoulé un mois entre les premiers soupçons et l'ordre de rappel des produits des Aliments Maple Leaf.

En conférence de presse, dimanche à Ottawa, M. Clement a soutenu que le système de surveillance a permis de détecter le problème de santé publique et de réagir efficacement. Il a qualifié de tragique le fait que quatre personnes aient perdu la vie, mais insisté pour dire que le système de surveillance a fonctionné.

Des représentants des autorités municipales et provinciales ont dit à La Presse Canadienne, la semaine dernière, que les autorités responsables de la santé à Toronto ont commencé à s'inquiéter à la mi-juillet au sujet de deux cas de listériose dans un centre d'hébergement et de soins de longue durée. Mais il a fallu des semaines pour remonter la chaîne alimentaire, obtenir des échantillons des produits de viande suspects et mener des tests en laboratoire.

Le ministre a reconnu qu'il y avait toujours place à l'amélioration, mais a continué de dire qu'une fois avisé du problème, Ottawa avait agi aussi rapidement que possible.

Plus tôt, la compagnie Maple Leaf avait fait savoir qu'un total de 220 produits alimentaires - pratiquement tout ce qui était produit par son usine de Toronto - ont été rappelés.

Le président et chef de la direction des Aliments Maple Leaf, Michael H. McCain, a déclaré dimanche en conférence de presse à Toronto que la compagnie évalue à 20 millions $ le coût du rappel. C'est 10 fois plus que le montant initialement estimé, quand seulement une vingtaine de produits avaient été retirés des tablettes, plus tôt en août.

M. McCain a tenu à dire que l'élargissement du rappel constitue une mesure de précaution, et qu'aucune trace de la bactérie Listeria n'a été trouvée dans aucun autre produit à l'exception de ceux ayant fait l'objet du premier rappel.

La compagnie a pris la décision d'élargir son rappel après avoir reçu des résultats de tests fédéraux reliant l'usine de Toronto à l'apparition de la listériose, a ajouté M. McCain. À la lumière de ces nouvelles données, nous estimions devoir adopter l'approche la plus conservatrice possible, et nous avons décidé de rappeler 100 pour cent des produits fabriqués à cette usine, a indiqué M. McCain.

Le travail de désinfection de l'usine va bon train, et l'entreprise espère pouvoir la rouvrir mardi, tout dépendant des résultats des tests, a ajouté M. McCain.

Le PDG a précisé que l'entreprise allait convoquer une équipe internationale d'experts sur la listériose pour examiner le processus d'aseptisation de Maple Leaf et conseiller la compagnie sur les moyens lui permettant de réduire les risques posés par la bactérie Listeria. Mais il ajoutait qu'il était peu probable qu'on trouve la source de la contamination, parce que la bactérie est présente partout dans notre environnement. Des représentants fédéraux ont confirmé cette assertion, précisant qu'il est particulièrement difficile de retracer la source exacte de la contamination à l'intérieur de l'usine.

Tôt samedi, l'Agence canadienne d'inspection des aliments et l'Agence de la santé publique du Canada ont confirmé que la souche de la bactérie Listeria ayant infecté une vingtaine de Canadiens jusqu'à présent correspondait à la souche de Listeria identifiée dans deux échantillons de produits alimentaires Maple Leaf rappelés, fabriqués à l'usine torontoise.

La contamination a provoqué l'apparition de 21 cas de listériose confirmés au pays, dont quatre ayant entraîné des décès - trois en Ontario et un en Colombie-Britannique. Une trentaine d'autres cas présumés, dont huit au Québec, sont sous enquête.

Comme l'apparition des symptômes chez une personne infectée par la listériose peut prendre jusqu'à 70 jours, les autorités sanitaires s'attendent à ce que la liste des cas continue de s'allonger au cours des prochaines semaines.