Une nouvelle étude pourrait aider les sondeurs à prédire comment vont voter les indécis, et ce, avant que les électeurs eux-mêmes ne le sachent.

L'étude, qui sera publiée vendredi dans le magazine Science, suggère que les personnes se disant indécises à l'égard d'une question ont déjà fait leur choix inconsciemment.

L'étude a été menée l'année dernière par une équipe de chercheurs de l'Université Western Ontario et de l'Université de Padoue, en Italie.

L'équipe a analysé les «associations mentales automatiques» de 129 résidants de Vicence, en Italie, à propos de l'agrandissement controversé d'une base militaire américaine dans leur communauté.

Par le biais d'un examen à l'ordinateur, les chercheurs ont demandé aux participants de catégoriser une série de mots, parsemés d'images de la base militaire, selon qu'ils les considéraient comme positifs ou négatifs. À l'occasion du vote, la semaine suivante, les chercheurs ont découvert que les choix réfléchis des participants reflétaient invariablement leurs premières associations automatiques.

Le responsable de l'étude à l'Université Western Ontario, Bertram Gawronski, a affirmé que le test avait permis aux chercheurs de prédire le choix de 70 pour cent des participants qui s'étaient tout d'abord dits indécis.

Selon M. Gawronski, ce n'est pas tant que les gens ne connaissent pas leurs propres opinions. Mais lorsqu'ils prennent une décision, «il existe déjà une graine ou une racine en place depuis longtemps et les gens n'en sont peut-être pas conscients», a-t-il indiqué en entrevue.

Le chercheur a toutefois précisé que les politiciens ne devraient pas renoncer à gagner le vote des électeurs indécis. Les associations automatiques peuvent être éclipsées dans le cas d'une erreur importante de la part d'un chef ou d'un coup de relations publiques.

Il existe cependant quelques difficultés techniques à régler avant d'appliquer l'étude aux sondages d'opinion publique. Mais M. Gawronski a indiqué qu'elle pourrait éventuellement faciliter les prévisions des sondeurs quand aux électeurs indécis et, par conséquent, prédire les résultats de scrutins avec une plus grande exactitude.

Des chercheurs auraient déjà utilisé les examens d'association automatique aux États-Unis, selon le chercheur canadien, pour déterminer si les indécis penchent du côté du démocrate, Barack Obama, ou du républicain, John McCain. Les résultats seraient sujets à controverse.

M. Gawronski a affirmé qu'il existait des preuves empiriques indiquant que les Américains ne sont pas à l'aise avec l'idée d'élire un président afro-américain, malgré qu'il n'y ait pas encore de données pour le prouver.