Les vacances sont arrivées! Vous rêvez de ballades en vélo sur les pistes cyclables de la région. Vous vous voyez en train de parcourir la Campagnarde en admirant de chaque côté de la piste les coloris éclatants des fleurs des champs qui parsèment votre route sur toute sa longueur.

Détrompez-vous. La veille des vacances, soit le vendredi 20 juin, on a bien pris soin de faucher les deux bordures de la piste, faisant disparaître la plupart de ces fleurs, tout cela pour que vous ayez une piste bien propre. Adieu les bouquets de marguerites sauvages, les vergerettes roses, les oeillets des prés, le jaune or du laiteron ou du salsifis des prés qui commençaient tout juste à fleurir! Tout ça vient d'être soigneusement rasé sur une largeur de cinq à six pieds de chaque côté de la piste. Je veux qu'on nous explique pourquoi on fait disparaître ainsi ce qui constitue un des enchantements de cette piste «campagnarde» et une véritable exposition de botanique, gratuite en plus. Dans d'autres parcs pas si loin, on interdit de cueillir les fleurs. Et la Campagnarde n'est pas un parc?

Ces anciennes voies ferrés sont des corridors rectilignes sur des kilomètres souvent en zone boisées et y circuler engendre une certaine monotonie. Point de défi pour l'amateur de vélo. L'oeil du cycliste s'attarde donc sur les petites choses comme les éléments naturels rencontrés le long de la piste: un pont qui enjambe un ruisseau, une zone humide peuplée de quenouilles, un arbre remarquable, parfois un animal sauvage... Et le plus enchanteur de toutes, ce sont bien toutes ces fleurs sauvages qui essaiment sur son parcours. Qu'on ne nous réponde pas que l'on est obligé de tout couper cela à la mi-juin pour enrayer l'envahissement de la piste par la végétation. Ces belles plantes poussent en bordure de la piste et leur hauteur est limitée. Qu'on les laisse au moins fleurir et qu'à la fin de la saison, soit à la fin du mois d'août ou au début de septembre, qu'on passe la faucheuse, je suis bien d'accord. Et on obtiendra le contrôle de la végétation recherché sans priver tous les vacanciers du bonheur de contempler ces bouquets de fleurs sauvages.

Savez-vous que les abords de la piste renferment de petit trésors, à commencer par une variété rare d'orchidée indigène, du type habénaire, que je n'ai vu nulle part ailleurs? On en compte tout au plus une douzaine de plants tout le long du parcours entre Roxton Falls et Waterloo... plants dont plusieurs sont fauchés avant que la plante n'ait eu le temps de mener ses graines à maturité. Sur la même portion de la Campagarde, une autre fleur remarquable qui produit de magnifiques fleurs orangées en juillet est le lys du Canada, aussi espèce menacée. Celles que j'avais ainsi repéré l'été dernier ont été fauchées quelques jours plus tard. Vraiment, cela nous désole car c'est contraire à la vocation de telles pistes qui offrent au promeneur un contact proche avec la nature. Le gestionnaire de la piste devrait protéger ces espèces qui constituent une richesse au niveau de la biodiversité.

Pire encore. À la fin de l'été dernier, on a répandu un produit qui ressemble bien à de l'insecticide puisque la végétation qui borde la piste a jauni tout d'un coup. Nos enfants jouent sur cette piste. On y cueille en famille des petites fraises des champs et des mûres. Plusieurs des ruisseaux qui coulent le long de la piste vont se jeter dans le réservoir du parc de la Yamaska, où nous enfants se baignent aussi. Nous nous opposons donc vigoureusement à tout épandage d'herbicide le long de la Campagnarde. Et que l'on cesse de copier le modèle d'entretien qui prévaut pour les chemins ruraux afin de favoriser une approche en conformité avec la vocation de parc linéaire qu'est la Campagnarde. Une coupe par saison suffit!

Jean-Thomas Bédard et Nathalie Durand Saint-Joachim-de-Shefford