Le policier qui a fait feu sur le jeune Fredy Villanueva dans un parc de Montréal-Nord samedi a eu raison de sortir son arme, estime Louise Viau, professeur de droit à l'Université de Montréal.

«Ce n'est pas un dossier pour faire du police bashing, selon les faits dévoilés pour l'instant. Les policiers patrouillaient dans un quartier chaud avec des problèmes de délinquance. Une policière armée s'est fait agripper par au moins un jeune. Si le jeune l'avait désarmée, il y aurait eu un danger immédiat pour sa sécurité», indique Mme Viau, spécialiste des poursuites judiciaires contre les policiers.

Les policiers ont la directive de sortir leur arme lorsqu'il y a un danger imminent pour leur vie. À l'École nationale de police du Québec, on leur enseigne à viser la plus large surface possible, soit le centre du corps, explique le professeur, qui a fait partie de la commission Poitras, chargée d'étudier les méthodes d'enquête de la Sûreté du Québec à la fin des années 90.

Des citoyens indignés par l'intervention policière se sont demandé pourquoi les agents n'avaient pas tiré en l'air ou utilisé le pistolet à décharge électrique Taser. «Tirer en l'air, c'est très dangereux. Les projectiles retombent. À l'École de police, on enseigne de ne pas le faire», souligne-t-elle. Serait-il mieux pour les citoyens que la police soit armée d'un pistolet à décharge électrique plutôt que d'une arme à feu? Non, répond le professeur de droit. «Vous arriveriez dans un quartier où des membres de gangs de rue se promèneraient avec des armes à feu, mais vous, vous n'en auriez pas. Cela équivaudrait à se défendre à armes inégales», a conclu Mme Viau.