Le chef du Parti libéral Stéphane Dion part en mission. Il tentera de convaincre des Albertains en grogne d'accepter l'idée d'imposer une taxe sur le carbone pour combattre les changements climatiques même si cela peut avoir des conséquences importantes sur l'économie de la province.

Faisant fi de l'hostilité manifestée dans certaines provinces à l'endroit de son plan environnemental, M. Dion débarquera à Calgary vendredi et passera en tout cinq jours dans cette province de l'Ouest afin d'expliquer aux Albertains les grandes lignes de ce fameux plan, Le tournant vert.

M. Dion, qui compte jouer sa carrière politique aux prochaines élections pour défendre ce plan controversé, participera notamment au Stampede de Calgary samedi et se rendra à Edmonton dimanche et lundi avant de rentrer à Ottawa mardi.

Depuis qu'il a dévoilé la pièce maîtresse du programme de son parti aux prochaines élections fédérales, il y a deux semaines, M. Dion a essuyé une pluie de critiques des premiers ministres de l'Alberta et de la Saskatchewan. Ces deux provinces seraient les plus touchées par les mesures qu'il propose puisqu'elles sont responsables à elles seules de 40 % des émissions de gaz à effet de serre produites au Canada en raison de la nature de leur économie respective. Le plan libéral propose d'imposer des taxes sur les combustibles fossiles comme le charbon, le gaz naturel, le mazout et le diesel. La hausse des coûts directs pour un ménage moyen sera d'environ 250 $ par an la quatrième et dernière année de la mise en oeuvre du plan. Cette augmentation sera principalement causée par la hausse des frais de chauffage et d'électricité. Aucune taxe supplémentaire ne sera imposée sur l'essence, dont le prix a grimpé en flèche au cours des derniers mois.

En tout, la taxe sur le carbone devrait permettre au gouvernement fédéral de recueillir 15,3 milliards de dollars en revenus. Cette somme serait utilisée pour réduire les impôts des contribuables (11,2 milliards) et des entreprises (3,8 milliards).

En fin de semaine, à Yellowknife, les premiers ministres des trois territoires canadiens ont aussi rejeté l'idée de taxe sur le carbone que veut imposer M. Dion.

Les premiers ministres des Territoires du Nord-Ouest, Floyd Roland, du Yukon, Dennis Fentie, et du Nunavut, Paul Okalik, ont soutenu au terme d'une réunion de deux jours que le plan libéral est injuste pour les populations qui vivent dans le nord du pays.

Selon eux, cette taxe serait injuste parce qu'elle ferait payer les consommateurs, surtout que dans le nord du pays, les résidants doivent déjà payer plus cher pour des biens et services, en raison de l'éloignement.

M. Fentie a également fait valoir qu'il n'est pas prouvé qu'une telle taxe sur le carbone puisse aider le Canada à diminuer ses émissions de gaz à effet de serre. Les premiers ministres territoriaux aimeraient plutôt favoriser des sources d'énergie alternatives comme l'hydroélectricité ou l'éolien.

La grogne pourrait aussi s'étendre en Colombie-Britannique. Depuis le 1er juillet, les habitants et les entreprises de cette province doivent payer une taxe sur le carbone de 2,4 cents le litre. La taxe s'applique aussi au diesel et à l'huile de chauffage.

Dans une entrevue accordée à La Presse lundi, le critique libéral en matière d'environnement, David McGuinty, s'est dit convaincu que les Albertains ne seront pas hostiles à M. Dion lorsqu'il se pointera à Calgary et à Edmonton.

«Les gens de l'Ouest sont aussi très préoccupés par toute la crise des changements climatiques. Je pense que le plan que M. Dion va défendre n'est pas ancré dans une idéologie, mais il est basé sur la science. Donc, c'est le seul et unique plan au Canada qui essaie d'intégrer d'une façon cohérente l'économie et l'environnement», a affirmé M. McGuinty.

Le député libéral a souligné que la communauté internationale n'a pas beaucoup de temps devant elle pour renverser les effets des changements climatiques. «Nous avons jusqu'en 2070, selon les scientifiques, sinon nous mettons en danger de 30 à 40 % de toutes les espèces connues sur la planète.»

«M. Dion va très bien faire dans l'Ouest. (...) Nous devons prendre une décision comme pays de 33 millions de personnes. Quelle est la solution de rechange? On fait semblant qu'on ne peut rien faire? On fait semblant que rien ne va changer au cours des prochaines années? Nous n'avons plus le choix. Il faut restreindre l'utilisation du carbone maintenant. M. Dion va répondre à toute hostilité qu'il pourrait y avoir avec sa sincérité», a-t-il dit.

- Avec La Presse Canadienne