Pour poivrer un récalcitrant, les policiers utiliseront peut-être bientôt une version améliorée de la fameuse bonbonne aérosol: un pistolet qui projette une giclée de poivre liquide jusqu'à six mètres de distance. Cette nouvelle arme, présentée pour la première fois aux chefs de police canadiens en congrès cette semaine à Montréal, se veut un outil «100% non mortel», contrairement aux pistolets à décharge électrique comme le Taser.

André Blouin, représentant québécois de la société suisse Piexon qui a conçu le «pistolet poivreur», affirme que l'arme est utilisée depuis deux ans en Europe et aux États-Unis et qu'elle est «sans danger de mort». «Alors qu'avec le pistolet électrique, on sait ce qui arrive, dit M. Blouin. Il y en a qui vont dire qu'ils sont morts d'autre chose, mais ça ne fait rien. L'idée est que la mort est potentielle (avec une décharge de pistolet de type Taser).»

Ainsi, 21 personnes sont mortes au Canada depuis 2003 à la suite d'une intervention où un pistolet à décharge électrique a été utilisé, selon Amnistie internationale. Le plus connu est le Polonais Robert Dziekanski, dont l'arrestation filmée à l'aéroport de Vancouver a suscité inquiétude et réprobation dans le monde entier. La responsabilité directe de la décharge électrique dans ces décès n'a jamais été clairement démontrée, mais de nombreuses organisations réclament un moratoire sur l'utilisation de ce pistolet. L'Association médicale canadienne demande notamment que l'arme fasse l'objet d'études scientifiques indépendantes.

Pour sa part, M. Blouin dit avoir eu jusqu'ici une «superbe» réponse de la part des chefs de police rencontrés. La perspective qu'une intervention avec un pistolet à décharge électrique tourne mal en ferait réfléchir plus d'un. «Le policier qui est sous enquête doit être mis au rancart, on le paie, ça coûte cher.»

Le pistolet «à décharge poivrée» projette un mélange de poivre de Cayenne et de chili au visage de la personne visée. Celle-ci est alors aveuglée, désorientée et a des difficultés à respirer, donnant au policier l'occasion de la maîtriser. «Les yeux brûlent, on a la sensation que la peau va lâcher, mais une fois qu'on est décontaminé, ça va. Il n'y a aucun danger de mort.»

La décharge est projetée jusqu'à 6,5 mètres, alors que la bonbonne aérosol atteint une cible à moins de 2 mètres. Des lunettes de ski ou même un masque de plongée ne sauraient protéger efficacement contre une giclée bien visée. «Il faut tout de même que la personne ouvre la bouche pour respirer!», dit André Blouin. Une teinture orangée colore aussi le visage ciblé. «Même si la personne voulait s'enfuir, elle aurait l'air fou!» Chaque pistolet coûte environ 500$, et les cartouches de deux giclées chacune coûtent une quarantaine de dollars.

L'avenir, c'est le Taser

Steve Tuttle, vice-président de Taser International, qui manufacture les pistolets à décharge électrique, continue d'affirmer que son produit «a sauvé beaucoup de vies» puisqu'il est utilisé à la place d'une arme à feu. «L'avenir, c'est le Taser», dit-il, et il n'est pas question de retourner à «l'ère barbare de la matraque».

Il ne craint pas la concurrence du «pistolet poivreur». «Le poivre cause de la douleur ou des blessures, et ça peut durer 40 minutes.» Alors que la décharge électrique paralyse pendant 5 secondes «et ne fait pas mal». «C'est inconfortable, ça ne fait pas du bien, mais ça ne fait pas mal. Je l'ai subi plusieurs fois.»

Taser International est l'un des principaux commanditaires du congrès de l'Association canadienne des chefs de police qui se termine aujourd'hui à Montréal. Le dévoilement des résultats d'une étude du Centre canadien de recherches policières, un organisme fédéral, sur l'utilisation des pistolets Taser devait avoir lieu lundi, avant d'être annulé. Le directeur du Centre, Steve Palmer, a expliqué que le rapport devra d'abord être soumis à une évaluation d'experts indépendants. Les résultats ne sont pas attendus avant 2009.

L'Association canadienne des chefs de police avait commandé l'étude sur les pistolets à impulsion électrique l'automne dernier à la suite du décès de Robert Dziekanski.

D'autres produits présentés aux chefs de police en congrès à Montréal

Sales menottes

> Quoi? Un bassin en forme de friteuse pour désinfecter les menottes.

> Combien? Environ 700$.

> Pourquoi?

«Dans la société actuelle, une profusion accablante de pathogènes transmissibles par le sang pose un danger réel», est-il écrit dans le dépliant de l'entreprise albertaine Cuff Cleaner. Et ces menottes sont pleines de mécanismes où ces sales bestioles peuvent se loger. La solution: tremper les menottes dans la solution désinfectante soumise à des ondes sonores à haute fréquence. Les microbes ne résisteront pas. Passer les menottes n'aura jamais été une opération aussi propre.

Le troisième œil

> Quoi? Une caméra cachée dans une lampe de poche.

> Combien? Environ 2000$.

> Pourquoi?

À utiliser autant sur les scènes de crimes un peu trop sombres comme lors d'une arrestation sur le bord de la route. On pourra filmer le contrevenant éméché en train de marcher sur la ligne blanche, et lui envoyer comme preuve. «Ça évitera d'aller en cour», dit Sylvain Arsenault, de l'entreprise Digital Ally.

Le pot-o-test

> Quoi? Un genre d'alcootest, mais pour les drogues.

> Combien? Environ 3200$.

> Pourquoi?

L'appareil est conçu pour détecter la présence de THC (cannabis), de cocaïne ou de méthamphétamines dans la salive d'un automobiliste suspect au cours d'un contrôle routier. Les résultats ne sont pas admissibles en cour, mais ils servent à emmener au poste de police les conducteurs dont le test positif. Les examens approfondis menés ensuite au poste de police permettent d'inculper les fautifs. L'appareil, conçu par Veritest, est notamment utilisé en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Australie.