Sept dollars. C'est tout ce que coûte une AVE (ou autorisation de voyage électronique) requise pour certains voyageurs pour entrer au Canada. Or, nombre d'entre eux ont versé beaucoup plus que cette modique somme. Ils ont été induits en erreur par les nombreux sites qui offrent ce même service et qui demandent beaucoup plus cher que le site officiel du gouvernement pour ce document.

Depuis 2016, les citoyens de pays qui n'ont pas besoin de visa pour rentrer au Canada - ou pour y transiter - doivent se procurer une AVE, semblable au ESTA des États-Unis. Parmi ces nombreux pays, on compte notamment la France, l'Italie, le Japon et l'Australie. Les citoyens états-uniens sont toutefois exemptés. La procédure se fait en quelques clics sur le site du gouvernement du Canada, et ne coûte que 7 $.

Or, cette démarche simple a parfois le don de se compliquer, parce que de nombreux sites offrent de délivrer des AVE, tout en facturant des prix prohibitifs. Selon le gouvernement du Canada, certains voyageurs ont dû allonger jusqu'à 85 € pour obtenir leur autorisation (donc 135 $ environ). Cela ne veut pas dire que l'AVE délivrée ne sera pas valide, mais simplement qu'elle aura été plus coûteuse que prévu.

Le site du gouvernement du Canada est le seul site officiel pour soumettre une demande d'AVE, précise-t-on à l'IRCC (Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada).

Toutes les autres entreprises, même si elles affichent un unifolié en en-tête, n'agissent pas au nom du gouvernement. Elles se présentent comme des intermédiaires qui aident les gens dans leur démarche. Souvent, toutefois, elles ne précisent ces détails qu'en minuscules caractères. Il est donc très facile de tomber sur l'un de ces sites trompeurs, tout en pensant qu'il s'agit de la voie officielle.

C'est ce qui est arrivé à Florence Saugues, une touriste française qui préparait son voyage au Canada. La veille de son départ, au moment de s'enregistrer pour son vol sur Air France, elle a réalisé qu'elle avait besoin de se procurer une autorisation de voyage électronique de toute urgence. En entrant les mots-clés «demande AVE» dans un moteur de recherche sur l'internet, elle s'est retrouvée sur le site de la société LeikoWeb, qui a toutes les allures d'un site officiel.

Après avoir rempli le formulaire, elle a été surprise de constater que le montant de la transaction s'élevait à 59 € (environ 95 $). «Je me suis dit, bon, c'est cher, mais ça doit être le prix», raconte Mme Saugues, jointe au téléphone pendant son séjour à Montréal. Ce n'est que plus tard, après s'être renseignée, qu'elle a compris sa méprise.

Elle a toutefois bel et bien reçu une AVE. Est-elle valide? L'histoire ne le dit pas, puisqu'elle en a aussitôt demandé une autre sur le site du gouvernement canadien, qu'elle a utilisée lors de son passage à l'aéroport. Quant à celle délivrée par le premier site, elle a contesté les frais auprès de sa banque et espère obtenir un remboursement.

«Normalement, je suis très vigilante par rapport à tout ça. Mais là, comme j'étais un peu dans l'affolement, je n'ai pas tout vérifié», regrette-t-elle.

Sur les forums du Routard et de TripAdvisor, notamment, de nombreux voyageurs se plaignent d'être tombés dans le même panneau. En faisant des recherches sur le web, La Presse a constaté qu'il existe au moins huit sites qui peuvent effectivement avoir l'air trompeurs.

Au-delà de l'argent perdu, les internautes se questionnent sur les informations hautement personnelles qu'ils ont dû transmettre.

Vigilance et prévention

Au gouvernement du Canada, on affirme être au courant de l'existence de ces sites trompeurs, et on recommande la vigilance aux voyageurs.

«Nous conseillons aux voyageurs qui présentent une demande d'AVE de faire preuve de prudence dans toutes leurs transactions avec des entreprises qui offrent de l'aide pour obtenir une AVE, affirme Carl Beauchamp, porte-parole du gouvernement, dans un courriel adressé à La Presse. Ces entreprises n'agissent pas au nom du gouvernement du Canada.»

Même si concrètement, les autorités canadiennes ne peuvent pas grand-chose contre ces sites, elles s'attaquent au problème avec de la prévention. «En collaboration avec Affaires mondiales Canada et nos missions diplomatiques à l'étranger, nous menons une campagne d'information pour avertir les voyageurs étrangers. Cela comprend l'affichage d'information sur nos sites web et dans les médias sociaux, ainsi que la publication de communiqués dans les pays visés par l'AVE», conclut le porte-parole.