Les voyages d'affaires ne sont pas de tout repos, mais ils permettent souvent de découvrir de nouveaux endroits. De plus en plus, les gens qui voyagent pour le travail prolongent ces périples utilitaires pour s'offrir de véritables mini-vacances. De grands voyageurs québécois partagent avec nous leurs expériences de «vacances d'affaires».

Les vignobles de Sancerre, en France. Un safari en Afrique du Sud. Et une visite inoubliable du Rajasthan, en Inde. Louis Bélanger-Martin doit certains de ses plus beaux souvenirs à des voyages d'affaires qu'il a prolongés, un phénomène en croissance appelé «bizcations» chez les anglophones.

« Quand je peux greffer quelques jours de vacances à mes voyages d'affaires, je le fais. En proportion du nombre de voyages que je fais, c'est assez peu, mais ça arrive quand même plusieurs fois par année », dit M. Bélanger-Martin, qui est vice-président du conseil d'administration de l'entreprise californienne Global Eagle Entertainment et président de la firme montréalaise W Investments.

Pour quiconque aime voyager, Marie-Claude Vinette a un emploi de rêve : depuis cinq ans, la diplômée en nutrition parcourt le monde pour inspecter les cuisines qui préparent les repas servis dans les avions d'Air Canada, d'Air France et d'All Nippon Airways, entre autres.

Tous ses collègues ne sont pas aussi friands de vacances d'affaires qu'elle, « mais après coup, certains regrettent de ne pas en avoir profité ».

Un sondage commandé l'an dernier par la firme de location d'appartements BridgeStreet a révélé que 60 % des répondants, répartis aux quatre coins du monde, ont déjà intégré un segment personnel à un voyage d'affaires. Dans plus de la moitié des cas, il s'agissait d'une journée ou deux.

« On côtoie de plus en plus de gens qui le font, notamment chez les jeunes », observe Antoine Normand, PDG de Bluebear, une PME de Gatineau qui vend des logiciels de lutte contre l'exploitation des enfants sur l'internet.

Avantageux

À l'époque où il dirigeait DTI Software, Louis Bélanger-Martin encourageait carrément ses employés à rester plus longtemps à l'étranger « pour explorer et s'inspirer ». Bon nombre d'entreprises acceptent sans trop de souci les « bizcations ». Pour le salarié, l'avantage le plus évident est que l'employeur paie le billet d'avion. Certains chanceux arrivent même à se faire rembourser une partie de leurs dépenses personnelles, par exemple lorsqu'ils sont « coincés » à l'étranger pendant un week-end, entre deux rendez-vous professionnels.

Au gouvernement fédéral, les formulaires de voyage comportent une case à cocher pour les fonctionnaires qui veulent prendre du temps pour eux à l'étranger. 

« Il y a deux conditions à respecter : la partie personnelle ne doit rien coûter au gouvernement et doit être approuvée par un gestionnaire comme le sont toutes les vacances », explique Guillaume Legros, qui travaille à Amman, en Jordanie, pour le ministère des Affaires étrangères.

Le regard des autres

Il reste que, dans certains milieux, la crainte de s'attirer les foudres de ses collègues restés au bureau n'est jamais très loin. « Il faut faire très attention. Ça peut vite être mal perçu. En février, rallonger de deux semaines un voyage d'affaires, ça risque de ne pas bien passer », souligne Benoît-Pierre Stock, président de DGB, un importateur de fil à tricoter établi à L'Île-Bizard.

Dany-Pierre Rondeau, qui se rend régulièrement en Asie, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient pour le compte de l'entreprise ontarienne Semex, a déjà profité d'un voyage d'affaires pour assister au mariage d'un ami au Pakistan et passer neuf jours dans le pays. Mais la plupart du temps, ses vacances d'affaires sont beaucoup plus courtes.

Tous ses collègues ne sont pas aussi friands de vacances d'affaires qu'elle, « mais après coup, certains regrettent de ne pas en avoir profité ».

Un sondage commandé l'an dernier par la firme de location d'appartements BridgeStreet a révélé que 60 % des répondants, répartis aux quatre coins du monde, ont déjà intégré un segment personnel à un voyage d'affaires. Dans plus de la moitié des cas, il s'agissait d'une journée ou deux.

« On côtoie de plus en plus de gens qui le font, notamment chez les jeunes », observe Antoine Normand, PDG de Bluebear, une PME de Gatineau qui vend des logiciels de lutte contre l'exploitation des enfants sur l'internet.

Avantageux

À l'époque où il dirigeait DTI Software, Louis Bélanger-Martin encourageait carrément ses employés à rester plus longtemps à l'étranger « pour explorer et s'inspirer ». Bon nombre d'entreprises acceptent sans trop de souci les « bizcations ». Pour le salarié, l'avantage le plus évident est que l'employeur paie le billet d'avion. Certains chanceux arrivent même à se faire rembourser une partie de leurs dépenses personnelles, par exemple lorsqu'ils sont « coincés » à l'étranger pendant un week-end, entre deux rendez-vous professionnels.

Au gouvernement fédéral, les formulaires de voyage comportent une case à cocher pour les fonctionnaires qui veulent prendre du temps pour eux à l'étranger. 

« Il y a deux conditions à respecter : la partie personnelle ne doit rien coûter au gouvernement et doit être approuvée par un gestionnaire comme le sont toutes les vacances », explique Guillaume Legros, qui travaille à Amman, en Jordanie, pour le ministère des Affaires étrangères.

Le regard des autres

Il reste que, dans certains milieux, la crainte de s'attirer les foudres de ses collègues restés au bureau n'est jamais très loin. « Il faut faire très attention. Ça peut vite être mal perçu. En février, rallonger de deux semaines un voyage d'affaires, ça risque de ne pas bien passer », souligne Benoît-Pierre Stock, président de DGB, un importateur de fil à tricoter établi à L'Île-Bizard.

Dany-Pierre Rondeau, qui se rend régulièrement en Asie, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient pour le compte de l'entreprise ontarienne Semex, a déjà profité d'un voyage d'affaires pour assister au mariage d'un ami au Pakistan et passer neuf jours dans le pays. Mais la plupart du temps, ses vacances d'affaires sont beaucoup plus courtes.

Les « bizcations » n'attirent pas tout le monde. Dans le sondage de BridgeStreet, 16 % des répondants ont indiqué ne jamais rallonger leurs voyages d'affaires pour le plaisir. « Je me rappelle d'un collègue qui allait régulièrement à Paris pour le travail, mais qui ne visitait jamais rien. Ça ne l'intéressait tout simplement pas », raconte Serge Gutieres, qui voyage plus de 200 jours par an à titre de directeur des ventes chez Morgan Schaffer.

Certains grands voyageurs ont d'autres façons de joindre l'agréable à l'utile. « Pour moi, le concept de bizcations, c'est que mes voyages d'affaires me permettent d'accumuler des tonnes de milles aériens qui font en sorte que je peux m'offrir des vacances de rêve avec ma famille, confie Philippe Thériault, cadre pour la société technologique américaine Red Hat. Prolonger un voyage au bout du monde sans mon épouse, ça ne me dit pas grand-chose. »

Blasés, les grands voyageurs ?

Les voyageurs à qui nous avons parlé pour ce dossier parcourent chaque année des dizaines de milliers de kilomètres pour faire rouler leurs affaires. Après des années d'un tel régime, sont-ils devenus indifférents aux charmes de l'ailleurs ? « Je ressens encore quelque chose de spécial quand j'entre dans un aéroport », assure Guy Salloum, directeur des ventes pour le fabricant américain de verrerie Libbey. « Embarquer dans un avion m'excite autant que de monter dans un taxi », soutient quant à lui Serge Gutieres. Une chose est sûre, cependant : les grands voyageurs espèrent ne jamais perdre les privilèges qu'ils ont acquis auprès des compagnies aériennes et des hôtels en multipliant les décollages et les atterrissages. « Si ça m'arrive, je pourrais trouver ça difficile », glisse Benoît-Pierre Stock.

Pour profiter de quelques jours à l'étranger

L'idée de prolonger un voyage d'affaires en petites vacances est séduisante pour beaucoup. Histoire de profiter au maximum de quelques jours de plus à l'étranger, voici cinq conseils de pros.

Demander conseil aux gens de l'endroit

Les voyages d'affaires offrent une occasion en or de rencontrer des habitants du pays. Marie-Claude Vinette demande systématiquement aux gens qu'elle rencontre dans le cadre de ses rendez-vous d'affaires de lui donner leur avis sur les endroits qu'elle entend visiter. La meilleure façon de s'y rendre, les bons restos, les pièges à éviter, des trésors méconnus... « En général, les gens adorent donner des suggestions. Ils apprécient qu'on s'intéresse à leur pays », souligne-t-elle.

Faire un saut dans un endroit inconnu

« Un de mes trucs préférés est de tracer un cercle imaginaire autour de la ville où je me trouve et de faire un saut dans un endroit inconnu », relate Louis Bélanger-Martin. Cet endroit peut être accessible par la route ou par un court vol. C'est ainsi que l'homme d'affaires a exploré une partie de la Route de la soie après un séjour à Astana, au Kazakhstan, et fait une excursion dans le désert après une conférence à Dubaï, aux Émirats arabes unis.

Laisser ses bagages à l'hôtel

Pourquoi traîner son ordinateur portable et ses vêtements chics dans la vallée de Napa après un colloque à San Francisco ? « Si vous séjournez dans un bon hôtel pour votre voyage d'affaires, la réception acceptera souvent de garder en consigne une ou deux de vos valises pendant quelques jours de plus, même si vous n'avez plus de chambre », indique Marie-Claude Vinette. Pour faciliter les choses, la voyageuse transporte généralement deux bagages : l'un pour le travail, l'autre pour ses activités personnelles.

Faire une escale gratuite

Il n'en coûte souvent pas plus cher de séparer en deux son voyage à l'aller ou au retour. Ainsi, avant de se rendre à un congrès à Atlanta, pourquoi ne pas passer le week-end à Washington ? En faisant des essais avec la fonctionnalité « destinations multiples » des moteurs de recherche de vols, on peut découvrir des combinaisons de villes intéressantes. Jetez un coup d'oeil au dernier onglet de notre dossier pour connaître les escales préférées des grands voyageurs à qui nous avons parlé.

Utiliser des milles de récompense

Pour greffer un vol personnel à un voyage d'affaires, Ernest Yale, PDG de Triotech Amusement, conseille d'utiliser des milles de récompense. « C'est une bonne idée, en particulier si les dates de votre voyage sont susceptibles de changer, explique-t-il. Avec Aéroplan [le programme de fidélisation d'Air Canada], par exemple, les frais de changement ne sont que de 90 $ par billet alors qu'ils sont souvent de plus de 200 $ par direction pour un billet qu'on achète par carte de crédit. »

Les meilleures (et les pires) escales

Quels sont les meilleurs et les pires endroits où faire escale avant ou après un voyage d'affaires ? Un petit palmarès non scientifique mais rigoureusement sensoriel.

Les meilleures

AMSTERDAMDepuis des décennies, la plaque tournante du transporteur KLM figure parmi les meilleurs aéroports d'Europe. « Il y a plein de choses intéressantes à y faire entre deux vols et c'est proche de la ville », souligne Guillaume Legros. AMS, Schiphol pour les intimes, est effectivement situé à seulement 20 minutes du coeur d'Amsterdam en train. Même si l'on n'a qu'une escale de quelques heures, on a amplement le temps de déambuler dans la ville ou de faire une promenade en bateau sur les célèbres canaux.

HONG KONG

C'est l'un des aéroports les plus fréquentés du monde, mais HKG demeure l'un des favoris des grands voyageurs. « Tout y a été bien pensé », résume Louis Bélanger-Martin. « Le magasinage y est excellent », renchérit Guy Salloum. Le train Airport Express relie l'aérogare au centre en moins de 45 minutes. Mieux encore : jusqu'à 24 heures avant son vol, il est possible de déposer ses bagages aux gares du centre-ville ou de Kowloon, ce qui permet de retarder le plus possible son départ pour l'aéroport.

ZURICH

ZRH est à l'image de la Suisse. « C'est propre à toute heure du jour, et tout fonctionne efficacement », relève Benoît-Pierre Stock. « J'aime beaucoup le Transit Hotel situé dans l'aéroport, qui permet de se reposer pendant une correspondance un peu longue, notamment lorsqu'on va en Inde », indique Patrick Gharzani. En train, l'aéroport est situé à moins de 15 minutes du centre de Zurich.

Les pires

PARIS (CHARLES-DE-GAULLE)Mentionné par tous nos connaisseurs, l'aéroport Charles-de-Gaulle fait l'unanimité contre lui. « C'est désuet, sale et les correspondances sont terribles », déplore Guy Salloum. « Dans certains terminaux, il y a peu de choix de restaurants et de commerces, ce qui est peu commode quand on a une longue escale », note Patrick Gharzani. Difficile toutefois pour les Québécois d'éviter complètement CDG, puisque c'est la plaque tournante d'Air France, l'un des principaux transporteurs transatlantiques présents à Montréal.

LOS ANGELES

Les grands voyageurs que nous avons consultés ne chérissent pas particulièrement les aéroports américains, souvent vétustes et encombrés. La palme de la médiocrité reviendrait à LAX. « C'est trop grand et c'est compliqué de s'y retrouver », tranche Guy Salloum. Comme aucun train ne relie l'aéroport au centre-ville, il faut s'en remettre aux autobus, qui sont souvent pris dans la circulation dense de la métropole californienne. Si vous avez du temps, il est tout de même possible de se rendre à Santa Monica en moins d'une heure ou à Hollywood en une heure et demie.

MANILLE

Pendant des années, MNL a eu une place de choix dans les palmarès des pires aéroports de la planète. La principe source des critiques, le terminal 1, achève toutefois une cure de rajeunissement. De plus, le transfert de certaines compagnies aériennes au terminal 3 a permis de le désengorger quelque peu. Il n'y a pas de lien ferroviaire entre l'aéroport et Manille, mais un voyage d'affaires peut toutefois être un excellent prétexte pour découvrir cette mégapole asiatique qui ne figure pas dans les circuits touristiques traditionnels.