C'était il y a un an. Andréanne était au bord de la crise de nerfs et de l'épuisement professionnel. Elle remettait en question sa carrière de travailleuse sociale dans le réseau de la santé.

Comme elle avait épuisé sa banque de vacances, elle a décidé de se payer une retraite de méditation et de ressourcement à l'extérieur de Montréal. Au programme: cours 101 de méditation, yoga, repas bios et détente, le temps d'un week-end de trois jours.

«Je suis certaine d'avoir évité un burnout grâce à cette fin de semaine», dit-elle.

Katerine Brisebois, sa professeure, à l'origine de l'organisation des retraites, estime qu'à défaut de bénéficier de plusieurs semaines de vacances, il est préférable de s'offrir des escapades de quelques jours pour se reposer du tourbillon de la vie.

«Ce n'est pas la quantité qui compte, dit-elle, mais la qualité.»

Luc Brunet, psychologue industriel et professeur à l'Université de Montréal, est d'accord pour dire que de petites escapades sont préférables quand vient le temps de se ressourcer. Il est cependant d'avis que les gens ne prennent pas assez de vacances en général au Québec. Et qu'il y a lieu de se repositionner comme société.

«En Europe, la culture est complètement différente, rappelle-t-il. Les travailleurs ont souvent un mois par année, même cinq semaines, sans compter les jours fériés, très nombreux. Les magasins ferment leurs portes, et ils n'ont pas peur de perdre des clients. Ici, il y a des gens qui ne se permettent même pas de vacances. La société est comme ça. Il faut pourtant casser la routine. En ce sens, plusieurs courtes pauses dans l'année aident à freiner la cadence. On le voit avec les gens qui passent des week-ends au chalet, ça change le mal de place, le temps d'arrêt paraît plus long.»

Plusieurs petites pauses

Carl Honoré, auteur du best-seller L'éloge de la lenteur et du concept des «vacances slow», a justement choisi de s'installer à Londres à cause de la différence culturelle dans les loisirs. Lui aussi croit que les gens devraient pouvoir prendre au total au moins un mois de vacances dans l'année afin de s'offrir plusieurs petites escapades.

«Tout n'est pas noir ou blanc, ça dépend des individus, dit-il. Trois ou quatre jours d'arrêt peuvent être fantastiques. Ça permet de relaxer et de recharger les batteries. Mais la plupart d'entre nous ont aussi besoin d'un temps plus long pour permettre au corps et à l'esprit de sortir de notre mode de vie stressant dans un contexte apaisant, serein et sain pour le corps. Que ce soit pour quelques jours ou pour une semaine, il faut retenir qu'il faut aller assez loin pour décrocher de la routine et de la pression au travail. C'est bon aussi d'aller vers une expérience de voyage différente pour stimuler et nourrir son esprit.»

L'important, a ajouté l'auteur en entrevue, est de ne pas s'imposer de stress en voyage à trop vouloir en faire, à chercher à tout voir dans un horaire réglé au quart de tour. «Il faut se souvenir que les vacances ne sont pas du boulot, un défi à relever ou une mission. C'est le moment de l'année où on peut respecter son propre rythme. Il faut oublier ce que les autres font en vacances et se concentrer sur ce qui nous rendra heureux. À ce sujet, il faut penser à nos meilleures vacances. Les meilleurs souvenirs sont souvent ceux où on a relaxé en suivant le courant du moment, par exemple lors d'une rencontre fortuite dans un marché ou le souvenir d'un souper avec la famille au bord de la plage.»

Fait à noter, tous les gens interrogés dans le cadre de ce reportage sont d'avis qu'il faut savoir éteindre son ordinateur, son téléphone ou sa tablette numérique durant les vacances...

***

Au Québec, la Commission des normes du travail prévoit un minimum de deux semaines de vacances par année pour les employés ayant cinq ans et moins d'ancienneté dans une entreprise, puis trois semaines par la suite. La durée légale du congé annuel en France est de cinq semaines.