Les femmes voyageant seules ne sont pas toutes pareilles et ont des intérêts ou des buts différents.

Maman veut changer d'air

«Quand mes enfants étaient jeunes, j'avais besoin de m'évader quelques jours pour reprendre mon souffle, confie Suzanne Christie. J'avais une nounou à la maison et je partais une fin de semaine de temps en temps, par exemple à Boston, ou en ski au Vermont. Ma mère faisait pareil; en fait elle partait plus longtemps, jusqu'à une semaine! Elle nous laissait, les quatre enfants, à une gardienne. Âgée de 87 ans, elle voyage encore seule. Elle fait surtout des croisières, maintenant, car c'est plus facile pour elle à son âge.»

Partir seule, sans les enfants, permet de prendre du recul, de se gâter et de dormir tard le matin! Peu importe la destination, il faut que ce soit une «récompense» : un spa, une virée urbaine (magasinage, musées, souper au lit à l'hôtel en regardant des films...), un centre de ski... ou tout simplement se rendre chez une amie ou un parent dans une autre ville (le voyage se fera seule, mais le séjour sera en bonne compagnie).

Plusieurs voyagistes vendant des forfaits tout compris (en Europe et dans le Sud, notamment) ont prévu des formules pour les gens qui voyagent en solo, afin que la chambre en occupation simple ne revienne pas trop cher. Par exemple, on jumelle deux voyageuses aux affinités semblables, ou l'on offre des chambres dans certains hôtels sans supplément pour personnes seules, parfois à des dates précises.

Jeunes à l'affût du monde

Les jeunes marquent souvent la fin de leurs études collégiales ou universitaires par un voyage initiatique «en sac à dos». Il n'est pas rare que des filles partent toutes seules, parce qu'elles ne veulent pas faire de compromis : après tout, ce sont leurs vacances, bien méritées, et elles entendent les vivre à leur rythme. Julie Houle est allée ainsi trois semaines en Europe. «Je dormais dans les auberges de jeunesse, ce qui est très sécuritaire, dit-elle. Parfois, je rencontrais des voyageurs avec qui je faisais un bout de chemin.»

Céline Hamelin a vécu le même type d'expérience, mais en Australie, pays reconnu pour son réseau d'auberges backpackers, sensiblement le même type que les auberges de jeunesse. «À un moment donné, j'ai partagé la location de voiture avec une autre fille, se rappelle-t-elle. En étant seule, je pouvais décider avec qui j'allais voyager, tout comme je pouvais choisir de rester seule. J'ai éprouvé un grand sentiment de liberté. Je faisais vraiment ce que je voulais, sans avoir à négocier avec personne.»

Dans cette catégorie entrent aussi les femmes de tous âges qui se joignent à un groupe pour partager des affinités avec d'autres voyageurs, notamment les clubs de marche, les voyages d'aventure (cyclotourisme, trekking, kayak de mer), ou les séjours culturels (tournée des vignobles, cours de peinture ou de cuisine...).

Prolonger un séjour d'affaires

Il n'est pas rare que madame assiste à une réunion ou un congrès loin de chez elle. Tant qu'à être à l'étranger, elle reporte son retour de quelques jours. Il est amusant de voir que le naturel revient vite au galop sur le plan de l'hébergement : logée, tous frais payés, à l'hôtel Hilton, par exemple, elle choisira de déménager ses pénates, une fois la rencontre d'affaires terminée, dans un gîte ou même une auberge de jeunesse où l'on offre dorénavant des chambres privées. Dans certains pays, il existe des hôtels qui réservent un étage aux femmes et même tout l'établissement à la clientèle féminine, comme l'hôtel Lady's First à Zurich, en Suisse (www. ladysfirst.ch) ou le Bed & breakfast Intermezzo Hotel à Berlin (www.hotelintermezzo.de).

Âgées, mais ouvertes

Eh oui, la démographie est telle que les hommes décèdent en majorité avant leurs femmes. Ou bien les maris n'aiment pas voyager, à part aller à la chasse avec les boys! Alors une grande partie de femmes qui voyagent seules est constituée de veuves ou d'épouses indépendantes qui continuent à prendre le large même si leur conjoint ne les suit pas. Cette clientèle fait le bonheur des groupes organisés. Les dames qui seraient plus craintives de partir toutes seules confient l'organisation du séjour à leur agent de voyages. Les croisières répondent assurément aux préoccupations de ces voyageuses.