Et dire que, il y a quelque 40 ans, la maison du peintre impressionniste Claude Monet et son jardin de Giverny étaient laissés à l'abandon... Aujourd'hui, des milliers de visiteurs se pressent dans le petit village pour admirer le fameux étang aux nymphéas, comme la salle à manger toute jaune qui ont fait beaucoup parler il y a plus de 125 ans. Mais il y a bien d'autres choses à voir, toutes aussi colorées, à Giverny et à Vernon, tout à côté.

JOUR 1



9h

La Fondation Monet


La maison et les jardins de Monet sont maintenant accessibles tous les jours et les portes ouvrent à 9h30. Mais comme il y a beaucoup de visiteurs, mieux vaut y aller en semaine et arriver le plus tôt possible, soit par train (par exemple, la liaison Paris-Rouen, qui vous laisse dans la petite ville de Vernon, tout à côté, et d'où partent des cars pour Giverny très régulièrement); soit en voiture (stationnement gratuit dans les nombreux « parkings » aux limites de Giverny). Il est aussi possible de louer des vélos à Vernon et de pédaler jusqu'à Giverny, mais faites-vous bien expliquer le chemin.

Comme Giverny est vraiment tout petit, il est impossible d'y entrer avec sa voiture. Le bon côté, c'est que vous ne risquez pas de vous y perdre ! Et si la maison de Monet est surprenante, ses jardins, eux, sont franchement extraordinaires. Non, on ne peut pas réserver ses billets (à moins de faire partie d'un groupe) et, oui, il faut donc attendre pour acheter ses billets. Mais c'est vraiment joli. Puis, on peut parler avec des gens du monde entier, venus eux aussi admirer ce qui inspira Claude Monet au point de nous marquer, encore aujourd'hui.

11h30

L'ancien hôtel Baudy


La maison de Monet est situé au 84, rue Claude Monet, l'ancien hôtel Baudy, lui, est au... 81. Et tout aussi inextricablement lié au peintre: quand Monet s'installe à Giverny en 1883, l'hôtel n'existe pas, c'est une simple épicerie où on peut prendre un verre. Pas de chambre, pas de restaurant, rien.

À mesure que des peintres viendront rejoindre Monet, l'épicerie d'Angélina et Gaston Baudy va se transformer. Pour les accueillir, on multiplie les chambres et les tables, on construit même des ateliers attenant à ce qui est maintenant un hôtel, y ajoute un tennis (à la demande des peintres américains), convertit le potager en jardin... Angélina importera même, pour plaire à ses étranges clients, du whisky (à peu près inconnu en France à l'époque), des cornflakes et... du sirop d'érable, pour faire plaisir à William Blair-Bruce, peintre canadien!

Aujourd'hui, l'hôtel Baudy existe toujours et est devenu un restaurant familial charmant, où on peut casser la croûte, mais aussi se reposer dans le jardin et la roseraie d'époque, entouré de sculptures contemporaines. N'hésitez pas à y demander l'apéritif «local», fait à Giverny même: c'est du pommeau (jus de pomme + calvados) sans son appellation, mais aussi bon! À noter: l'ancien hôtel a inspiré plusieurs des peintres impressionnistes qui s'y sont réunis et on peut voir des reproductions de ces tableaux.

14h

Le Musée des impressionnismes


Installé dans l'ex- Musée d'art américain, le tout nouveau Musée des impressionnismes (au 99, rue... Claude-Monet) vaut le détour. Fabuleusement intégré à la colline de Giverny, entouré de beaux jardins et même d'une praire aux coquelicots (l'accès aux jardins est gratuit), c'est un petit chef-d'oeuvre d'architecture contemporaine (il a été construit en 1992) respectueuse des lieux (on a conservé le poirier qui y poussait depuis des siècles).

Chacune de ses salles est éclairée par la lumière naturelle et s'ouvre par de vastes fenêtres sur la verdure environnante. Jusqu'au 15 août, on y présente justement une belle exposition intitulée Le jardin de Monet à Giverny: l'invention d'un paysage, avec une trentaine de tableaux de Monet lui-même. On y trouve également un joli restaurant-salon de thé.

Ensuite, on se promène dans les quelques rues de Giverny, notamment dans la partie plus médiévale du village (autour de la rue aux Juifs), on se recueille sur la tombe de Monet, derrière la petite église, on s'arrête dans les cinq petites galeries d'art...

On peut aussi dormir à Giverny, principalement en maison d'hôte. Ou retourner à Vernon, qu'on va justement visiter demain! Tiens, on pourrait même aller souper à Vernon, au restaurant Les fleurs (71, rue Carnot). On y mange vraiment bien et la femme du chef Bernard Lefebvre a un frère qui vit... à Mascouche! On a un plus petit budget? Le bistro Les fleurs, tout à côté, offre une carte moins chère, mais bien faite.

À noter: il est possible d'inverser la visite de la maison de Monet et du Musée, s'il y a trop de monde à l'un ou l'autre endroit. Vers 16 h 30, il y a beaucoup moins de visiteurs, en général...



JOUR 2

9h

Vernon et les environs



Pour bien des visiteurs, Vernon est tout juste un passage obligé pour se rendre à Giverny. C'est bien dommage, car on trouve de fort jolis coins dans cette petite ville - et pas mal moins de touristes!

Avant toute chose, on s'arrête à l'Office de tourisme de Vernon, ne serait-ce que pour admirer la vieille et vaste maison en colombages qui l'abrite, tout à côté de la Collégiale (l'équivalent d'une cathédrale, mais sans évêque). Et on entre dans la Collégiale parce qu'on y trouve de magnifiques vitraux... contemporains faits par les maîtres-verriers de Chartres. Car Vernon a beaucoup souffert de la guerre, 40% de son centre-ville a brûlé lors de la Seconde Guerre mondiale, et on a fait exploser son vieux pont. Bref, presque tous les vitraux du XVe siècle (sauf trois) ont disparu et ont été remplacés par de pures merveilles de verre aux motifs non figuratifs, mais avec une intention très précise: tenez, ce vitrail dans la chapelle de Sainte-Marie-Madeleine, avec son motif de V décliné en bleu - non, ce n'est pas le V de Victoire, ce sont les bras de Sainte-Marie-Madeleine levés pour implorer le pardon.

En sortant de la Collégiale, on ne peut pas manquer la mairie : elle est en face et aussi vaste que l'église. C'est que, justement, le maire Barrette, anti-croyant, a voulu en 1895 un édifice aussi imposant que son voisin d'en face. Il y a même fait posé un campanile qui fait clocher, tout en haut du toit, et la pointe de son paratonnerre est aussi haute que la croix au bout du clocher de la Collégiale!

Ensuite? On peut se promener dans les rues avoisinantes, où les belles maisons à colombages sont encore présentes et pousser jusqu'à la tour des Archives: c'est le donjon de ce qui fut le château de Vernon, et elle est maintenant intégrée à un joli parc. On peut aussi aller visiter le musée Alphonse-Georges Poulain: petit musée, oui, mais bien pensé, consacré à l'art animalier (au grand plaisir des enfants), mais dont l'exposition temporaire, jusqu'au 28 juin, compte des tableaux de Corot, de Monet (dont un tondo, rare!), de Bonnard, etc. Le tarif: 2,80 euros (environ 4,60 $), gratuit pour les enfants - et gratuit pour tous le mercredi.

14h

Bizy ou Miserey


Sans voiture, on peut aller visiter le château et le vaste jardin planté d'arbres bicentenaires de Bizy, dans Vernon même. Louis XV et Louis-Philippe en ont été propriétaires, avant que ne s'y installe le duc d'Albufera, dont les descendants de la huitième génération y vivent toujours! Ils ont ouvert une partie du château aux visiteurs : les pièces ont été reconstituées comme elles étaient au XIXe siècle, avec les boiseries d'origine, cachées pendant la Deuxième Guerre mondiale dans la crypte de la Collégiale, échappant ainsi au pillage. On peut aussi y admirer des services de vaisselle royale, utilisés par Louis-Philippe et sa suite. Les amateurs de Napoléon apprécieront aussi, car il y a plusieurs liens entre les d'Albufera et la famille Bonaparte, comme en témoignent meubles, vêtements, tableaux, etc.

Si on a une voiture et qu'on aime plutôt les fleurs, on va au château de Miserey, à une vingtaine de minutes de Vernon. Parce que les fleurs y sont magnifiques? Parce que le jardin du château est sur le thème de l'enfer (avec des plantes épineuses) et du paradis? Oui, mais aussi et surtout pour rencontrer madame Roselyne de Roumilly. À 70 ans passés, elle taille encore elle-même ses 300 rosiers, s'occupe de ses 30 000 bulbes, fait visiter le jardin, raffole d'horticulture, abonde d'anecdotes, répond à toutes les questions, fait rire aux éclats... Avec son mari (c'est lui qui tond les trois hectares paysagés!) elle a créé, il y a 21 ans, l'Association régionale des parcs et jardins de Haute-Normandie, et c'est la délicieuse Madame de Roumilly qui écrit, met en page et imprime à l'ordinateur le bulletin de liaison de l'association. L'air est manifestement bon dans la région...

Les frais de ce voyage ont été payés par Maison de la France. Transport assuré par Air France.