«Les consommateurs remettront à plus tard leur voyage en Europe et se consoleront en prenant des vacances dans le Sud où ils bénéficieront de prix d'aubaine», prévoit Stephen Hunter, chef de l'exploitation de Vacances Sunwing.

Ce grossiste ontarien, qui n'est actif au Québec que depuis novembre 2006, s'attend à envoyer 200 000 Québécois dans les destinations soleil, cet hiver. Il exploite des vols au départ de Montréal et Québec, mais aussi de Bagotville (l'aéroport de Saguenay), Val-d'Or et Sept-Îles.

 

Depuis deux ans, il envisage de lancer des liaisons vers la France et le Royaume-Uni, mais il a différé cette décision qui l'aurait obligé à acquérir des appareils à plus long rayon d'action que les moyen-courriers - des Boeing 737-800 - qui composent actuellement sa flotte.

«Si nous avions inauguré un programme européen cette année, nous aurions souffert d'autant plus que les avions se remplissent à 60% avec des Européens qui sont affectés par une récession beaucoup plus sévère que la nôtre», explique Stephen Hunter. «Une récession qui aura des effets désastreux sur les voyagistes qui exploitent des vols transatlantiques!»

Le président de Vacances Sunwing estime que, dans la conjoncture de crise actuelle, le consommateur de voyages moyen, qui va en Europe tous les deux ou trois ans, aura tendance à reporter son voyage à l'année prochaine. Pour compenser, il sera tenté d'aller passer une ou deux semaines au soleil des Caraïbes, où les hôteliers proposeront des prix d'aubaine.

«Un voyage de deux semaines en Europe coûte en moyenne 10 000$ pour deux, remarque Stephen Hunter. Il s'agit d'un achat important, contrairement au forfait dans le Sud qui se détaille au prix moyen de 1000$ par personne.

D'autre part, les prix vont baisser dans les Antilles et au Mexique, parce que les Américains et les Européens, qui sont beaucoup plus durement touchés par la crise que les Canadiens, ne sont plus au rendez-vous. Seules les arrivées en provenance du Canada n'ont pas diminué. Les hôteliers se retrouvent avec des invendus qui vont les inciter à pratiquer des tarifs alléchants.»

Plusieurs agents de voyages nourrissent les mêmes appréhensions. «Il y a dans le voyage en Europe une composante ''luxe'' qui fait hésiter les consommateurs en période de récession», observe Moscou Côté, président du conseil régional de l'ACTA (l'Association canadienne des agents de voyages).

«Le Sud a très bien fonctionné cet hiver, mais c'est un type de vacances qui n'a pas de produit de substitution. Par contre, il existe des produits de substitution plus économiques au voyage en France ou en Italie: aller prendre un verre sur une terrasse à Québec ou faire le tour de la Gaspésie, par exemple. J'espère que je me trompe, mais les signes avant-coureurs indiquent que la demande pour l'Europe ne volera pas très haut, cet été.»