Ex-mannequin et animatrice, Dominique Bertrand a vécu l'enfer lorsqu'elle a perdu son compagnon de vie, il y a 14 ans. Au moment où elle planche sur son premier roman, elle se confie sur le deuil et sur l'importance d'en parler pour garder une bonne santé mentale, sujets qu'elle abordera dans une conférence-témoignage organisée par la Maison Monbourquette le 6 novembre, à l'église Saint-Viateur-d'Outremont.

Vous avez vécu un grand deuil dans votre vie. Que s'est-il passé?

Mon compagnon de vie est mort subitement. C'était inattendu et très difficile. J'ai fait une dépression et j'ai aussi subi un choc post-traumatique qui n'a pas été traité adéquatement, et dont je traîne les séquelles aujourd'hui: la peur de perdre quelqu'un est imprimée dans mon esprit.

Pourquoi est-ce important pour vous de partager votre expérience aujourd'hui?

C'est un sujet qui me tient à coeur. Je crois que partager nos expériences difficiles peut empêcher les gens de sombrer dans l'isolement et leur permettre de voir que d'autres sont passés au travers. Le deuil est encore un grand tabou dans notre société. Pourtant, personne n'y échappe, nous ferons tous face à cette réalité.

Est-il possible de conserver une bonne santé mentale en traversant un deuil?

Pour pouvoir garder un certain équilibre, il faut être entendu dans sa peine et ne pas s'isoler. Les études prouvent que plus on escamote un deuil, plus il nous poursuit. C'est à condition de pouvoir parler sans être jugé et pleurer tant qu'on en a envie qu'on peut retrouver le goût à la vie. C'est pourquoi un endroit comme la Maison Monbourquette - dont je suis la porte-parole depuis huit ans - est si essentiel. On peut aller y chercher soutien et compassion.

Comment peut-on aider une personne qui vit un deuil?

L'entourage d'une personne endeuillée vit souvent un grand malaise. Les gens ne savent pas quoi dire, donc ils disent des inepties comme: «Un de perdu, dix de retrouvés!» Ce qu'il y a de mieux à faire, c'est d'écouter la personne, même si elle radote. De petites attentions comme apporter à manger ou aider dans les tâches quotidiennes aident beaucoup aussi.

Par quels moyens gardez-vous la forme, physiquement et psychologiquement?

Je sais que je resterai toujours quelqu'un de fragile et sensible à tout. Atteindre un équilibre, c'est le défi de ma vie! Je réalise aujourd'hui que ma dépression a eu du bon: elle m'a permis d'évaluer mes limites et de les établir. Je vis donc mieux aujourd'hui qu'avant. Je n'ai jamais été sportive, mais j'essaie d'être active: j'écris chaque jour, je marche en ville, je prends les escaliers plutôt que les ascenseurs...

Terminez la phrase: Pour moi, être en santé, c'est...

Une chance inouïe.