Plusieurs parents dont les enfants auront 5 ans seulement en octobre ou novembre préféreraient ne pas «perdre un an» et les faire entrer à l'école plus tôt. Est-ce une bonne idée?

Tout d'abord, il faut comprendre que la dérogation à l'âge d'admissibilité est une mesure d'exception. Elle est loin d'être automatique, même si l'enfant atteint ses 5 ans une journée après la date limite du 30 septembre. La loi est ainsi faite.

Pour l'obtenir, les parents doivent avoir un rapport favorable d'un psychologue ou d'un psychoéducateur. «Je dois démontrer que l'enfant subira un préjudice s'il n'obtient pas la dérogation», explique Annie Clermont, psychologue au Centre de consultation psychologique et éducationnelle.

Selon elle, il y a effectivement un risque à retarder l'entrée à l'école d'un enfant en avance pour son âge. Dans un environnement insuffisamment stimulant pour lui, il pourrait se mettre à avoir des comportements dérangeants parce qu'il s'ennuie, par exemple. Il pourrait aussi vivre des régressions et même présenter des symptômes dépressifs. Cependant, un élève qui fréquenterait l'école trop tôt pourrait bien «traîner la patte».

Il est insuffisant que Junior impressionne la parenté en récitant son alphabet et en comptant jusqu'à 30. Il doit être en avance sur son âge dans l'ensemble des sphères de son développement. Outre ses aptitudes intellectuelles, le professionnel évaluera son développement social, affectif et psychomoteur. Par exemple, on vérifiera sa capacité de concentration, sa compréhension des consignes et son habileté à bien tenir un crayon.

«Plus l'anniversaire de l'enfant est éloigné du 30 septembre, plus il doit se démarquer. Il doit atteindre au moins le développement de la moyenne des élèves qui seront dans sa classe», précise Lise Vadeboncoeur, psychologue scolaire.

L'évaluation de l'enfant

L'évaluation comporte des entrevues avec les parents et l'enfant, des tests sous forme de jeu (blocs, casse-tête, association d'images, devinettes, etc.) et un questionnaire à remplir par l'éducatrice en garderie. Deux ou trois rencontres sont nécessaires. Parfois, on peut déterminer dès le premier rendez-vous que l'enfant ne répond pas aux critères.

Le professionnel tiendra également compte de l'environnement familial. «L'enfant ne devrait pas vivre ou avoir vécu dans la dernière année des événements significatifs comme la séparation de ses parents, précise Mme Vadeboncoeur. La famille devrait aussi être en mesure de lui offrir un bon soutien, comme une présence au cas où il y aurait des moments plus difficiles.»

Enfin, il faut savoir que les commissions scolaires ne paient pas pour l'évaluation des enfants. Le coût de la démarche varie de 300 $ à 800 $.

Saviez-vous que?

À l'inverse, il est possible de demander une dérogation pour retarder l'entrée à l'école d'un enfant. «C'est très difficile à obtenir, prévient Annie Clermont, psychologue au Centre de consultation psychologique et éducationnelle. L'enfant doit être en grande difficulté. Il faut démontrer qu'il aurait avantage à retarder son entrée à l'école pour participer à un programme de stimulation, par exemple.»