Ils jouent au hockey et à la balle-molle ; elles font du ski, du vélo et de la course à pied. Ce sont des hommes et des femmes qui ont un besoin viscéral de bouger et qui pratiquent « leur » sport avec constance et passion, plus que la normale. Ce ne sont surtout pas des sportifs de salon !

Martine Bureau, 57 ans: la montagne, son terrain de jeu

Les vacances dans le Sud, les pieds dans le sable fin sur le bord de la mer, ce n'est pas fait pour Martine Bureau.

« Ma passion, c'est le ski alpin ! », décrète la skieuse de 57 ans.

Elle ajoute que sa vie serait « épouvantable » si elle devait un jour renoncer à monter sur les planches faites de matériau composite.

Son rêve : skier pendant au moins 30 ans avant de raccrocher son équipement.

« Il y a, à Orford, un monsieur âgé de 85 ans qui est un skieur fantastique ! s'exclame-t-elle. C'est tellement beau de le voir s'amuser sur les pistes. C'est un modèle à suivre. »

Il faut comprendre que Martine Bureau a fait de la montagne d'Orford son terrain de jeu. Elle a commencé à skier dès l'âge de 6 ans et elle est devenue, au fil des années, monitrice de ski à l'École de neige de cette station touristique.

Son oxygène



Ce sport de glisse n'est pas son premier emploi, mais c'est tout comme.

Quand elle ne traite pas ses patients pour des troubles de la mâchoire, la chiropraticienne enseigne le ski. Et quand elle chausse les skis, ce n'est pas pour faire de la chaise longue, à prendre du soleil. Elle aime l'action. Elle aime se perfectionner.

« La chiropratique, c'est une profession que j'exerce depuis 25 ans et que je trouve valorisante, souligne la résidante de Sainte-Catherine-de-Hatley, entre Magog et North Hatley. Mais le ski, c'est un peu mon oxygène. Ça m'apporte le calme et la paix. Ça me fait apprécier encore davantage l'hiver, la neige, le froid, les éléments de la nature. »

« Je passe quatre jours par semaine en clinique, dans mon bureau, à traiter des patients. Les trois autres journées, à partir du vendredi matin, à 8 heures précises, je les passe dehors à faire du ski et à l'enseigner. Quand je me couche le soir, je dors ! » 

La spécialiste de la santé estime que son travail de chiropraticienne et celui de monitrice de ski sont complémentaires.

« J'ai réalisé, avec les années, qu'il faut avoir un bon sens de l'observation pour être un bon enseignant ou un bon praticien, fait-elle valoir. Il faut avoir une bonne écoute et faire preuve de psychologie. »

« C'est ce qui me satisfait le plus, en réalité, intellectualiser une activité physique comme le ski, ajoute la monitrice membre de l'Alliance des moniteurs de ski du Canada. J'ai la chance d'être au grand air et de pouvoir réfléchir en même temps. Tout cela dans une ambiance décontractée. »

Inutile de préciser que Martine Bureau peut passer des heures à parler de son sport.

« Ce qui est stimulant avec le ski alpin, dit-elle, c'est que sa pratique évolue constamment et qu'on peut sans cesser raffiner l'exécution des mouvements de glisse. On peut toujours s'améliorer, qu'on pense à la position du corps lors des descentes. »

« Il faut aussi tenir compte du mouvement des pieds, ajoute- t-elle. Il faut contrôler la vitesse, accélérer ou ralentir, en prenant des virages contrôlés. »

La passionnée des pentes enneigées parle également d'« élégance », de « fluidité ».

« Un bon skieur, une bonne skieuse, dit-elle, c'est comme un bon danseur ! Il y a des danseurs de ballet qui vont avoir des mouvements plus fluides, et d'autres qui le seront moins. Ça s'apprend, ça se travaille. »

Une affaire de famille



On devine bien que ses vacances, elle les passe très souvent en dévalant les pentes, en compagnie de son conjoint, le dentiste Michel Poirier.

Et quand vient le moment de décider d'une destination, la question ne se pose pas. « Entre un voyage dans le Sud et le ski, c'est le ski qui l'emporte ! »

Vers la fin de mars, elle se rendra skier à Whistler avec des « amies du tennis ». Parce qu'elle est aussi une bonne raquette à ses heures.

Un autre voyage alpin à Zermatt, en Suisse, est en préparation pour 2018, cette fois avec son conjoint et leurs quatre enfants, âgés de 24 à 28 ans, dont des jumeaux, qui sont, comme leurs parents, moniteurs de ski.

« Faire du ski alpin, c'est quasiment un prérequis pour faire partie de la famille ! », dit-elle en riant.

Difficile de la contredire sur cette question fondamentale !

Photo Olivier Pontbriand, La Presse

Martine Bureau

Massy Amodeo, 66 ans: le hockey 12 mois sur 12

Il joue au hockey 12 mois sur 12, il « gère » trois ligues de garage - deux en hiver, une en été - et ça va bientôt faire 45 ans qu'il chausse les patins et qu'il enfile son uniforme de défenseur pour garder la forme.

On l'aura deviné : Massy Amodeo, 66 ans, aime le hockey. Son horaire est d'ailleurs modulé en fonction des parties qu'il dispute et qu'il organise, semaine après semaine, depuis plus de quatre décennies.

Pas étonnant qu'il saute sur la glace en plein mois de juillet alors que d'autres sirotent une bière sur la terrasse.

Pas étonnant, non plus, qu'il n'ait raté que quelques rares matchs en raison de petits bobos de sportif. Ça en prend beaucoup pour empêcher le sexagénaire de s'adonner à son sport.

« Mais j'ai ma routine, explique le retraité de la Ville de Laval. J'arrive toujours à l'aréna une heure et demie avant la rencontre. Je prends tout mon temps pour mettre mon équipement et je vois à ce que tout soit en ordre avant que les joueurs arrivent dans le vestiaire. »

Son château fort, c'est l'aréna de Rosemère, au nord de Laval. « J'y passe une bonne partie de mon temps ! », dit-il, amusé.

1500 joueurs



Dans son rôle de joueur-organisateur, il ne chôme pas. C'est lui qui transporte les bouteilles d'eau, les chaudières de rondelles, qui s'assure qu'il y aura un arbitre et deux gardiens de but, qui prend le téléphone pour trouver des remplaçants.

« Si je fais le décompte, évalue-t-il, au moins 1500 joueurs ont évolué dans mes équipes jusqu'à présent en portant l'uniforme des Remparts de Québec, des Penguins de Pittsburgh, des Blackhawks de Chicago ou encore des Sabres de Buffalo. »

« Il y a des joueurs qui évoluent dans mes ligues depuis 25-30 ans, calcule-t-il. C'est un peu ça, ma motivation. Je vais à l'aréna pour jouer, mais aussi pour fraterniser avec les joueurs, qui sont devenus de bonnes connaissances. »

Il ne compte plus les ailes de poulet et les pointes de pizza qu'il a payées aux joueurs lors de partys arrosés d'un peu de bière « pour relâcher la pression », en mi-saison ou en fin d'année.

Massy Amodeo tient à ce que la discipline règne dans ses ligues, où l'âge des joueurs varie de 20 à... 66 ans. Il est bien entendu le doyen et il s'en amuse.

« Même dans une ligue de hockey pour adultes, où personne n'aspire à une carrière, certains joueurs ont du tempérament, et il faut savoir gérer les caractères. Je crois que j'y parviens assez bien. Les joueurs ont appris à me connaître ! » 

Il n'aime pas voir un joueur asséner un coup de Sherwood dans le dos de l'adversaire.

« Je ne tolère pas que des joueurs tentent de blesser un rival, dit-il. Je donne des avertissements et quand c'est trop, je leur demande de ne plus revenir à l'aréna. »

Une vie sur la glace



Le joueur-organisateur est né à Calabre, en Italie. Il est arrivé au Québec à l'âge de 5 ans.

« Si j'étais resté à Calabre, dit-il en riant, je serais sans doute devenu un joueur et un organisateur de ligues de soccer ! »

Massy Amodeo a plutôt grandi avec des patins aux pieds. Son meilleur joueur ? Il hésite entre Mario Lemieux et Guy Lafleur.

Le défenseur, qui a été gardien de but avant de passer à la défense, joue bien sûr pour s'amuser. Il s'est fait à l'idée qu'il allait se faire contourner à la ligne bleue par des adversaires beaucoup plus jeunes que lui, mais il parvient à tenir son bout. Ce que ça peut faire, l'expérience...

Que fait-il d'autre quand il ne va pas à l'aréna ? « Je fais du sport tous les jours, répond-il. Je fais beaucoup de vélo, de la raquette et du ski de fond. J'ai toujours pris soin de ma condition physique. »

Il faut savoir, aussi, que le sportif lavallois joue de la batterie et du piano dans ses temps libres, en plus de gratter la guitare.

Il collectionne les guitares comme d'autres collectionnent les rondelles et les uniformes de la Ligue nationale de hockey.

« J'en ai vingt-cinq, calcule-t-il. J'en ai des vintage. Ce sont de beaux instruments. »

C'est sans doute ce bel équilibre entre le hockey et la guitare qui lui permet de faire face à la... musique.

Photo Alain Roberge, La Presse

Massy Amodeo

Mireille Roberge, 42 ans: le sport dans la peau

Elle fait du fatbike, court les marathons, participe à des triathlons, marche pour se rendre au travail, fait du ski de fond et pédale pour se délier les jambes.

Le sport, c'est quasiment un emploi à plein temps pour Mireille Roberge, 42 ans, une « multisport » qui a besoin de bouger pour vivre.

« J'aime rouler, courir et glisser, dit-elle avec enthousiasme. J'aime l'effet que me procure la pratique d'une multitude de sports. J'aime aussi m'entraîner pour obtenir de meilleurs résultats. »

Dans son entourage, on la considère comme une athlète. Elle se voit plutôt comme « une femme très active ».

En juin 2016, elle a participé à un demi-Ironman à Tremblant. « C'était mon deuxième en deux ans ! », précise l'« athlète » originaire de Sherbrooke.

Il y a trois mois à peine, elle était à Sacramento, cette fois pour courir le marathon international de la Californie. « Je me suis qualifiée pour le marathon de Boston avec un temps de 3 heures 32 minutes, se félicite-t-elle. J'espère aller courir à Boston au printemps 2018. »

Il y a 10 ans, elle a « traversé » le Canada en solitaire, à vélo.

Faut que ça bouge !

On aura compris que Mireille Roberge ne passe pas ses soirées à regarder la télévision. « Il y en a qui vont au cinéma et au théâtre, dit-elle. Moi, je préfère le sport. Il faut que ça bouge. »

Ça tombe bien. Son travail de journaliste à MétéoMédia l'amène à faire des reportages sur le plaisir de bouger et de prendre l'air.

« On passe beaucoup de temps au travail devant nos ordinateurs, concède l'ex-journaliste aux sports à Radio-Canada, à Sherbrooke et à Québec. Il faut trouver une forme d'équilibre, pour sa santé physique et mentale. »

Un esprit sain dans un corps sain...

Son chum



Mireille Roberge a la chance, aussi, de vivre sa passion avec son conjoint, Samuel Richer, passionné autant qu'elle de la pratique de sports multiples. « On est dans l'action, dit-elle. On fait des marathons ensemble, on se complète bien. » En octobre, le couple de sportifs se rendra à Moab, dans l'Utah, la capitale du vélo de montagne.

« Souvent, les gars se plaignent d'avoir une blonde qui ne les accompagne pas dans la pratique d'activités sportives. Dans mon cas, c'est parfois l'inverse ! Je ne reste pas en place ! Il arrive parfois, mais très rarement, que ce soit moi qui tire mon chum pour qu'on aille courir ou faire du vélo ! »

Il y a quelques semaines, cette grande sportive s'est blessée - rien de sérieux, toutefois - à l'entraînement. Une blessure de jogging. Mais n'allez pas croire qu'elle est restée à ne rien faire !

« Je me suis acheté un fatbike [ces vélos avec des roues très larges] et je découvre une nouvelle passion pour le vélo de montagne en hiver, dit-elle. C'est vraiment agréable de rouler avec ces vélos dans les sentiers étroits. »

Elle transporte maintenant son « gros bicycle » - un Louis Garneau - dans les sentiers d'Oka, de Tremblant, d'Orford, de Gentilly, de Lac-Delage, du mont Saint-Bruno et du parc national de la Jacques-Cartier.

« Je pense qu'il y a un retour en force du vélo de montagne, observe-t-elle. C'est moins demandant pour les genoux que la course à pied. »

Il n'est pas question, toutefois, de cesser de courir et d'abandonner les triathlons. Elle recommencera bientôt - si ce n'est déjà fait ! - à se lever avant le soleil pour aller courir dans son quartier montréalais alors que tout le monde dort encore sur ses deux oreilles.

« Je ne suis pas une fille de gym, convient-elle. C'est le grand bonheur, courir à Montréal à 5 heures du matin quand il n'y a pas de circulation. »

Il faut comprendre qu'elle a grandi dans les Cantons-de-l'Est, région réputée pour ses grands espaces de plein air. « J'avoue que c'est plus difficile, parfois, de s'entraîner dans le calme en ville. »

Une fille active, Mireille Roberge ?

Elle marche ou pédale 45 minutes par jour pour aller travailler. Elle court une dizaine de kilomètres pour aller récupérer son auto à l'atelier mécanique. Et si elle va luncher chez ses parents, à Sherbrooke, elle en profite pour aller faire du sport dans les environs avant ou après le rendez-vous familial.

« Ce n'est pas vrai que je vais juste aller dîner sans rien faire d'autre ! », s'exclame-t-elle.

D'accord.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Mireille Roberge

Sylvain Joubert, 57 ans: le baseball «sur la route»

Sylvain Joubert avait des fourmis dans les jambes au moment de notre rencontre. Il s'apprêtait à se rendre à Tampa Bay, en Floride, au camp d'entraînement des Blue Jays de Toronto. 

Et il pensait déjà à sa prochaine saison de balle-molle, dans sa « ligue de bière » à Saint-Mathieu-de-Beloeil, où il évolue au deuxième but et parfois même derrière le marbre. 

Est-il nécessaire de préciser qu'il a le baseball dans la peau et que ça ne date pas d'hier ?

« Quand je travaillais à la ferme laitière de mon père, à Upton [près d'Acton Vale], j'écoutais les parties des Expos, à la radio de CKLM qui grésillait, tout en lavant la machinerie agricole, se souvient-il. Une fois, Bob Bailey avait frappé un grand chelem ! »

C'était au début des années 70.

Sylvain Joubert avait 11 ans. Il en a 57. Il venait de se découvrir une passion qui continue de l'habiter et qu'il a transmise à son fils Julien, 25 ans.

Un road trip



L'été dernier, il a fait un road trip de baseball avec Julien dans plusieurs villes des États-Unis pour aller voir jouer des équipes de la Ligue nationale et de la Ligue américaine.

« Le voyage a duré sept jours, dit-il, des éclats dans les yeux. On est allés voir les Tigers de Detroit, les Brewers de Milwaukee, les Cubs de Chicago, les Indians de Cleveland, l'équipe-école des Blue Jays de Toronto à Buffalo, puis les Blue Jays, à Toronto, avant de rentrer à la maison. »

« On achète les billets les moins chers, mais on réussit généralement à avoir les meilleurs sièges ! Quand on dit au placier qu'on vient de Montréal, il nous trouve un endroit de choix pour regarder la partie. »

En 2012, il a remporté le prestigieux prix Baseball Canada pour sa contribution au baseball mineur de Beloeil, en Montérégie, lors d'un grand gala au Château Frontenac en présence du joueur étoile québécois Russell Martin, qui évoluait alors pour les Yankees de New York.

L'année suivante, il a organisé un camp de formation des Blue Jays destiné aux jeunes baseballeurs.

« Ce camp de formation a été un succès, avec 86 participants, rappelle fièrement le représentant aux ventes publicitaires à La Terre de chez nous. J'avais réussi à convaincre l'organisation torontoise de greffer un volet québécois à ce camp, avec la présence de Marc Griffin, Denis Boucher, Claude Raymond et Tim Raines. Six joueurs professionnels sont venus enseigner le baseball aux jeunes. »

Dans un champ de vaches



Sylvain Joubert est un fier partisan des geais bleus... depuis le départ des Expos de Montréal, en 2004.

Il n'a pas renoncé au retour des Expos, mais il constate que l'explosion des salaires versés aux joueurs pourrait poser problème. « Il n'y a pas de plafond sur la masse salariale et ça met de la pression sur les équipes les moins fortunées », dit-il.

Il est quelque peu nostalgique lorsqu'il parle de sa jeunesse sportive.

« Quand on avait fini de faire les foins et de tirer les vaches, évoque-t-il, on allait jouer dans un champ, dans le rang où nous habitions. Le terrain était rocailleux et on évitait de glisser au deuxième coussin pour ne pas nous faire mal ! »

Il avait un autre rêve à cette époque. « Mon frère et moi, on s'était dit qu'un jour, quand on serait vieux, on passerait nos soirées à écouter des parties de baseball, l'oreille collée sur la radio transistor. »

Son grand frère n'est plus là, hélas, pour réaliser ce rêve de petit gars.

Il pense sans doute à lui quand il attrape la balle au bond ou quand il se retrouve accroupi derrière le marbre, dans sa ligue estivale de balle-molle.

Il peut se consoler à l'idée qu'il a un fils qui marche dans ses pas... et qui suit son sentier.

En août prochain, il reprendra d'ailleurs la route avec Julien, qui conduira la Volkswagen pendant sept jours, dans le cadre d'un autre road trip de baseball.

« On est en train d'analyser le calendrier des matchs, dit-il. On va faire une tournée des stades du nord-est des États-Unis, pour aller voir jouer les Mets, les Yankees, les Red Sox de Boston. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Sylvain Joubert