Si les retraites semblaient autrefois réservées à une frange plus marginale de la population, la réalité est fort différente aujourd'hui. L'offre ne cesse de se diversifier, au même rythme que notre quotidien s'accélère. Ces escapades en vase clos, qui visent le bien-être du corps et de l'esprit, sont maintenant susceptibles d'intéresser tout le monde... et les femmes en particulier!

Prendre une pause du quotidien

Partir dans une retraite quelques jours, voire une semaine, pour faire une coupure nette avec son quotidien. Ces escapades de tout genre, où on pratique souvent le yoga, le surf ou la méditation dans un cadre enchanteur, sont courues plus que jamais. Et ce, même si elles coûtent parfois le même prix qu'un voyage dans le Sud...

Si l'offre varie, elle semble néanmoins toujours répondre à un besoin précis : s'évader de son quotidien le temps de quelques jours, pour recharger ses batteries et, pourquoi pas, réfléchir à sa vie.

«On a beaucoup de gens qui sont en changement de carrière ou qui se posent des questions sur leur mission de vie. Donc, on vient leur offrir un peu de recul», dit Marie-Eve Trudel, cofondatrice du Yogacamp avec deux autres associées, Marie-France Côté-Nolet et Émilie Wake.

«Les participants viennent reconnecter avec leur créativité. Parce que ce n'est pas quand tu es dans ton 9 à 5 que tu peux faire ça.»

Selon la fondatrice de Pop Spirit, Marie-eve Bertrand, dont la retraite-vedette se tient à Hawaii, les participants viennent chercher un peu du pétillant qu'ils ne trouvent pas dans leur vie de tous les jours. «C'est beaucoup l'aventure, un peu le rêve, parce qu'on ne se le cachera pas, Hawaii, c'est quand même une destination ancrée dans l'imaginaire», avance-t-elle.

Le sociologue Simon Langlois croit également que les gens s'inscrivent à ces retraites pour échapper à la pression du quotidien et qu'ils viennent aussi chercher des réponses à des questions plus vastes. «Nos ancêtres allaient à la messe du dimanche et, souvent, ils recevaient des réponses un peu toutes faites aux grandes questions existentielles», souligne le professeur en sociologie à l'Université Laval.

«Même dans notre société laïque, les gens continuent de se poser des questions, de chercher un sens à leur vie. Et ces centres permettent justement d'offrir un cadre de réflexion sur ces questions-là.»

Dans nombre de ces retraites, on pratique la méditation, le yoga ou, de plus en plus, des sports qui se font à la mer ou sur un lac, comme le surf ou le SUP yoga (sur une planche à pagaie).

Le fait d'être sur l'eau apporte une couleur toute particulière à l'expérience, croit Nadia Bonenfant, fondatrice de Juna Yoga, qui offre toutes sortes d'escapades jumelant yoga et sports aquatiques. «Souvent, les gens embarquent sur une planche et ils se sentent libres, dit-elle. Parfois, j'ai des Tremblantoises qui viennent faire la retraite et elles disent qu'elles voient Tremblant d'une autre façon; elles sont sur l'eau, elles regardent vers le village, elles vivent quelque chose de différent dans un écosystème qu'elles connaissent beaucoup.»

En plus de la dimension sportive et spirituelle, ces retraites vont souvent de pair avec une alimentation santé. Au Yogacamp, toutefois, même si on mange végétalien grâce aux repas du traiteur Andrew Perron, on fait preuve d'une grande ouverture d'esprit. En plus du menu bio, sans produits laitiers et souvent exempt de gluten, on trouve des chips, des guimauves et un peu de vin, à consommer sans culpabilité. «Moi, je prône qu'il y a un moment pour boire un jus vert et qu'il y a un moment pour boire un verre de vin, affirme Marie-Ève Trudel. Et les deux peuvent se faire dans la même journée!»

Les femmes seules

Sans grande surprise, les femmes sont les plus grandes clientes de ces retraites. Certaines escapades sont même réservées à la gent féminine, comme chez Juna Yoga, par exemple. «Toutes nos retraites sont pour les femmes, enseignées par des femmes, note la fondatrice Nadia Bonenfant. On dirait qu'ainsi, on est moins intimidées d'essayer ou de découvrir des choses.»

Du côté de Pop Spirit, la clientèle est à 95 % féminine, évalue Marie-eve Bertrand. Et les filles qui s'inscrivent sont généralement âgées de 25 à 40 ans. «Ce sont soit des filles qui viennent de terminer l'université, soit des jeunes professionnelles qui travaillent en fou et qui veulent quelque chose de clés en main. Elles n'ont rien à préparer, rien à organiser, elles sont en bonnes mains et ça, ça les sécurise aussi.»

D'ailleurs, précise Marie-eve Bertrand, environ les trois quarts des gens s'inscrivent en solo à ses retraites. «Les filles nous disent: "Je suis tannée d'attendre après mes amis, après mon chum, après ma soeur"», lance-t-elle. Si les participants arrivent seuls, ils ne le restent toutefois jamais longtemps. «Il y a toujours de belles amitiés qui se créent sur place; les gens restent en contact après et c'est trippant», poursuit la fondatrice de Pop Spirit.

Des suppléments

Mais voyager en solo - en dehors des retraites - comporte souvent des frais supplémentaires, ont constaté Virginie Duval, professeure de yoga, et Michèle Rhéaume, anciennement propriétaire d'une agence de voyages. Sans compter que les retraites sont souvent composées de groupes assez gros. Les deux filles ont donc créé de toutes pièces une retraite mettant l'accent sur une approche personnalisée, pour un nombre très réduit de personnes. «On s'est dit: on va vraiment essayer de cibler cette clientèle-là et leur offrir une retraite où il n'y a pas les irritants habituels», explique Michèle Rhéaume. C'est ainsi qu'est née leur retraite à Tucson, en Arizona, qui aura lieu en avril 2017.

D'ailleurs, cette abondance de belles et bonnes choses a un prix, souvent élevé. Mais il faut croire que les participants sont prêts à allonger une bonne somme d'argent pour leur évasion, car les groupes se remplissent souvent rapidement. C'est du moins le cas pour les retraites offertes chez Juna Yoga, indique Nadia Bonenfant. «Les femmes savent qu'elles auront une expérience unique et de qualité. Aussi, elles sont tellement occupées, souvent dans la conciliation travail-famille, que leur fin de semaine de trois jours, une fois par été, elles vont se l'offrir», conclut-elle.

On a testé: en forêt avec des inconnus

Passer trois jours en forêt, en compagnie d'une quarantaine d'inconnus avec qui nous allons manger, dormir en dortoir, pratiquer le yoga et peut-être même réfléchir un brin sur notre vie. La prémisse est à la fois excitante... et terrorisante.

C'est dans cet état d'esprit incertain que nous prenons la route du Nord, un vendredi après-midi de juin, affrontant courageusement la congestion. Direction Val-Morin, où se tient le tout premier Yogacamp organisé par trois jeunes entrepreneures, les mêmes derrière la retraite créative Braincamp.

La retraite a lieu dans un endroit qui impose tout de suite le respect: le couvent Val-Morin, où logeaient autrefois les Soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie. Le couvent a été acheté il y a quelques années, puis rénové et décoré avec goût, comme dans un tableau Pinterest. Un détail insignifiant en apparence, mais qui nous rend tout de suite plus à l'aise.

Aussi, nous constatons rapidement que plusieurs personnes sont venues seules. D'autres sont entre amis ou même en couple. Les filles dominent le groupe.

Tous ces gens semblent toutefois dans le même état d'esprit, c'est-à-dire ouverts à l'échange et aux nouvelles rencontres. On finit par se prendre au jeu, presque sans nous en rendre compte... Ce qui rend moins étrange le moment d'aller dormir avec des inconnus dans une petite chambre blanche.

Samedi

Le samedi commence tôt, avec un cours de yoga à 7h. Après cette séance matinale, les activités s'enchaînent les unes après les autres: randonnée, acro-yoga, atelier de méditation, SUP yoga sur le lac à la tombée du jour... Le tout est entrecoupé de formidables repas végétaliens énergisants.

L'ensemble de cette journée ensoleillée se déroule sur le terrain du couvent, qui surplombe le lac Raymond ainsi que la légendaire piste du P'tit Train du Nord. Entre deux activités (ou quand on a envie d'en sauter une), on peut simplement se rendre à la plage qui se trouve à un jet de pierre de là, pour lire ou admirer les courageux en pleine séance de yoga sur planche...

Car heureusement, si les activités sont nombreuses et diversifiées, notre présence n'y est jamais obligatoire, ce qui est délicieusement libérateur.

Histoire de définir les gens d'une autre manière que par leur gagne-pain, les organisateurs avaient demandé à tout le monde d'éviter de parler de son travail. On se rendra ainsi compte qu'il existe de multiples autres sujets de conversation et, après la levée de l'interdiction, le samedi soir, on aura un plaisir égal à découvrir comment nos nouveaux amis gagnent leur vie.

Après le souper du samedi, on est invités à une séance de yoga restauratif, en pyjama, qui se déroule en même temps que des feux d'artifice.

Dimanche

Le dimanche se lève sur un petit jour gris, et l'enthousiasme général semble avoir baissé. Qu'à cela ne tienne, les conversations reprennent de plus belle autour d'un atelier de confection de capteurs de rêves. Si l'objet en tant que tel est loin du chef-d'oeuvre - on le laissera même derrière... -, le moment consolide encore un peu quelques amitiés.

Après un dernier dîner digne des rois (lasagne crue aux aubergines), nous quittons le couvent sous une pluie drue, affrontant une congestion routière encore plus dense que celle du vendredi. Nous partirons de là avec une nouvelle inspiration, notamment grâce aux belles rencontres auxquelles on ne s'attendait même pas et qui, contrairement aux courbatures, survivront à ce week-end en forêt.

Photo fournie par le YogaCamp

Des exemples de retraites

Yoga, surf, méditation. À la plage, dans le désert ou au bord d'un lac au Québec... L'offre de retraites est plus que jamais diversifiée par chez nous. En voici quelques-unes.

Pour relaxer: le Yogacamp

Le Yogacamp est né de l'union des trois entrepreneures derrière la retraite créative Braincamp. Pas besoin d'être un yogi professionnel pour s'inscrire à leurs retraites: le niveau s'adapte facilement à tous. Les activités sont nombreuses, mais jamais obligatoires. Fortes des deux moutures passées, les filles prévoient organiser au moins deux retraites Yogacamp par année. La prochaine est prévue en mars, et la suivante devrait avoir lieu en juin.

Prochaine retraite: du 10 au 12 mars 2017

Dans cette retraite d'hiver, plusieurs activités sont au programme: ski de fond en groupe, yoga matinal, activités créatives et feux de camp extérieurs.

575 $, tout inclus

Au fil de l'eau: Juna Yoga

L'histoire d'amour de Nadia Bonenfant avec l'eau ne date pas d'hier. Toute petite, elle passait déjà des mois à faire de la voile avec sa famille, sur la côte est des États-Unis. Après des études en tourisme d'aventure, notamment, elle a combiné ses deux passions pour créer Juna Yoga. Ses retraites principales sont des voyages de surf à Tofino ou encore en Nouvelle-Écosse, et elle organise aussi des retraites de SUP à Tremblant.

Retraite Déesse du Pacifique à Tofino

Il reste encore quelques places.

1750 $ pour 1 semaine, transport aérien non inclus

Pour rêver: Pop Spirit à Hawaii

Pop, c'est pour «partage», «ouverture» et «plaisir», tout simplement! «On dit toujours aux gens: arrivez avec l'ouverture, et nous, on vous amène le partage et le plaisir», résume Marie-Ève Bertrand, fondatrice de Pop Spirit. Son plus gros hit: la retraite bisannuelle de surf et de yoga à Hawaii. Celle de décembre affiche déjà complet, mais des événements au Québec sont à venir, puisque Pop Spirit souhaite désormais offrir des escapades mensuelles avec différentes thématiques tout au long de l'année.

Escapade Trouve ton équilibre en Estrie

Yoga, méditation et SUP

Environ 350 $ pour le week-end

Pour changer: le programme Métamorphose

La retraite aura lieu dans une immense villa dotée de sept jardins de méditation, située en plein désert près de Tucson, en Arizona. Au menu: yoga, budokon, ateliers de nutrithérapie... Puisque la villa est située sur un ranch, il y aura aussi un volet d'apprentissage facilité par les chevaux. «C'est une méthode où le cheval va participer de façon volontaire et devient notre partenaire dans une technique de croissance personnelle», explique Michèle Rhéaume, qui va donner les ateliers.

Prochaine retraite: du 16 au 23 avril 2017

2799 $ pour 1 semaine, transport aérien non inclus. À noter qu'il y aura de 6 à 8 participants seulement à la retraite.

La classique: Nicole Bordeleau

Pour plusieurs, la maître en yoga et spécialiste du mieux-être Nicole Bordeleau n'a plus besoin de présentation. Sa retraite annuelle à Tulum qui combine yoga, méditation, exercices de respiration et nourriture santé est extrêmement populaire. D'ailleurs, celle de décembre est déjà remplie...

Pour le sport et le bien-être: HappyFitness

Pour les filles, le Mouvement HappyFitness propose deux retraites l'hiver prochain, au Costa Rica. Au menu: entraînements, nourriture santé, ateliers de nutrition, détente... le tout dans une grande villa près de la mer.

Prochaine retraite: du 11 au 18 février 2017

1750 $ (tarif early bird jusqu'au 1er octobre) pour 1 semaine, transport aérien non inclus

Photo fournie par le Mouvement HappyFitness

HappyFitness