Lorsqu'une femme ayant un excès de poids consulte le Dr Neal Mahutte, directeur médical du Centre de fertilité de Montréal, elle a bien souvent essayé tous les régimes imaginables au cours de sa vie, souligne-t-il. Et ça a peu ou pas fonctionné.

« Si elle est incapable de perdre du poids, il reste une décision à prendre : on ne fait rien ou on essaie de la traiter ? »La Clinique de fertilité de Montréal, explique le Dr Mahutte, vise à atteindre un « équilibre » entre le désir de l'équipe médicale de minimiser les risques et le respect de l'autonomie de la patiente.

Lorsque Neal Mahutte reçoit une patiente ayant un IMC élevé, il lui explique les risques associés à son poids et les avantages qu'elle aurait à en perdre.

Le Dr Mahutte convient que le poids est un facteur de risque lors d'une grossesse. Cela dit, pour plusieurs patientes, il est « extrêmement difficile » de maigrir, surtout lorsqu'on demande de perdre 10, 20 ou 30 kg. Petit exemple : sur 127 femmes obèses suivies à la Clinique de procréation assistée du CHUM, la moitié avait perdu moins de 5,4 kg (12 lb) après 7 mois et demi.

Neal Mahutte souligne qu'il existe d'autres facteurs de risque qui ne justifient pas pour autant de refuser aux femmes le traitement de FIV. L'âge, dit-il, est un bon exemple. Après 40 ans, les taux de grossesse sont faibles et les risques de travail précoce, de diabète et d'hypertension, accrus.

« Personne ne doute qu'une femme de 42 ans court plus de risques qu'une femme de 22 ans, mais nous la traitons quand même, dit le Dr Mahutte, soulignant qu'il en va de même pour les patientes souffrant de diabète ou de problèmes cardiaques.

Directeur médical de la clinique de fertilité Grace, à Vancouver, le Dr Anthony Cheung estime que « la simple lecture de l'indice de masse corporelle est peut-être trop simpliste pour départager les femmes qui courent un risque de celles qui n'en courent pas ».

« L'IMC est un facteur intéressant qui incite à pousser le dépistage, mais il faut aussi tenir compte des autres facteurs de risque et procéder à une évaluation médicale complète », dit le Dr Cheung.

Selon le National Health and Nutrition Examination Survey, aux États-Unis, environ le tiers des adultes obèses ont une bonne santé métabolique.

LE TEMPS QUI PASSE

Lorsqu'une femme s'évertue à perdre du poids, le temps file et sa fertilité décroît, souligne le Dr Neal Mahutte. Les cliniques de fertilité qui imposent une limite de poids sont d'ailleurs souvent moins exigeantes avec une femme dont la fertilité est en déclin. « Une patiente qui a près de 40 ans et qui a un IMC à 40, ce serait la condamner que de lui dire : revenez nous voir quand vous aurez un IMC à 35 », dit le Dr Jacques Kadoch de la clinique de fertilité du CHUM.