Bien qu'il cause plusieurs symptômes désagréables aux personnes qui en sont atteintes, l'asthme ne doit pas être un frein à l'activité physique. Au contraire, pour maintenir une bonne forme physique, les asthmatiques doivent faire du sport.

VIVRE AVEC LES EFFETS SECONDAIRES

« Le diagnostic a changé ma vie », laisse tomber Mathieu Lavoie, asthmatique âgé de 36 ans et grand sportif. Bien que les symptômes de l'asthme l'affectent beaucoup, pas question pour lui de troquer le vélo contre le canapé.

Cette maladie chronique lui a été diagnostiquée l'automne dernier. Il croyait avoir toujours été fragile des poumons. La toux, le souffle court, une sensation de brûlure dans les bronches l'accaparent pendant et après ses sorties à vélo.

« J'ai besoin de ça [faire du sport] dans la vie, donc je suis capable de vivre avec les effets secondaires. Je ne m'empêche pas de faire des courses parce que je suis asthmatique », explique, en entrevue téléphonique, ce cycliste de route et de montagne et skieur de télémark. Il avait la voix un peu enrouée ce matin-là, effet secondaire de la médication qu'il prend pour soigner son asthme. Ce mois-ci, il sera au Colorado pour une course de six jours à vélo de montagne en altitude.

Tous les asthmatiques peuvent-ils faire du sport ? « Oui, ils doivent en faire comme tout le monde », répond d'emblée le Dr Pierre d'Amours, pneumologue au CHU de Québec. « Notre but comme médecins est que tous les asthmatiques puissent faire de l'exercice, qu'ils aient une belle qualité de vie, et qu'ils ne fassent pas de crise d'asthme à l'effort. Avec les médicaments que l'on a en 2014, on y arrive dans la grande majorité des cas. Autant dans l'asthme que dans la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), on essaie de garder nos patients actifs et cela leur est bénéfique. »

À une autre époque, les asthmatiques étaient cloués au banc et ils devaient éviter de bouger. « Dans les années 60, 70 et 80, on interdisait aux patients de faire du sport et ils avaient souvent congé d'éducation physique », indique le Dr Claude Poirier, pneumologue et responsable du programme de réadaptation pulmonaire du CHUM. Il fait bouger les asthmatiques sévères en gymnase afin de ménager leurs poumons au quotidien.

MÉDICATION

Mathieu Lavoie prend sa pompe de corticostéroïdes (qui empêche l'inflammation des bronches) une fois par jour, mais cela grimpe à quatre fois, le matin et le soir, en période de crise ou lorsqu'il est malade. Si le cycliste a le temps de s'échauffer avant un entraînement, il n'a pas besoin de ses pompes. Mais il prévient toute crise en prenant deux inhalations de Ventolin avant le départ.

« À travers des données statistiques, au Canada, lorsque les patients sortent du bureau de leur médecin, un peu plus de la moitié iront chercher leurs prescriptions, signale le Dr Poirier. Au bout d'un an, environ 25 % d'entre eux les prendront encore. » Il précise que l'enseignement auprès des asthmatiques améliore leur fidélité aux pompes et que celles-ci font une différence dans leur maladie au quotidien.

FACTEURS DÉCLENCHEURS

L'air chaud ou froid, le smog et l'humidité font partie des facteurs qui déclenchent l'asthme chez les personnes qui en sont atteintes. « Il faut connaître nos facteurs déclenchants », signale le Dr d'Amours.

Mathieu Lavoie souffre par temps plus froid. « C'est un des éléments qui m'affecte le plus, dit-il. Mes symptômes sont beaucoup plus intenses et rapides à se manifester. Pour prévenir le tout, je m'échauffe avant d'augmenter l'intensité. Je prends également deux doses de Ventolin de façon préventive 30 minutes avant l'effort. J'essaie aussi de respirer par le nez, ce qui réchauffe un peu l'air avant d'atteindre mes poumons et je porte un foulard pour la même raison. »

Le sport n'améliore pas la capacité pulmonaire des asthmatiques, selon les pneumologues interrogés. Il leur procure toutefois une bien meilleure forme physique. Bien connaître ses symptômes, respecter ses limites par rapport aux facteurs déclencheurs et à son niveau d'inconfort ainsi que prendre sa médication selon la posologie de son médecin sont des gages de meilleure respiration pour les asthmatiques sportifs.

LA PLONGÉE SOUS-MARINE CONTRE-INDIQUÉE

La plongée sous-marine est un sport proscrit pour les asthmatiques. Comme il y a des zones mal ventilées dans les poumons des personnes atteintes de façon sévère, l'air est emprisonné dans ces endroits et circule mal en raison de bronches enflées.

« Le phénomène de plongée sous-marine est celui de compression et de décompression, explique le Dr Pierre d'Amours. Lorsqu'un plongeur remonte, il y a des paliers à respecter et l'échange d'air dans les poumons se fait moins bien à ce moment. Si l'air reste emprisonné, en remontant il prend plus de place, donc le poumon peut éclater ou il peut se produire une embolie gazeuse [l'air se force un chemin dans la circulation sanguine]. »

Comme la plongée est un sport physique, la respiration est plus grande. « L'air contenu dans une bonbonne est sec et c'est une condition défavorable pour les asthmatiques », ajoute le Dr Claude Poirier.

La pompe des athlètes

Les athlètes de haut niveau, par exemple les fondeurs, les patineurs et les nageurs, viennent à développer des symptômes similaires à l'asthme en raison de l'hyperventilation par temps froid ou des vapeurs de chlore à la piscine. « De 40 à 50 % des fondeurs en sont atteints », souligne le Dr Pierre d'Amours, pneumologue au CHU Québec. « L'athlète respire tellement durant son sport que cela crée un assèchement de la muqueuse et une réaction qui ressemble à l'asthme, explique le Dr Claude Poirier, pneumologue au CHUM. On dit qu'ils font des bronchospasmes induits par l'effort. Chez les nageuses synchronisées, la plupart ont ce genre de symptômes. Dès leur retraite, elles n'ont plus besoin de leur pompe. » Ces athlètes doivent obtenir un certificat d'un médecin qui prouve leur asthme (après avoir passé plusieurs tests), car la médication qu'ils doivent prendre se trouve sur la liste des produits dopants bannis par le Comité international olympique.

S'amuser sans s'essoufler

Si la combinaison asthme et activité physique est possible, quelques précautions, conseillées par l'Association pulmonaire du Canada, sont de mise pour s'amuser sans être essoufflé.

1. Toujours avoir avec soi sa pompe de Ventolin.

2. Connaître ses limites et savoir s'arrêter si les symptômes persistent.

3. Utiliser ses médicaments selon la posologie recommandée par son médecin.

4. Faire des exercices d'échauffement avant l'activité physique et des exercices de récupération après.

5. Se protéger contre les déclencheurs d'asthme durant les exercices physiques, par exemple par temps froid ou chaud, ou durant une période de smog ou de pollen. Faire de l'exercice à l'intérieur durant les conditions climatiques défavorables aux asthmatiques.

6. Si les symptômes apparaissent, diminuer ou cesser tout exercice physique et utiliser la médication selon la recommandation du médecin.