Des milliers de Montréalais qui vivent à proximité d'une autoroute, d'une voie ferrée ou de l'aéroport Montréal-Trudeau sont exposés durant la nuit à un niveau de bruit qui dépasse la recommandation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et qui peut perturber le sommeil.

Selon les relevés de 87 sonomètres installés en 2010 dans l'ensemble de l'île par la Direction de la santé publique de Montréal (DSP), le bruit ambiant dépasse les 55 décibels dans 70% des zones échantillonnées, pendant une journée normale d'été (les relevés ont été pris en août).

Durant la nuit, la DSP a noté des dépassements de ce niveau dans 25% des sonomètres, presque tous situés près de l'aéroport, d'une route, d'une grande artère ou d'une gare de triage ferroviaire.

Sur une période de 24 heures, le bruit ambiant mesuré dans divers quartiers de Montréal dépasse la recommandation de l'OMS dans presque deux cas sur trois (65%).

Un niveau de 55 décibels est considéré par l'OMS comme la limite où le bruit interrompt une conversation et devient une «gêne». L'exposition à un bruit de cette intensité, qui équivaut à celui qu'on entendrait en se tenant juste à côté d'une laveuse à linge en fonction, peut perturber le sommeil des résidants.

Dépassements à Dorval

C'est particulièrement vrai à Dorval, aux abords de l'aéroport, où la DSP a installé huit sonomètres, qui ont tous enregistré des valeurs supérieures à 55 décibels, pendant le jour. La nuit, sept des huit stations ont aussi enregistré des dépassements. Après pondération, quatre de ces résultats étaient toujours considérés comme excessifs.

Selon la DSP, pas moins de 480 unités d'habitation dans la ville de Dorval sont ainsi situées dans une «zone de gêne» où la construction de nouvelles résidences devrait être interdite, selon les recommandations de Transports Canada.

«Ces 480 unités d'habitation incluent la grande majorité des 258 unités où les résidants auraient en moyenne un réveil additionnel par nuit», selon la DSP.

Cartographie du bruit

Les résultats de l'étude de la DSP, selon ce qu'a affirmé hier le Dr Richard Massé, directeur de la santé publique de Montréal, tendant à démontrer que le bruit «a un impact important, qui n'est pas neutre, mais peut se comparer à ce qu'on observe ailleurs dans d'autres grandes villes, notamment à Toronto».

Ces relevés suggèrent de plus que «les niveaux de bruit sont élevés, surtout près de l'aéroport et le long des axes routiers importants et des voies ferroviaires». Ils montrent ainsi une influence déterminante des «sources mobiles» de ce bruit ambiant que sont les autos, les camions, les trains et les avions.

La DSP prévoit maintenant approfondir cette enquête en utilisant jusqu'à 200 sonomètres, répartis dans l'île, pour produire une cartographie des niveaux de bruit et établir des corrélations entre le bruit et les problèmes de santé publique identifiés par la DSP.

«La plupart des grandes villes ont des niveaux de bruits importants, et c'est pour cela que la plupart des villes se dotent de mesures de contrôle» pour limiter les impacts sur la population.

Afin de réduire l'impact de ces nuisances sur la santé de la population, le rapport de la DSP recommande que la Ville de Montréal et les autres municipalités de l'île «se dotent d'une politique régionale de lutte au bruit provenant de sources mobiles», et principalement des différents modes de transport.

Le responsable de l'environnement au comité exécutif, Réal Ménard, a expliqué hier que cette politique pourrait notamment se traduire par des règlements de zonage pouvant limiter la construction dans certains secteurs.