Docteure, chaque année, je me réveille un matin de printemps avec les yeux qui piquent, le nez qui coule et cela dure quelques semaines. Qu'est-ce qui m'arrive ?

Vous souffrez probablement d'allergies saisonnières. Et vous n'êtes pas seul ! Environ un Québécois sur quatre souffre d'allergies saisonnières, que ce soit au pollen d'arbres ou d'arbustes, d'avril jusqu'à juin, de graminées, de juin à octobre, ou d'herbe à poux ou de gazon, de juin à septembre.

La classique ? Des yeux qui piquent et qui larmoient, le nez qui coule et des éternuements à répétition. Ces inconforts sont occasionnés par une réaction excessive du système immunitaire. En effet, le système immunitaire des personnes allergiques perçoit le pollen comme un agresseur. Il libère alors de l'histamine, une substance chimique qui provoque une dilatation des vaisseaux (d'où la rougeur), des démangeaisons et des enflures. Votre corps pense qu'il est attaqué par un virus et il veut se défendre, d'où la ressemblance avec les symptômes du rhume !

Éviter le pollen

Il est possible d'éviter ces symptômes, mais ce n'est pas évident. Comme pour tout allergène, la solution parfaite est d'éviter d'y être exposé. Mais puisque le pollen se retrouve dans l'air extérieur, ce n'est pas chose facile. À savoir : le pollen voyage davantage pendant les journées sèches et venteuses. Certains sites météo vous indiquent même les prévisions pollen.

Les jours où sa présence est très forte, il faut éviter d'ouvrir les fenêtres, de sécher son linge et de faire du sport à l'extérieur. Privilégiez les sorties très tôt le matin ou en fin de journée. Bonne nouvelle pour ceux qui souffrent d'allergies au pollen de gazon : vous devez éviter de tondre la pelouse et même de mettre le nez dehors lorsque votre conjoint ou vos enfants le font. Vous apprécierez les jours de pluie, puisque le pollen reste au sol.

Bloquer l'histamine

Heureusement, il y a maintenant des moyens assez simples de contrer les symptômes des allergies saisonnières. Plusieurs de ces traitements sont en vente libre et le pharmacien pourra vous aider à faire un choix judicieux. Les antihistaminiques sont des médicaments qui empêchent l'histamine d'agir en bloquant les endroits où l'histamine se fixe sur les cellules de votre corps.

Auparavant, les seuls antihistaminiques offerts (Benadryl ou Atarax), bien que très efficaces pour diminuer les symptômes de l'allergie, causaient de la somnolence. Il existe maintenant des antihistaminiques qui agissent tout aussi bien sans causer de somnolence (Claritin, Reactine ou Aerius). Prenez un antihistaminique de nouvelle génération le matin. Au besoin, prenez un antihistaminique de première génération au coucher, la somnolence étant moins problématique et la combinaison tout à fait sûre.

Certaines personnes auront également besoin d'utiliser un décongestionnant pour diminuer l'enflure nasale. Ils sont parfois utiles pour une journée ou deux, mais il faut absolument éviter de les utiliser sur une plus longue période. Ils produiront alors l'effet inverse ! Si les symptômes perdurent, des corticostéroïdes nasaux, qui réduisent l'inflammation des muqueuses du nez et, par conséquent, la congestion et l'écoulement nasal, pourront vous être prescrits. Parlez-en à votre médecin de famille.

Finalement, si vous êtes patient et courageux, ou tout simplement exaspéré, sachez que la désensibilisation existe et est très efficace. Si vous n'avez pas de contre-indication, un médecin allergologue vous proposera des injections de substances allergènes en dose croissante afin de reprogrammer votre système immunitaire. Il faut des injections tous les mois pendant quelques années pour contrer l'allergie à l'aide de cette méthode.

Il est très désagréable de vivre avec une boîte de papiers mouchoirs sous la main pendant des semaines. Des solutions existent... n'hésitez pas à les essayer!

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Urgentologue et mère de trois enfants, la Dre Chantal Guimont est professeure au département de médecine familiale et de médecine d'urgence de l'Université Laval et coanimatrice de l'émission Les docteurs à Radio-Canada.