L'étude des caractéristiques physiques des «obèses en santé» a mis en relief qu'en matière de maladies métaboliques, les graisses ne sont pas toutes mises en cause.

Normalement, les surplus de graisse s'emmagasinent dans la graisse sous-cutanée, un réservoir qui agit comme un réel «aspirateur qui capte de façon avide les excédants d'énergie pour les stocker dans les adipocytes», explique le Dr Jean-Pierre Després, directeur de la recherche en cardiologie au Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.

«La graisse sous-cutanée devient un peu comme un réservoir qui protège les organes contre l'accumulation de graisses ectopiques», ajoute-t-il.

Pour sa part, la graisse coupable loge non pas sous la peau, mais entre les viscères et les organes du corps.

«On peut dire sans l'ombre d'un doute que c'est cette graisse-là qui cause préjudice», souligne le Dr Després.

Cette graisse viscérale représente un excès d'énergie que le corps ne sait trop où stocker. Par conséquent, pendant que l'abdomen accumule le gras dit «de bedaine», l'ensemble des organes réunit également son lot de graisse, appelée graisse ectopique.

«On sait que ces deux types de dépôt apparaissent en même temps, dit le Dr Després. Le patient qui a trop de graisses viscérales va avoir des muscles infiltrés de gras, son coeur va baigner dans la graisse et son foie va devenir très gras. Ce qu'on ignore par contre, c'est le rôle respectif de ces graisses. Pour le diabète par exemple, c'est fort probablement la graisse viscérale et le foie qui sont les deux joueurs majeurs.»

La situation touche les obèses comme les gens ayant un indice de masse corporelle (IMC) normal. «Si 30% des obèses sont métaboliquement sains, l'inverse est aussi vrai, indique Paul Boisvert, kinésiologue et coordonnateur de la chaire de recherche sur l'obésité de l'Université Laval. Environ 30% des gens de poids normal ont un profil métabolique détérioré.»

En absence d'une génétique qui favorise l'accumulation de la graisse sous la peau, celle-ci s'accumule notamment autour de la taille. C'est pour cette raison que le Dr Jean-Pierre Després croit qu'il faudrait porter une attention particulière au tour de taille plutôt que de miser uniquement sur le calcul de l'IMC.

«Il ne faut pas mettre l'IMC à la poubelle, explique-t-il. Mais en 2012, il faudrait être un peu plus sophistiqué et voir si le patient a plutôt trop de graisse au mauvais endroit. Le poids est un marqueur des habitudes de vie, mais il n'est pas suffisant pour évaluer le risque.»